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ACTUALITÉS NATIONALES

11 avril 2024

Audition au Sénat

de Mme la Ministre de l’Éducation nationale

Le mercredi 3 avril 2024, Mme Nicole BELLOUBET, ministre de l’Éducation nationale, était auditionnée au Sénat. Son discours s’articulait autour de quatre points. En gardant la trame de son discours d’introduction, le SNE vous propose une synthèse de ses déclarations concernant le premier degré.

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Redonner son rôle d’ascenseur social à l’école

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Pour cela, la ministre de l’Éducation nationale entend renforcer la maîtrise des savoirs fondamentaux, en déployant notamment les mesures du «choc des savoirs». Les mesures détaillées concernent principalement la mise en place des groupes de niveaux (ou de besoins) dans l’enseignement secondaire. Afin de permettre cette mise en place, la ministre entend encourager le détachement de PE vers le collège (pour enseigner en mathématiques et en Français) et autoriser en corollaire l’utilisation des listes complémentaires du CRPE dans les départements où ces détachements entraîneraient un manque de personnels du premier degré. La ministre évoque également l’idée de faire appel au personnel récemment retraité.

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La problématique du remplacement a également été abordée. Des statistiques encourageantes ont été présentées par la ministre. Ces dernières masquent pourtant le problème du remplacement dans le premier degré, où il n’est pas possible de faire appel au Pacte enseignant pour pallier au manque de remplaçants.

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Pour la ministre, c’est à l’école primaire que tout se joue. Les efforts doivent donc se concentrer sur le premier degré (tant pour les choix politiques que budgétaires).

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La labellisation des manuels servira à évaluer la qualité des supports et leur conformité aux programmes. Les enseignants auront d’ailleurs le choix entre plusieurs manuels labellisés. Il ne sera pas obligatoire d’utiliser des manuels labellisés.

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Accompagner au mieux les enseignants

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La ministre souhaite donner de meilleures conditions de travail aux enseignants dont elle dit connaître le travail remarquable et important. Elle admet qu’il y a une désaffection de la profession. Les concours de recrutement ne permettent actuellement plus de pourvoir les besoins en postes, malgré les mesures importantes de revalorisation des débuts de carrière. Cet effort n’est pas suffisant pour les enseignants mais les difficultés budgétaires actuelles ne permettent pas d’aller au-delà pour le moment.

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Ces mêmes nécessités budgétaires et la désaffection des concours nécessitent aujourd’hui de faire appel à des contractuels qu’il convient de fidéliser (mais pas de titulariser). Il n’y a pas de volonté de faire appel massivement à ces personnels contractuels, au détriment des titulaires.

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Mme BELLOUBET souhaite également souligner les efforts consentis pour les AESH (recrutement supplémentaire et amélioration du statut). Leur rémunération sur le temps méridien sera prise en charge par l’État.

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Des efforts budgétaires importants sont attendus, il n’est cependant pas question de toucher aux emplois dans l’Éducation nationale (ni aux emplois d’AESH dont le rôle doit être consolidé, ni aux postes d’enseignants, ni à la médecine scolaire qui peine à recruter). Des arbitrages sont en cours mais il n’est pas exclu qu’une partie des économies se fasse sur les services civiques (comprenez … il y en aura moins).

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Il y a nécessité de refondre la formation initiale. La volonté de passer le concours de recrutement plus tôt, afin de mieux se préparer au métier d’enseignant est affirmée, tout en sortant de la formation initiale avec un master (au bout de 5 années). La formation continue, doit permettre aux enseignants de continuer à progresser. Elle doit également être améliorée.

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La sécurité doit également être assurée dans les écoles. Quelles que soient les attaques, les réponses doivent être pédagogiques, de sécurité publique et juridiques. Une réunion avec l’ensemble des recteurs, des procureurs généraux et des préfets a eu lieu le 4 avril 2024, pour évoquer la sécurisation des établissements scolaires.

