ACTUALITÉS NATIONALES
2 mai 2023
A l’Éducation nationale, tout baisse
Le mot revalorisation circule avec insistance depuis près de 4 ans dans l’Éducation nationale, et la perspective d’une revalorisation s’apparente à l’arlésienne. Entre déclarations, négociations, tergiversations, rétropédalages, les enseignants restent sur leur faim.
Après 30 années consécutives de perte de pouvoir d’achat, 2023 marquera un nouveau recul pour l’immense majorité des collègues. Ce n’est pas le pacte, impossible à mettre matériellement en place dans le 1er degré, qui changera quoi que ce soit à cette situation. Une fois de plus, le 1er degré se retrouve le plus maltraité...
Année après année, le bateau Éducation nationale prend des airs de radeau de la Méduse. Professionnels et candidats ne s’y trompent pas. Les premiers sont de plus en plus nombreux à déprimer, jusqu’à finir par tout tenter pour abandonner des fonctions qu’ils ne supportent plus. Les seconds se méfient et sont de moins en moins tentés par le CRPE. Et quand ils s’y inscrivent, ils sont de moins en moins à tenter de franchir le Rubicon. Pendant ce temps-là, le ministère ferme les postes existants…
Moins de postes dans le premier degré à la rentrée 2023
M. Ndiaye l’a dit : «La baisse des effectifs [d’élèves] nous oblige à ajuster la carte scolaire.» Ce qui signifie que le nombre de postes d’enseignants va diminuer en septembre 2023 (moins 667 pour être précis). Le ministre a aussi précisé que «la diminution du nombre d’élèves est telle que le nombre d’élèves par classe va statistiquement diminuer.»
Pour le SNE, la priorité au primaire n'a donc pas fait long feu. Plutôt que d’améliorer les conditions de travail des enseignants en conservant des moyens constants, le ministère choisit la rentabilité. 667 enseignants en moins, cela peut paraître peu sur la France, mais c’est un énorme vivier potentiel de remplaçants qui s’évanouit. Ce sont des possibilités d’accorder des temps partiels qui disparaissent. Une fois encore, la logique comptable l’emporte sur la logique humaine. Pour le SNE, il est urgent que l’Éducation nationale regarde en face les conditions de travail qu’elle impose aux enseignants et qu’elle réagisse en conséquence.
Notre syndicat déplore qu’à l’heure où l’on veut nous imposer de travailler plus longtemps, nos conditions de travail continuent de se dégrader. Et ce n’est pas en diminuant à la marge la moyenne du nombre d’élèves par classe de primaire que la France passera de 22 élèves par classe - chiffre qui fait rêver plus d’un PE-, aux 19,3 de l’Union européenne (Chiffres de le DEPP).
De moins en moins de nouveaux enseignants
Cette année, plus encore que l’année dernière, notre profession n’attire plus. C’est un triste constat qui se renouvelle. De 250 000 candidats au CRPE il y a cinq ans, seuls 100 000 se sont inscrits cette année. Pire encore, plus d’un tiers des candidats inscrits ne se présente pas aux épreuves. S’agit-il d’un simple manque d’attractivité, comme le laisse penser notre ministère ?
Pour le SNE, c’est une crise profonde qui secoue jusqu’aux fondements de notre profession et de notre société. En effet, sans enseignant de qualité, que deviendront les citoyens de demain ? Quel parent accepterait que l’enseignant de son enfant ne maîtrise pas ce qu’il est supposé enseigner ? C’est pourtant ce que déplore la cour des comptes dans son dernier rapport sur le recrutement des enseignants.
Baisse régulière du niveau des élèves
Chaque enquête internationale confirme le déclin amorcé depuis le début des années 2000.
40 % des élèves en fin de primaire ne possèdent pas les connaissances fondamentales en lecture et en maths qui leur permettraient de suivre une scolarité au collège dans les bonnes conditions (France stratégie, «quelles priorités éducatives ?»).
La seule solution apportée par le ministre est de modifier la carte scolaire afin de favoriser davantage de mixité sociale, comme si cette mixité était l’alpha et l’oméga de la réussite scolaire. Les enseignants savent bien que non, et que l’hétérogénéité excessive des élèves d’une classe complexifie les apprentissages des élèves les plus en difficulté, tout en ne permettant pas aux meilleurs de progresser comme ils le pourraient. Nos dirigeants successifs oublient que la mission de l’Ecole est de faire progresser tous les élèves : or, la méthode utilisée depuis plusieurs décennies amène au résultat contraire…
Il y a un moment où il faut savoir faire le bilan et agir en conséquence : le pilotage par les résultats doit conduire à une révolution copernicienne de notre institution. Notre ministère doit prendre la mesure des enjeux : la formation des jeunes, leur développement harmonieux dans le respect des lois de la République, leur épanouissement dans un monde exigeant et rapide.
Il leur faut pour cela des enseignants valorisés, considérés, respectés.
Il y a du boulot. On commence quand ?