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ACTUALITÉS NATIONALES

18 juin 2021

Mise en œuvre du PIAL, un an déjà…

En ce mois de juin, les inspecteurs recrutent de nouveaux coordonnateurs PIAL. De quoi s’agit-il exactement ? 

Le SNE vous propose un retour sur ce nouveau dispositif dont l’existence impacte tous les collègues qui accueillent dans leurs classes un ou plusieurs élèves bénéficiaires de l’aide d’un AESH.

En début d’année scolaire, les directeurs ont été conviés à une présentation du PIAL (pôle inclusif d’accompagnement localisé), un nouveau dispositif, testé depuis peu, qui serait appliqué dans toutes les circonscriptions.

Avant de dresser une première synthèse de ce dispositif, recherchons d’abord la définition exacte du PIAL et son rôle. 

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Le PIAL sur le papier

 

Le PIAL est au cœur de l’école inclusive. C’est une organisation collective de la gestion des besoins d’accompagnement des élèves en situation de handicap dans un territoire défini par l’IA-DASEN.

 

Les trois grands objectifs du PIAL sont :

 

● un accompagnement humain défini au plus près des besoins de chaque élève en situation de handicap afin de développer son autonomie et de lui permettre d’acquérir les connaissances et les compétences du socle commun;

 

● une plus grande flexibilité dans l’organisation de l’accompagnement humain pour les établissements scolaires et les écoles;

 

● une professionnalisation des accompagnants et une amélioration de leurs conditions de travail.

 

Pour l’école primaire deux types de PIAL peuvent être mis en place :

- Le PIAL premier degré

L’IEN-CCPD, pilote du PIAL, organise la répartition des AESH dans les écoles du PIAL. Le coordonnateur, en lien avec les directeurs des écoles du PIAL, l’enseignant référent et les équipes pédagogiques organisent l’emploi du temps des AESH en fonction des besoins des élèves bénéficiant d’une notification d’aide humaine et des nécessités de service. Les emplois du temps des AESH sont transmis au pilote du PIAL premier degré.

- Le PIAL inter-degrés

Le pilote du PIAL inter-degré peut être l’IEN-CCPD ou le chef d’établissement du second degré. Ils nomment le coordonnateur du PIAL en concertation. Cette organisation favorise la prise en compte des besoins éducatifs particuliers dans une continuité des apprentissages. Elle permet par exemple à l’AESH d’intervenir au collège pour un élève qu’il aurait accompagné dans le premier degré.

 

Le PIAL dans la pratique : deux acteurs principaux

 

Le coordonnateur PIAL

 

Il est chargé de coordonner et de moduler les emplois du temps des AESH en fonction des besoins des élèves qui disposent d’une notification d’accompagnement humain. On pourrait penser que cela permet une optimisation du système.

 

Hélas, il faut tenir compte du fait que ce profil de poste est tout nouveau. Lorsque l’on se trouve dans un PIAL inter-degrés, il faut être sûr que le personnel affecté sur le PIAL connaisse le fonctionnement des deux degrés.

 

Le coordonnateur du PIAL peut modifier les emplois du temps des AESH au cours de l’année scolaire, en concertation avec l’équipe pédagogique, lorsque les besoins de l’élève évoluent (sorties scolaires, absence d’un élève, d’un enseignant ou d’un AESH du PIAL, périodes de formation en milieu professionnel, période d’examen…).

Il peut être amené à modifier les emplois du temps des AESH de manière ponctuelle ou durable, en fonction des besoins. Il prend également en compte les évolutions recommandées dans l’accompagnement humain par l’équipe de suivi de scolarisation lorsque les besoins de l’élève le nécessitent.

Ces modifications posent question, surtout quand elles consistent à prendre d’un côté des heures pour des élèves accompagnés par une AESH mutualisée pour compenser une absence auprès d’élèves ayant une AESH individualisée. 

 

Pour notre syndicat comme pour de nombreux collègues, la « solution PIAL » s’est transformée en « problème PIAL » ! C'est-à-dire qu’on a réussi à faire moins bien qu’avant avec davantage de personnels

Lors de travaux dans divers groupes départementaux sur la direction comme lors de réunions au ministère, le SNE a pointé ces désordres et indiqué que des évolutions notables sont attendues sur le terrain. La première consisterait simplement à rappeler que les directrices et directeurs existent. Ils doivent être associés et ne pas découvrir les AESH affectés dans leur école le jour de la rentrée sans aucun document d’affectation, document que beaucoup attendent toujours depuis septembre 2020…

 

 
Le directeur d’école

 

Il est la clé de voûte de ce dispositif. 

