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ACTUALITÉS NATIONALES

6 novembre 2018

Sondage SNE "évaluations CP/CE1" :

les enseignants veulent les moyens de bien travailler

Plus d'un millier de réponses donnent au sondage du SNE une vraie valeur pour en tirer des conclusions.

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Notre sondage portait sur trois dimensions :

 

  • le bien-fondé de ces évaluations et l'implication des enseignants ;

  • le contenu et les modalités de passation ;

  • la saisie des résultats.

 
Des évaluations, oui, mais avec davantage d'implication des enseignants

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Le SNE constate qu'une majorité de collègues admet le principe d'une évaluation nationale normalisée sur tout le territoire. C'est une surprise. Quand on sait le travail supplémentaire que cela représente, et qu'à cela s'ajoute le fait que tous les collègues ont depuis longtemps mis au point leurs propres outils, cette adhésion montre que le terrain attend de ces évaluations une plus-value pour eux-mêmes. En effet, l'anonymat leur permettait sans crainte de dire non à une injonction perçue par beaucoup comme abusive.

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Cet accord du terrain passe bien évidemment par une demande de reconnaissance institutionnelle : du temps de préparation, d'analyse et d'appropriation des outils de remédiation est attendu par 80% des enseignants.

 

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Modalités de passation et contenu : copie à revoir !


Cette fois c'est sans surprise un rejet massif des conditions de passation actuelles. Les consignes ont été données bien trop tardivement : les enseignants souhaitent à 75% avoir les évaluations en juin afin de pouvoir se les approprier, avec les objectifs clairement énoncés dans le guide du maître.

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Pour 82% de collègues les épreuves ne sont pas pertinentes. Elles semblent conçues en laboratoire et s'appuient trop sur des protocoles individuels inappropriés en groupe classe : 78% des enseignants estiment que les conditions de passation sont mauvaises pour un enseignant seul en classe. L'idée d'un maître supplémentaire (TR, RASED, PMC...) qui assisterait l'enseignant pour la passation séduit 87% des enseignants.

 

Pour 90% des enseignants, le temps de passation est sous évalué et 73% estiment qu'il s'avère trop long pour des enfants de cet âge.

 

Il faudra donc retravailler les items pour les rendre maniables et digestes, sans renoncer à leur caractère discriminant : il convient de prévoir des exercices difficiles pour mesurer les compétences remarquables qui existent et dont il faut bien tenir compte en classe.

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Saisie des résultats : donnez-nous des outils à la hauteur

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Si une légère majorité (52%) estime que l'application est simple à utiliser et intuitive, que dire des innombrables plantages de la plate-forme en ligne qui ont considérablement augmenté le temps de saisie pour plus de 82 % ? Par ailleurs, comment traduire une graphie maladroite lorsque la case ne prévoit que « juste » ou « faux » pour une réponse attendue a minima en capitale d'imprimerie ? « Ça dépend ça dépasse » est-on tenté de dire !

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Les collègues approuvent à une écrasante majorité l'initiative du SNE de demander du temps pour mener à bien ce travail (84%). Beaucoup trouveraient normal de rémunérer le temps de saisie (65%) sans doute en référence a la prime de 400€ pour passer les évaluations nationales de CE2 / 6eme (décision du 30/06/2009 par le DGESCO de l'époque, un certain Jean-Michel Blanquer).

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Ce qu'en pense le SNE

 

Tous les métiers autorisent de constater à un moment ou un autre si la tâche est réussie, si le contrat est rempli. Le paysan moissonne en été, le menuisier vend son meuble au client qui l'a commandé, un commercial sait en fin d'année s'il a fait son chiffre. Un enseignant ne peut que supposer que son action est bénéfique. Claude Duneton ne décrivait-il pas cette insécurité permanente dans son livre « Je suis comme une Truie qui doute »?

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En prenant le risque de savoir si ce que l'on fait est efficace, on met enfin de la lumière sur nos pas, et on peut cheminer vers un meilleur. C'est donc d'abord une démarche individuelle qui consiste à se confronter au réel pour progresser dans son art et parfois, heureusement, voir confirmées ses intuitions. Il ne peut donc s'agir que d'une action libre et volontaire. Nous pensons fortement que les enseignants y viendront d'eux mêmes.

 

Et qu'on ne nous dise pas que l'évaluation est faussée si les élèves sont issus de classes défavorisées ou « mal nés » : en définissant un écart type avec une moyenne nationale solidement établie, il sera ici davantage encore qu'ailleurs possible de mesurer les progrès en comparant les écarts type à 8 mois d'intervalle. La presse ne fait elle pas état depuis des années de la fameuse « plus-value pédagogique » des établissements ? Ici c'est la valeur ajoutée de chacun qui pourra s'exprimer et libérer de nouvelles expérimentations à partir du terrain.

 

Au SNE, l’expérience vaut autant -sinon plus- que l'expertise. On peut désormais montrer à un inspecteur le bien-fondé d'une pratique, preuve à l'appui, et donner enfin du contenu à la fameuse liberté pédagogique à laquelle en réalité bien peu sont attachés...

 

Last but not least, en chassant le doute sur lequel elles prospèrent, on dynamite les officines qui ont envahi la rue de Grenelle depuis trop d'années et infiltré les écoles normales, les IUFM et autre ESPE.

 

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Créons enfin l'école de la confiance. Le dire c'est bien. Le faire c'est mieux !

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Le SNE se déclare prêt à revenir autour de la table pour lever les obstacles à une acceptation large et sereine d’évaluations nationales dans toutes les classes. Car pour nous, rien ne doit être imposé. L’école de la confiance est à ce prix.

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Pierre Favre

Président du SNE

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