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Le respect de la laïcité n’est pas négociable et une réponse de l’Institution sera apportée à chaque fois que ce principe sera bafoué. Le « pas de vagues » ne doit plus exister dans les établissements scolaires.

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La ministre entend laisser du temps aux équipes pour s’approprier le «choc des savoirs» : «on ne peut pas, tous les deux ans, proposer une nouvelle réforme à nos équipes éducatives qui, à force s’épuisent dans la mise en place de ces réformes».

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Agir en faveur de la mixité sociale, en assumant les différences qui existent entre élèves et entre les territoires

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Il y a une volonté d’améliorer l’accès de l’école pour tous, en refusant la ségrégation scolaire (+63% du nombre d’AESH depuis 2017). Les enseignants peuvent être en difficulté face à des élèves perturbateurs ou en situation de handicap. Il y a une nécessité de mieux accompagner les collègues dans la gestion de ces situations, afin de trouver une réponse adaptée. Des réflexions sont à l’œuvre pour cela (expérimentation du réseau Prévention, Aide, Suivi, travail avec le monde de la santé et les différents partenaires, équipes de «force scolaire» pouvant se déplacer lorsque les Equipes Mobiles de Sécurité sont toutes mobilisées).

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Les principes qui régissent la carte scolaire devront être refondus, en concertation avec les élus locaux, pour mieux anticiper les situations qui peuvent être très mal vécues sur les territoires. Il n’est cependant pas question de mettre en place un moratoire pour les trois années à venir.

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La ministre a la volonté de donner accès à la culture à tous les élèves, même en milieu rural ou modeste.

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En SEGPA, deux heures supplémentaires seront données pour du soutien (27h).

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Accompagner la mise en place de l’école du futur

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Mise en place d’une réflexion sur le bâti scolaire dans le souci d’améliorer le bien-être des élèves et des enseignants.

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Nécessité de réfléchir à l’évaluation des élèves et ce qui en est fait. Les évaluations doivent être un appui pédagogique et non une banque de données pour classer.

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Il faut laisser de la place aux initiatives pédagogiques locales, dans l’intérêt des élèves.

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Concernant la semaine de 4 jours ou de 4,5 jours, la ministre reconnaît qu’il n’y a en effet pas eu d’évaluation à ce jour. Une telle évaluation serait nécessaire avant de faire bouger les choses dans un sens ou dans l’autre.

 

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L’avis du SNE

 

Notre syndicat a accueilli favorablement plusieurs déclarations de la ministre. Parmi celles-ci, la nécessité de maîtriser les savoirs fondamentaux que nous défendons depuis toujours. Pour ce faire, nous sommes heureux de voir confirmée la possibilité offerte aux collègues désireux de changement, d’être détachés dans le second degré.

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Nous nous réjouissons également d’entendre la ministre reconnaître que c’est au primaire que tout se joue. Reste maintenant à concrétiser les paroles par des actes pour l’ensemble de la profession. Des fonds pour financer la rémunération des futurs collègues en M1 et M2 semblent bien pouvoir être levés … Des choix sont faits. Blâmer la profondeur du porte-monnaie nous semble un peu facile pour justifier l’immobilisme salarial.

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Sur le plan de la sécurité dans les établissements, là aussi, les intentions nous semblent bonnes mais il faudra que les mots se transforment en concret. Le SNE rappelle la difficulté de mettre en place de telles mesures dans les écoles qui n’ont pas un personnel extensible et des moyens qui dépendent du bon vouloir des collectivités locales. Le chantier promet d’être ardu dans le premier degré.

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Concernant la prise en charge du temps de travail méridien des AESH et la prise en charge du temps méridien, notre syndicat s’en réjouit, avec les deux précautions suivantes :

  • Que cela se fasse sur la base du volontariat des personnels,

  • Que cela ne soit pas déduit du temps d’accompagnement scolaire de l’élève.

