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ACTUALITÉS NATIONALES

10 décembre 2020

Nuls en maths ?

Tout sauf un manque de formation des enseignants !

Le dernier rapport Timms est un révélateur de plus que l'Education nationale fait fausse route depuis 30 ans : même si notre ministère actuel a remis en bonne place la priorité aux fondamentaux, il est regrettable de constater que la philosophie de l'Education nationale n'a pas changé avec ce nouveau gouvernement.

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Tant que l'on se contentera de s'adapter aux élèves, et donc de niveler par le bas, on ne pourra pas faire mieux. Tant que l'on dégoulinera de bienveillance, on ne pourra espérer que faire pire...

 

Il faut savoir se regarder en face : comment, en une génération, l'école française a-t-elle pu passer du statut de modèle à celui de cancre ?

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Le déficit de formation des enseignants ? Sûrement pas ! En tous cas, ce ne sont pas les plans "mathématiques" et "français" qui changeront la donne.

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L'exigence doit être revue à la hausse, de même que les valeurs courage, travail, persévérance et sanction. Ces mots sont en train de disparaitre de notre vocabulaire. Mais c'est sans doute trop dur pour notre monde où le moindre effort demandé est vécu comme une atteinte au bien-être individuel...

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Nous écrivions déjà tout cela l 'an dernier l'an dernier... (voir ci-dessous)

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Laurent Hoefman

Président du SNE

29 novembre 2019

1+1+1+1+... = nuls en maths

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Les élèves français sont nuls en maths

 

C’est la conclusion lapidaire que l’on pourrait tirer de la lecture du graphique des résultats de l'étude TIMSS 2016.

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Il faut pourtant savoir dépasser le simple constat. C’est ce qu’avait fait Le point dans un article commentant ce graphique.

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Le journal constatait que : "ce qui est effarant, c'est l'incroyable baisse de niveau en vingt ans. En 1995, la France était la plus brillante des six pays dont les données sont disponibles en 1995 et 2015. Elle était même devant la Russie, avec 561 points; en 2015, elle s'est effondrée à 449 points, enregistrant la plus grosse baisse des six pays."

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La faute incomberait-elle à un manque d’investissement dans l’éducation ?

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Non. Sur la période considérée, en France, le budget par élève du primaire a doublé.

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Dans ces conditions, comment expliquer la chute catastrophique des résultats ?

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Ses causes se trouvent peut-être dans la très longue liste de tout ce qui a changé à l’école depuis 1995 :

- La mise en place des cycles.

- L'avènement des projets d'école.

- Les variations incessantes des programmes.

- La difficulté à proposer des redoublements.

- La création des IUFM, puis des ESPE, puis des INSPE.

- L'amenuisement des RASED et la disparition des classes de perfectionnement.

- L'obligation de l'inclusion à tout prix.

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- L'évaluation par compétences, la disparition des notes, et la mise en place du carnet de suivi et du LSU.

- Les injonctions contradictoires : programmes nationaux, mais rédactions locales des "attendus de fin de cycle" rédigés en équipe dans chaque école, ou en conseil "école/collège".

- La dérive de "l'Instruction" vers "l'Education" au détriment des fondamentaux.

- La conception d'un socle commun.

- La soumission au constructivisme.

- La promotion de l'égalitarisme, à l'opposé de l'école de Condorcet qui incite à amener l'élève au maximum de ses possibilités.

- La mise en place des PPRE, PAP, PAI, ESS, Projets d'intervention...

- L'explosion du nombre des réunions : conseils des maîtres, de cycle, d'école, en mairie, en formation continue, en travail d'équipe, en école/collège.

- La promotion du travail en équipe, érigé en modèle absolu.

- L'évaluation des enseignants basée sur leurs méthodes, leur orthopraxie, et jamais sur leurs résultats.

- Le recrutement des enseignants sur la base de leur allégeance à tout ce qui précède... (quiconque émettrait une simple réserve, serait écarté par concours).

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Il semble simpliste de faire un lien entre la dégradation des résultats et cette longue liste d'évolutions. Il est bien plus fanatique de le nier. Si toutes ces modifications avaient été pour le meilleur, on pourrait avancer que ce sont plutôt les élèves qui ont changé. La France en aurait donc des modernes et l'Irlande du nord des médiévaux... Évidemment non.

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La réalité est brutale, mais après des années de déni, nul ne conteste plus le naufrage... Le niveau des élèves français est en baisse constante et dramatique, et ce malgré la hausse du niveau de recrutement des enseignants (Bac +2 puis +3 puis +5) et le doublement du budget par élève dans le primaire depuis 25 ans.

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La France a créé une complexification invraisemblable, pathogène et inefficace du métier d’enseignant

 

La charge mentale des enseignants, malheureusement inquantifiable, a explosé. Les acteurs souffrent... pour rien. D'où l'explosion du nombre des démissions (multipliées par trois en 10 ans) et le tragique passage à l'acte de collègues détruits par l'absence de sens de leurs efforts.

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Au SNE, nous pensons à un "effet cocktail" de toutes ces dispositions. Certaines sont peut-être moins toxiques que d'autres, mais comment ne pas faire un lien avec les constats actuels ?

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Nous proposons donc le recentrage sur les résultats

 

Liberté doit être laissée aux enseignants de travailler en équipe ou non, de faire des projets ou non, d'orienter leurs élèves ou pas, de rédiger des PPRE ou pas, de se réunir ou pas, d'inclure ou pas, d'afficher leurs progressions ou pas, d'évaluer par notes ou pas. Le juge de paix étant les résultats, exprimés en progression de leurs élèves. À charge pour l’État de fournir aux enseignants des outils permettant leur autoévaluation, pour tous les niveaux de classe.

 

Un collègue qui constate que ses méthodes ne fonctionnent pas ne sera pas long à s'adapter. Ce n'est pas une vision idéalisée ou naïve de la conscience professionnelle d'une corporation. La science prouve que, de façon universelle, le cerveau humain n'aime pas les différences entre ce qu'il prévoit et ce qu'il observe, et donc, évolue en conséquence.

 

Pour l'instant, l'institution nous demande de fermer les yeux sur les résultats, pour mieux nous concentrer sur les prévisions : ce système DOIT fonctionner puisqu'il est PRÉVU pour être "bon"...

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D'où la mise en place d'un système culpabilisant : "si cela ne marche pas, c'est que vous appliquez mal nos prescriptions". Alors, chacun s'épuise dans le respect de ce catéchisme pédagogique. Au final, le malade meurt dans les règles... Épargnons-nous ce funeste destin.

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Pierre Puybaret

Membre du bureau national

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