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ACTUALITÉS NATIONALES

17 janvier 2024

Avoir un enseignant formé devant chaque classe risque-t-il de devenir une gageure ?

Crise du recrutement, hausse des départs volontaires, les révélateurs du mal-être de toute une profession sont bien là. Le problème est complexe.  Les  solutions mises en œuvre actuellement par les gouvernements successifs ne semblent pas être les bonnes.

 

Le SNE, comme à son habitude, propose des pistes afin d’enrayer la dévalorisation du métier d’enseignant du 1er degré.

 

 

Le recrutement
recrutement en crise.001.png

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Le MEN ayant publié les résultats des différents CRPE, voici le récapitulatif du concours externe public pour chaque académie :

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CRPE 2023 résultats.jpg

 

On peut noter que quatre académies (Créteil, Versailles, Mayotte et la Guyane) n’arrivent toujours pas à recruter assez d’enseignants pour pourvoir à leurs besoins. Créteil et Versailles sont les académies les plus peuplées de France. L’ampleur de leurs besoins d’enseignants conjuguée au déficit qu’elles accusent fait que leur situation impacte significativement toute notre profession.

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En ce qui concerne les autres académies, dans lesquelles le pourcentage de candidats admis est supérieur à 100%, il faut savoir que des candidats abandonnent le bénéfice du concours pour diverses raisons (poste trop éloigné du domicile notamment).

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Il est par ailleurs étonnant de constater que seuls 40% des inscrits se présentent réellement au concours : changement de cap, autre perspective, renoncement, manque d’attractivité ? Il serait intéressant de connaître réellement les motifs de cette désaffection relativement récente. Ce qui est certain, c’est que ces collègues potentiels qui jettent l'éponge avant même d’avoir commencé hurlent le manque d’attractivité actuel de notre profession.

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Si l’on regarde ces résultats de manière globale, à l’échelle de tout le territoire, on s’aperçoit que le recrutement total comble les exigences, mais se révèle au final insuffisant, compte-tenu des enseignants qui démissionnent en cours d’année.

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Pour le SNE, il y a là une question relative au mouvement des enseignants du premier degré. Si instituteurs et professeurs des écoles pouvaient changer plus facilement de département, voire d’académie, il serait peut-être plus entendable de postuler sur un secteur réputé compliqué, comme Créteil par exemple, en se disant qu’après quelques années, on pourrait rejoindre une autre académie. La perspective de se retrouver bloqué des années dans un département n’a rien d’engageant, surtout si l’on réalise que, selon son classement au concours, on peut se retrouver affecté dans le département que l’on a choisi en dernier…

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C’est pourquoi notre syndicat réclame une meilleure mobilité géographique. Elle offrirait une possibilité de changement d’horizon salvatrice pour le déroulement de la carrière et pour l’attractivité de la profession.

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Concernant les deux épreuves de concours, vous trouverez ci-dessous un tableau avec les seuils d’admissibilité et d’admission :

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CRPE 2023 seuils.jpg

 

La plupart des académies recrutent à partir de résultats au-dessus de la moyenne, mais les disparités sont importantes. Nous notons aussi que quelques académies recrutent en-dessous de la moyenne. Celle de Créteil remporte la plus mauvaise note, avec un niveau d’exigence très bas, ce qui est plutôt inquiétant puisque ces candidats seront devant des élèves dans les mois qui suivent l’obtention de ces notes et ce pour une quarantaine d’années …

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Nous sommes bien conscients que notre métier fait couler beaucoup d’encre… On nous ovationne ou l’on nous critique, au gré des saisons et de l’actualité. Le constat reste cependant le même : notre métier va mal, et les différents résultats le prouvent.

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Notre précédent ministre de l’Education avait laissé entendre dernièrement qu’il souhaitait réorganiser notre formation afin d’endiguer la pénurie d’enseignants. Pour ce faire, il avait souhaité «pré-recruter au niveau du bac» ceux qui ont la vocation de devenir enseignant, et le concours devait être placé à bac+3, suivi de deux années d’entrée progressive dans le métier. Le projet aurait dû être dévoilé au début de l’année 2024, pour une entrée en vigueur en 2025.

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Pour le SNE, ce changement est une piste, mais elle dissimule des écueils qui n’ont rien d’anecdotique. Il en va par exemple ainsi de la question de la prise en compte de ces années lors du calcul du nombre d’annuités de travail au moment du départ à la retraite. Pour le SNE, ces années travaillées et rémunérées doivent entrer en ligne de compte lors du départ à la retraite.

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Notre syndicat estime que, même avec les changements envisagés,  la question de l’attractivité demeurera entière. Un collègue qui entrera dans la carrière par quelques années de formation en alternance sera peut-être plus à même de gérer le choc que représente l’entrée complète dans le métier. Mais cela ne suffira probablement pas à endiguer tous les désirs de démission chez les nouveaux entrants. Lors de leur prise de fonctions à temps plein, leur rémunération n’augmentera pas autant que leur charge de travail. C’est pourtant là, la première source d’insatisfaction relevée par le baromètre du bien-être des enseignants.

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La réalité gentillette ou idéalisée des INSPÉ vole vite en éclats face aux exigences du terrain où contraintes administratives, exigences institutionnelles et nécessités de l’école inclusive se font rapidement jour. Voilà pourquoi le SNE plaide pour plus d’autonomie de gestion des écoles au quotidien, pour moins de dossiers à remplir, pour une diminution de la réunionite et pour une inclusion raisonnée, c'est-à-dire avec la mise à disposition effective des moyens adaptés aux besoins de chaque élève à inclure. Et pour que tout cela soit cohérent, le niveau de rémunération des enseignants doit être encore revalorisé. Pour ceux du 1er degré, la première étape est d’atteindre celui de leurs collègues du secondaire. C’est une de nos revendications majeures, qui va de soi lorsque l’on sait que l’écart se mesure encore en centaines d’euros par mois...

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