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ACTUALITÉS NATIONALES

9 septembre 2021

Direction d’école : des annonces hâtives

Les déclarations d’Emmanuel Macron à Marseille en cette rentrée n’auront pas laissé les enseignants indifférents. Elles ont fait réagir l’opinion de façon diverse, et souvent agacée.

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Au travers d’un discours très libéral, le président propose notamment que certains directeurs puissent choisir leurs enseignants, afin de « faire mieux vivre les projets collectifs comme le projet d’école ».

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La soudaineté de cette proposition a étonné tout le monde. Elle n’est pourtant pas nouvelle. Elle était présentée dans « L’école de demain » de Jean-Michel Blanquer et reprise dans les conclusions du Grenelle.

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Cette question est-elle finalement au centre des enjeux ?


Le problème de la direction d’école est complexe et intimement lié à la diversité du territoire national, au nombre d’écoles dans un pays qui compte 35 000 communes. La diversité des situations est telle qu’une solution unique ne peut pas être apportée, surtout lorsqu’on doit l’appliquer à 45 000 directrices et directeurs, qui évoluent dans des contextes locaux très différents.


Ce qu’attendent les directeurs depuis longtemps, et ce que le SNE défend, c’est la reconnaissance de leur métier, c’est aussi et surtout du temps et des moyens pour accomplir leurs missions.

 

Cela a été dit, répété. Les directeurs ont aussi besoin d’une solide formation pour relever les défis d’un monde ultrarapide et complexe, avec en parallèle un nouveau paradigme de recrutement qui sélectionne sur des aptitudes spécifiques, comme la capacité à encadrer, à gérer une structure, à communiquer, à adopter une posture inhérente à la fonction.

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Prendre garde aux écueils


Une fois cela posé, on pourrait en effet aller plus loin, et se demander si le choix des enseignants par le directeur pourrait être un « plus ». Mais avant cela il faudrait bien sûr discuter des conditions et poser des garde-fous.


Un tel changement de fonctionnement, s’il venait à être généralisé, reviendrait à battre en brèche le statut général du fonctionnaire et de la fonction publique. Le SNE s’opposera à une telle orientation.

 

Qu’une expérimentation ponctuelle soit menée sur des établissements ciblés et selon des critères précis est, par contre, entendable. Transformer un directeur d’école en véritable chef d’entreprise privée ne l’est pas.


De plus, si cette évolution amène à déplacer de force les personnels déjà en poste, qui « ne feraient pas l’affaire » (selon qui ?), ou encore qu’au final ce soit l’administration qui sélectionne sans que le directeur ait son mot à dire, c’est non.


Il faudrait aussi s’assurer que les directeurs soient en capacité de recruter sur des critères objectifs et précis, afin d’éviter le copinage ou les passe-droits. Et bien sûr, connaître la responsabilité du directeur en cas d’erreur de casting, et les solutions apportées.


L’annonce du président Macron est forte. Elle choque. Le problème vient de la méthode et du timing. Sa mise en œuvre doit être menée avec les plus grandes précautions. Le SNE fera tout pour qu’elle ne mette pas de collègues en difficulté et pour que le régime du fonctionnaire demeure solide. 

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Une équipe ne se décrète pas, elle se construit


Le SNE n’est pas hostile par principe à une mesure qui pourrait favoriser l’émergence d’un collectif. Davantage de liberté et davantage de moyens : le SNE est pour depuis toujours ! Mais il l’a répété de nombreuses fois au ministère : une équipe ne se décrète pas, elle se construit. A partir du moment où l’Education nationale érige le collectif en modèle de travail, il faut donner aux directeurs le moyen de construire une équipe, avec des enseignants qui partagent les mêmes aspirations, les mêmes motivations.
 

Pour le SNE, ce mode de fonctionnement peut s’avérer pertinent dans certaines structures (les écoles à fonctionnement très spécifiques : CHAD, CHAM, CHAT, OAE... ou les écoles à climat scolaire extrêmement tendu). Toutefois, il ne peut et il ne doit pas être généralisé à l’ensemble des écoles de France. Il doit constituer une exception, un moyen précis de réponse à des problématiques identifiées au préalable et très spécifiques, qu’elles relèvent de l’éducation prioritaire ou pas.
 

Le SNE est donc disposé à discuter du sujet en tant que syndicat représentatif élu au ministère, en apportant son expertise liée à la connaissance du terrain et aux nombreux directeurs qui composent ses cadres. Si cette évolution doit voir le jour dès la prochaine rentrée à titre expérimental, il est urgent d’y travailler dès à présent.

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Laurent Hoefman

Président du SNE

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