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ACTUALITÉS NATIONALES

2 novembre 2020

Laïcité : dire et agir

La laïcité ou la mort des Lumières

 

Le meurtre ignoble de Samuel Paty a lieu en plein procès des attentats de Charlie. Zineb El Rhazoui, rescapée de cette autre tragédie, mais toujours sous protection policière, l'a affirmé haut et fort : "nous jugeons ici des complices, mais le véritable assassin court toujours".

 

Cet assassin rôde encore à sa poursuite. Ce tueur inculte et froid vient encore de frapper. Il mine les esprits, et domine notre discours jusqu'à l'autocensure. Le Président Macron l'a réaffirmé après le drame : "Ils ne passeront pas"

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Pourtant, "ils" sont passés. La moindre remarque, la moindre réserve relative à l'islam radical ou rampant est désormais coupable d'islamophobie et pousse chacun à se taire.

Cette “tyrannie de la susceptibilité” a assez duré.

Être le pays des droits de l’Homme ne signifie pas être le pays qui courbe l’échine sous le diktat des uns ou des autres.

Pourtant, la plupart des journaux évite de publier la moindre caricature par crainte "de blesser". On parle "d'incident tragique" pour désigner une ignoble barbarie, on condamne les attentats mais c’est toute notre société qui vit dans la crainte d’une explosion des extrémistes religieux. Dès lors, l'école "marche sur des œufs" au sujet du voile, de notions comme la puberté et la sexualité (pourtant au programme de CM2), et le collège hésitera désormais à diffuser les Lumières.

Le SNE ne se reconnaît pas dans cette attitude. 

 

L’école mise en accusation de toutes parts

M. Paty dispensait son enseignement sur la liberté d’expression depuis plusieurs années. 

Une partie de la presse a, dans un premier temps, indiqué qu'un inspecteur avait été diligenté pour enquêter sur une hypothétique maladresse de notre malheureux collègue. Il n'en serait rien. L’administration affirme l’avoir soutenu et confirmé dans son enseignement. 

Si tel est réellement le cas, le SNE prend bonne note d’une attitude que nous souhaiterions beaucoup plus répandue.

 

Cette affaire soulève également le problème de la vindicte populaire et de la pression exercée de plus en plus fréquemment sur les enseignants, notamment par le biais des réseaux sociaux. Les parents d’élèves sont toujours plus présents à l’école, se placent en consommateurs d’un service de l’éducation. Comme tels, ils se sentent légitimes à réclamer toujours plus de spécificité de traitement pour leurs enfants, à juger du contenu et de la manière dont nous enseignons.

C’est une dérive que le SNE condamne de longue date.

Pour notre syndicat, la participation des parents à la vie de l’École demeure bienvenue.  Réaffirmer la position de l’enseignant, lui redonner sa qualité de référent reconnu de par ses compétences et son autorité en tant que représentant de notre État, est un impératif pour éviter les excès que nous connaissons aujourd’hui.

 

La défense des Lumières passe par celle de laïcité

Le sujet de la laïcité est un sujet sensible de longue date. Le 14 janvier 1850, Victor Hugo prenait déjà une position forte sur le sujet :

« [...] Jusqu'au jour, que j'appelle de tous mes vœux, où la liberté complète d'enseignement pourra être proclamée, et en commençant je vous ai dit à quelles conditions, jusqu'à ce jour-là, je veux l'enseignement de l'Église en dedans de l'Église et non dehors. Surtout je considère comme une dérision de faire surveiller, au nom de l'État, par le clergé l'enseignement du clergé. En un mot, je veux, je le répète, ce que voulaient nos pères, l'Église chez elle et l'État chez lui [...].»

 

Aujourd’hui, les consignes sont devenues prudentes : "éviter la stigmatisation", "modérer les paroles", "éviter les provocations". Aujourd’hui, tout est devenu stigmatisant, provocant. La pondération, la mesure et la réflexion sont reconnues comme tolérantes par les citoyens instruits. Elles sont vécues comme insultantes par les incultes et les fanatiques.

Il revient à notre école de diminuer le nombre de ces personnes demain en permettant aujourd’hui à leurs enfants de découvrir et d’embrasser nos valeurs sans les filtrer.

 

Les reculs successifs dans la défense de la laïcité ont peu à peu inversé les normes. Réaffirmer la primauté de la République est désormais considéré comme l'intolérable humiliation de toute une "communauté" aux contours mal définis. Reconnaître à cette "communauté" une existence à part, spéciale, c’est acter que notre société est morcelée, que l’individu prime sur le droit commun. 

 

Il est temps d'assumer les valeurs de la République sans faiblir, de les porter pour ce qu’elles sont : le ciment de notre Nation. Au nom de notre "respect" pour "toutes les cultures", nous avons trop hésité à imposer fermement le respect de la laïcité.

 

Notre bienveillance est devenue faiblesse. Regagner le terrain perdu sera un travail de longue haleine. Des solutions simples n’existent pas. C’est toute notre Nation qui doit se relever contre ce qu’elle a laissé l’affaiblir, qui doit se réveiller unie autour des valeurs qui la fondent.

 

Pierre Puybaret, Joost Fernandez

Membres du bureau national

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