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Pour notre syndicat, il s’agit d’une première avancée qui en appelle d’autres pour que ces personnels se voient proposer une situation qui leur permette de vivre de leur travail.

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Enfin, le SNE accueille favorablement les annonces de la ministre concernant les manuels labellisés et les trop nombreuses réformes. Les enseignants resteront libres des choix de leurs supports et c’est heureux. Le SNE le dit depuis longtemps, il faut laisser le temps aux équipes de s’approprier les programmes. Les changements incessants ne font qu’insécuriser les enseignants. Elle n’est pas la première à tenir un discours de ce genre. Nous verrons à l’usage s’il se concrétise dans les faits. La liberté pédagogique, elle aussi, est préservée mais résistera-t-elle aux pressions des parents qui demanderont pourquoi les manuels labellisés ne sont pas utilisés ?

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Notre syndicat restera particulièrement vigilant sur plusieurs points parmi lesquels :

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  • Le remplacement : dans les déclarations de la ministre, rien n’a été dit concernant le remplacement dans le premier degré. Ce problème est pourtant bel et bien présent et empoisonne le quotidien de nombreuses écoles, tant il peut y avoir pénurie de moyens.

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  • La rémunération des enseignants : madame la ministre s’est contentée de parler de la revalorisation en début de carrière, oubliant ainsi la plus grande partie des collègues et plus particulièrement ceux qui sont en milieu de carrière, pour lesquels la revalorisation a été pratiquement inexistante. Le recours aux contractuels est justifié par des difficultés conjoncturelles de recrutement. N’empêche que ces personnels coûtent moins cher que les titulaires, sont plus faciles à abandonner et permettent de placer des adultes face aux élèves. Le SNE n’oublie pas que l’UNESCO a rappelé que la paupérisation des enseignants va de pair avec la diminution du niveau de réussite des élèves.

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  • Le respect de la laïcité et des valeurs de la République : savoir que l’État est derrière chaque enseignant permettra de se poser plus facilement en défenseur de la laïcité et des valeurs de la République. Mais la réponse immédiate et ferme aux soucis pratiques est aussi nécessaire. Les IEN doivent faire front avec les équipes, sans cela, ces belles déclarations resteront des mots dans le vent.

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  • L’inclusion : c'est aujourd’hui un souci majeur dans nos écoles. Il est indispensable de s’attaquer à cette problématique à bras-le-corps afin de permettre aux enseignants, aux AESH et à tous les élèves de retrouver la sérénité qui a été pour le moins battue en brèche. Notre syndicat a eu maintes fois l’occasion de le dire, une inclusion ne peut être réussie qu’avec des moyens appropriés. Un accompagnement de qualité est un prérequis indispensable mais cela ne saurait être suffisant pour que chacun (enfant inclus, enseignant et autres élèves de la classe) en tire profit. Le SNE est pour le développement et la création des instituts spécialisés (IME, IEM, ITEP, …) et le développement des suivis en hôpital de jour.

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  • La réforme de la formation initiale : le SNE accueille cette idée avec intérêt, si la finalité est de permettre d’acquérir de meilleures compétences professionnelles. En effet, permettre aux futurs enseignants d’être accompagnés durant deux années couronnées par un MASTER, après un concours passé en fin de L3, pourrait être facilitant pour les jeunes collègues débutants, tout en permettant une forme de compagnonnage par des collègues expérimentés, désireux de faire partager leur savoir-faire pour ne plus assumer un temps plein en classe.

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  • La semaine à 4 jours : pour notre syndicat, toute remise en cause de la possibilité de travailler sur une semaine à 4 jours est exclue, comme nous l’avons d’ailleurs récemment écrit au Premier ministre. Au contraire, nous souhaiterions que la semaine des 4 jours devienne à nouveau le cadre national (avec possibilité de 4,5 jours en dérogation pour les équipes qui le souhaitent).

 

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