ACTUALITÉS NATIONALES
14 novembre 2022
L'inclusion oui, mais pas à tout prix
Aujourd’hui, le critère retenu par l'administration pour juger l'inclusion comme "réussie", est l'absence de vague. Or, avec une coupable (in)conscience professionnelle, nous nous obstinons à subir avec abnégation et en toute discrétion la charge de l'accueil d'un enfant "différent".
Alors, comme nous sommes censés "inclure" jusqu'aux cas les plus délirants, nous sommes réputés assurer avec aisance, l'accueil des enfants autrefois soignés en IME ou en ITEP. Du coup, enseigner à un élève qui a 3 ou 4 ans de retard sur les compétences habituelles devient la norme.
Les enseignants sont ainsi dévorés par une différenciation à outrance qui ne laisse plus qu’une place accessoire au plus grand nombre.
Il faut donc confier les cas relevant de l’enseignement spécialisé aux spécialistes et ceux relevant de la médecine à la médecine. Les enseignants pourraient ainsi retrouver le cœur de leur métier et le temps de s’occuper correctement tant des élèves en situation de handicap que de tous les autres.
Le SNE revendique l’élargissement du cadre actuel de l’inclusion réussie pour prendre en considération à la fois le bien-être au travail et la réussite de tous les acteurs de l’inclusion : l’élève concerné, ses camarades de classe, l’enseignant et un éventuel AESH.
La définition d'une inclusion réussie deviendrait ainsi "une inclusion réalisée au bénéfice du particulier sans préjudice du collectif".
Le SNE milite pour que les AESH, avant d’être affectés à tel ou tel élève, reçoivent une formation solide et précise sur les difficultés des élèves qu’ils auront à épauler. Il tombe aussi sous le sens qu’un AESH ne devrait pas être «attribué» à un d’élève portant un handicap pour lequel il n’a pas été formé.
Il faudrait ensuite qu’un AESH soit présent sur tout le temps où son aide s’avère nécessaire, tant pour l’élève que pour l’enseignant de la classe, car cette aide bénéficiera aussi de facto à tous les autres élèves de la classe.
Un accompagnement de qualité doit être proposé, dans des conditions matérielles dignes et suffisantes.
Cela impose d’abord de réaliser, en amont d’une inclusion, des actions de formations ciblées des AESH et des enseignants. Cela impose ensuite de fournir du matériel (bureau supplémentaire, place, ordinateur portable si nécessaire...). Cela impose enfin de reconnaître les limites du travail qu’une seule personne est apte à mener.
Ce que le SNE revendique pour les AESH :
• Création d'un statut de la fonction publique pour les AESH (stabilité, protection et professionnalisation).
• Possibilité pour les AESH de travailler véritablement à temps plein afin de pouvoir réellement vivre de leur métier.
• Augmentation de leur grille indiciaire (alignement sur la grille de catégorie B).
• Accès à de véritables formations qualifiantes adaptées aux élèves suivis.
• Création d'un pôle de remplaçants pour pallier les absences des AESH (maladie, garde d'enfant malade, …) +.
• Recrutement suffisant d'AESH pour couvrir les besoins avec possibilité d'ajuster les recrutements en cours d'année scolaire.
• Prise en charge des frais de déplacement pour les AESH travaillant sur plusieurs écoles.