 

C’est à lui qu’il incombe d’accueillir l’AESH lors d’un entretien au cours duquel il lui présente ses missions et les modalités de fonctionnement du PIAL, l’école (visite des locaux), le personnel et plus particulièrement l’équipe pédagogique, les enseignants avec lesquels il sera amené à travailler, les autres AESH affectés dans le PIAL, les élèves en situation de handicap à accompagner. Enfin, lorsqu’il existe, il remet le livret d’accueil des AESH .

 

Le jour de la pré-rentrée, il réalise l’accueil des AESH, il opère l’ajustement des emplois du temps des élèves en situation de handicap et des AESH, le cas échéant il participe aux entretiens individuels entre l’enseignant et l’AESH. 

Le directeur assure les ESS toute l’année. En  avril, il analyse, en lien avec l’enseignant référent, les effectifs et les besoins des élèves en situation de handicap de l’école. Il compile les évolutions annuelles (arrivées et départs d’élèves, nouvelles demandes ou notifications d’aide humaine) puis il effectue une remontée des besoins pour la rentrée suivante.

C’est aussi au directeur que revient la lourde tâche de mener les entretiens professionnels des AESH, entretiens à fort enjeu puisqu’ils déterminent si le contrat de l’AESH est pérennisé ou non, voire transformé en CDI. 

 

Le SNE voit, dans le domaine de l’inclusion comme dans bien d’autres, les marqueurs d’une professionnalisation de la fonction de directeur d’école. Une situation de fait qu’il serait de bon ton de voir enfin concrétisée en termes de carrière et de conditions d’exercice.

 

Les bénéfices du PIAL en 4 questions

 

Les enseignants ont-ils trouvé que l’accompagnement de leur élève en situation de handicap a été plus efficace cette année car les absences étaient mieux gérées ? 

Avoir des personnes qui se succèdent à un poste laisse suggérer que les enseignants utilisent un outil de suivi de leurs élèves en situation de handicap… Est-ce le cas ? 

Les enseignants et  les directeurs ont-ils vraiment le temps et les moyens pour assurer une bonne continuité pédagogique des élèves relevant du handicap ? 

Un des objectifs du PIAL était aussi de renforcer l'appartenance des AESH à la communauté éducative, mais si on change régulièrement d’acteurs, n’est-on pas tout simplement à l’opposé de cet objectif ?

 

Le SNE travaille sur toutes les problématiques liées à l’inclusion. Notre syndicat sera soucieux de demander des réajustements en termes de pratiques, de communication, de formation, de disponibilité et de reconnaissance de la charge de travail particulière que nécessite d’assurer l’efficience de l’inclusion dans nos écoles.

Ce sont des chantiers d’importance qui devront être conduits à leur terme, faute de quoi les PIALS ne pourront que manquer d’accomplir leur raison d’être.

Il existe un outil peut-être méconnu, encore une fois, le guide Qualinclus, (guide d’auto-évaluation pour une école inclusive). Il s’agit d’un document très riche qui s’inscrit dans une démarche réflexive sur l’inclusion. Il a pour défaut de nécessiter un investissement que l’administration ne reconnaît pas (encore ?) aux collègues.
 

 

Le PIAL, une piste de revalorisation à explorer

Le suivi individualisé des élèves, et plus encore celui des élèves à besoins éducatifs particuliers, nécessite un investissement en temps spécifique. Cet investissement doit être pris en compte et donc rémunéré de façon dissociée. La rédaction de PPRE, PPS, PAP, l’élaboration de dossiers pour la MDPH, la tenue d’équipes éducatives se passent hors temps scolaire.

Travailler avec un élève qui bénéficie d’une AESH n’est pas anodin. Cela peut induire un temps de préparation beaucoup plus long et nécessite pour le moins des rencontres pour des échanges avec l’AESH. A l'heure actuelle, ce travail supplémentaire n'est pas reconnu. Il s’agit là d’une constante particulièrement regrettable dans l’exercice de notre profession. A l’heure de la revalorisation de notre métier, il y a bien là une nouvelle piste à explorer.

C'est pourquoi le SNE a, parmi d'autres propositions, demandé la mise en place d'une indemnité particulière pour les enseignants qui ont en charge un ou plusieurs élèves porteurs de handicap. Le montant de cette indemnité pourrait varier en fonction du nombre d’élèves dont l’enseignant a la charge et ou du type de difficulté à gérer, par exemple, selon l’échelle de l’indemnité pour autres missions d’intérêt pédagogique et éducatif qui existe pour le second degré (de 300 à 3700 € annuels).

Stéphanie Paris

Membre du bureau national du SNE

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