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ACTUALITÉS NATIONALES

18 octobre 2023

Le SNE reçu à l’Elysée

Une délégation du SNE a été reçue à l’Elysée le jeudi 12 octobre. Notre syndicat y a porté sa philosophie et sa vision de l’école, mais aussi la nécessité d’une reconnaissance spécifique du premier degré.

Une crise dans le premier degré reconnue jusqu’à l’UNESCO

Le SNE s’est d’abord appliqué à pointer du doigt les errements qui font que l’exercice dans le premier degré n’attire plus.

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Les données que l'UNESCO a communiquées lors de la journée mondiale des enseignants montrent qu’il existe une incapacité à recruter des jeunes et une nette augmentation du taux d'abandon en cours de carrière.

Les situations varient considérablement d'un pays à l'autre, mais on peut néanmoins constater trois facteurs principaux à l’origine de cette crise, notamment dans le premier degré : les mauvaises conditions de travail, le haut niveau de stress et la faible rémunération.

Ces pistes sont toutes à travailler pour améliorer la situation des enseignants dans le premier degré et rendre sa juste place à notre profession.

 

Nous avons exposé les motifs qui nous semblent être à l’origine des problèmes actuels à l’école.

Le SNE déplore le fait d’avoir placé l’élève au centre du système aux dépens du savoir (loi d’orientation de 1989). Selon nous, ce choix a conduit en grande partie aux difficultés de l’école d’aujourd’hui : l’injonction de différenciation pour chacun a fragilisé l’école, et au premier chef, les enseignants, auxquels on a demandé une révolution dans leur manière d’enseigner. Cela a eu pour effet de fragiliser le contenu des apprentissages, qui sont passés au second plan. A trop devoir rattraper le wagon des élèves à besoins particuliers ou en difficulté, c’est le train tout entier qui s’en est trouvé ralenti. L’inclusion systématique et irréfléchie a accentué ce processus.

En demandant à ses agents des objectifs inatteignables, comme 100% de réussite pour le socle, l’Éducation nationale a également engendré chez eux du stress, du découragement, et une perte de sens du métier.

Placer l’élève au centre a fragilisé « le professeur », qui  est devenu une cible facile pour des parents indignés que l’on ne prenne pas suffisamment soin de leur progéniture. Les enseignants sont devenus les fusibles d’une société en déconstruction, où certaines valeurs ne sont plus transmises.

Ce choix politique, de façon insidieuse, a favorisé, chez nos élèves l’individualisme, le manque d’ouverture aux autres et le manque de tolérance, avec les effets que l’on constate aujourd’hui, tel le harcèlement.

Notre syndicat a réaffirmé que l’école éduque en instruisant, et non pas l’inverse. Le savoir doit être le cœur du métier.

 

Le SNE interroge aussi le travail en équipe comme modèle exclusif de relations professionnelles. Aujourd’hui les enseignants passent beaucoup de leur temps hors classe en réunions et les résultats globaux des élèves n’en sont pas meilleurs pour autant.

Pour notre syndicat, il est indispensable de repenser la manière de travailler dans les écoles pour rendre du temps aux collègues. Les enseignants sont des personnels qualifiés, responsables et capables de travailler en autonomie. Les laisser travailler à leur manière, sans excès de dirigisme rendrait l’exercice de la profession plus agréable.

Quant à la multiplicité sans cesse croissante des formalités administratives, il est plus que temps de réaliser qu’elle étouffe les volontés de faire et qu’au final, ce sont les élèves qui en pâtissent.

La façon d’évaluer le travail des agents est également contestable : nous avons rappelé que lors des entretiens de carrière, seuls 3 items sur 11 évaluent véritablement le cœur de métier. Beaucoup d’enseignants se sentent floués par l’appréciation qui est portée, à juste titre puisque les items sont trop externes à leur vécu de classe.

 

 

Reconnaître les spécificités et les qualités du premier degré

En Europe seuls 3 pays sur 10 (contre 1 sur 2 dans le monde) rémunèrent les enseignants du primaire autant ou plus que les autres professions exigeant des qualifications similaires. En France, les professeurs des écoles font partie des personnels qui sont moins bien rémunérés que dans le  privé. Pire, alors qu’ils partagent leur grille indiciaire avec les professeurs certifiés, ils sont aussi nettement moins bien rémunérés puisqu’ils ne bénéficient de quasiment aucun régime indemnitaire.

 

La France a bougé dans le bon sens. Mais très timidement. Les montants de l’ISAE et de l’ISOE ont été alignés. Mais il manque à notre ISAE la part variable de l’ISOE. La rémunération du pacte est la même dans les deux niveaux. L’évolution dans la carrière est similaire jusqu’à la hors classe.

Dans le même ordre d’idée, le SNE a souligné l’intérêt de la proposition de loi de la députée Perrine Goulet sur la limitation du nombre d’élèves par classe dans le primaire, limitation qui tiendrait compte des classes multi-niveaux.

 

Le SNE a néanmoins rappelé la nécessité que l’écart de rémunération inter degré disparaisse. Cela représente 200 000 euros sur une carrière tout de même… Pour cela, nous avons réclamé la création d’une indemnité de vie scolaire qui reconnaîtrait les temps d’accueil, de surveillance des récréations et qui compenserait l’absence de temps de pause par demi-journée.

Notre syndicat a aussi réclamé que le montant de l’ISAE soit augmenté afin d’arriver au niveau total de l’ISOE puisque cette dernière comprend une part variable que ne connaît pas l’ISAE. Les enseignants du premier degré effectuent le suivi de chaque élève, orientent et conseillent, d’autant plus qu’ils ont des élèves relevant de l’école inclusive ou à besoins éducatifs particuliers. Ce travail invisible mérite d’être reconnu à sa juste valeur.

 

Le SNE a conclu en précisant que l’argent n’est pas l’alpha et l’oméga de la profession d’enseignant. Mais, que pour attirer les meilleurs et les conserver, il est indispensable d’offrir aux enseignants du premier degré un niveau de rémunération décent eut égard à leurs qualifications et aux tâches qu’ils effectuent, tout en leur assurant des conditions de travail pour le moins supportables, un déroulement de carrière fluide dans l’Éducation nationale et la possibilité d’en sortir le cas échéant.

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