Actualités nationales
L’Education Nationale n’est pas seulement
un service public…
C’est une institution garante de la cohésion de la Nation !
2 décembre 2015
Il aura fallu attendre les atroces attentats de Paris du 13 novembre 2015 pour dynamiser l’esprit de compassion du 11 janvier 2015 et ainsi s’apercevoir –pour ceux qui en doutaient encore- que la France est une grande et belle Nation. Marseillaise, drapeaux, devise ont été ré-adoptés par tout un peuple qui a décidé de faire face à l’adversité. La situation de crise impose des réponses de court terme fermes pour notre sécurité et c’est bien naturel.
Pour le long terme, si de nombreux acteurs sont pressentis pour améliorer la situation, l’École jouera, sans aucun doute, un rôle crucial. Mais de quelle École parle t-on ? L’École, dernière Institution collective de transmission des valeurs de la République, en panne depuis au moins 25 ans, doit retrouver toute sa place, sa force, pour transmettre l’héritage républicain à tous les enfants français quelle que soit leur origine. C’est cela la véritable égalité des chances. Pour cela, transmission du savoir, effort, autorité des maîtres, qualité des diplômes, élitisme républicain ne doivent plus être considérés comme des mots tabou par un ministère assigné à résidence idéologique depuis que les pédagogistes y ont pris le pouvoir.
L’école n’est pas un simple service public car l’école et la République sont intimement liées depuis la Révolution française. L’École publique et laïque joue un rôle central en matière de cohésion nationale et c’est pourquoi il faut maintenant la redresser.
Il y a donc urgence à restaurer le savoir avec exigence et bienveillance. Le SNE fait des propositions concrètes allant dans ce sens. Car l’École de Guizot et de Ferry doit dispenser la connaissance pour libérer de l’ignorance et des obscurantismes. Du début du 20ème siècle et en gros jusqu'en 1970, l'École a assumé une mission d'instruction, avec, pour les hussards, l'idée d'arracher l'enfant à la famille et l'église. Elle doit continuer à donner à chaque élève la possibilité de construire sa propre émancipation. Cette École doit préparer à un métier, à une fonction sociale, mais aussi, parce qu’elle est laïque, elle apprend à chacun à juger selon sa propre conscience, à penser librement pour devenir un citoyen souverain pour, de nos jours, lutter contre les nouveaux obscurantismes nés de la rencontre entre la société de consommation et la société de communication.
Rien de plus efficace pour atteindre ce but que le dire, lire, écrire, compter et finalement comprendre, et l’ordre des mots est important ! Devise Républicaine oblige, cette finalité doit concerner tous les élèves, y compris les enfants des familles défavorisées. C’est le défi de la démocratisation scolaire qui doit élever le niveau général de formation, sans renoncer à la qualité, sans réduire les savoirs fondamentaux essentiels à quelque endroit que ce soit. Comme on ne peut pas tolérer des zones de non droit, on ne doit plus avoir des écoles au rabais dans certains quartiers très difficiles. Pour le SNE, c’est l’accès du plus grand nombre à un enseignement exigeant qui offre à chaque élève la faculté d’aller jusqu’au bout de ses possibilités, en refusant les facilités et adaptations démagogiques sournoisement instituées par les gouvernements successifs pour des raisons essentiellement comptables.
Libertaires et libéraux ont réduit les savoirs enseignés remplaçant les cours par de l’activisme langagier au moyen de débats sur tout, surtout des débats. Ne plus centrer l’école sur l’élévation par le savoir, dénigrer la culture classique, l’orthographe, la grammaire, l’Histoire, etc. pour magnifier la spontanéité et la créativité de l’enfant, c’est créer une société plus injuste encore, plus rude pour les plus fragiles, plus dangereuse pour le fameux vivre ensemble.
On a vilipendé le savoir comme discriminant. Moins de connaissances, et les premières victimes ont été les enfants des milieux populaires qui n’ont pas la possibilité d’être aidés à la maison. Les enquêtes internationales qui confirment, années après années, la baisse du niveau et l’aggravation des inégalités scolaires ne font que sanctionner cette politique d’adaptation, de nivellement pédagogique par le bas à tout prix, sans exigence, pour faire du chiffre.
La pédagogie est nécessaire. Mais la pédagogie n’est pas une finalité. Elle doit être au service des contenus enseignés et niveaux à atteindre. A force d’adaptation aux élèves sans mesure, on a adapté les programmes, rendu les examens plus faciles, attribué des diplômes dévalorisés et de fait abaissé les capacités scolaires d’une partie des élèves. Corollaire, l’entrée dans la vie active, très socialisante pourtant, est par conséquent plus difficile voire impossible pour certains et le sentiment de frustration augmente. L’impression d’avoir été trompé rime alors avec incompréhension et violence qui peuvent alors se mettre au service de causes sectaires les plus abjectes.
Pour limiter au maximum ces comportements destructeurs, il faut réussir la démocratisation de l’École, mettre l’accent sur la qualité et donc sur l’effort, l’exigence et le travail, c’est essentiel. Il faut, pour cela, que la hiérarchie de l’éducation nationale soutienne et conforte les enseignants, reconnaisse aux professeurs l’autorité qui découle de leur fonction, pour valoriser leur magistère. Cela, pour leur permettre de mieux accomplir la mission difficile d’inculquer :
* le goût de l’effort dans une société hédoniste et très « psy »,
* le sens du travail dans un monde qui applaudit la réussite par l’argent facile,
* la joie de comprendre, la fierté de s’élever dans une société où règnent le zapping et les démagogies télévisuelles.
Il faut donc une formation des enseignants exigeante nourrie de valeurs républicaines et créer des financements d’État pour aider les lauréats issus de milieux modestes à faire leurs études et à s’engager ensuite dans notre Institution pour transmettre leur façon efficace et éthique de réussir.
Il faut reconstruire des bases solides dans les différents cycles d’enseignement.
- A l’école maternelle, il faut travailler le feu « devenir élève », favoriser les apprentissages par la manipulation, et le corps ce qui n’est pas incompatible avec des activités de prélecture sérieuses en Grande section.
- A l’école élémentaire, il faut revenir sur la réforme des cycles qui a largement échoué et instituer des programmes simples annuels, structurés, rigoureux, et progressifs pour travailler sans relâche les savoirs fondamentaux très souvent négligés aujourd'hui. Un solide contrôle de ces acquisitions, qui doivent devenir des automatismes, est à réinventer et est la clé de toute réussite ultérieure.
- Le collège «unique» est devenu une illusion qui dessert majoritairement les élèves. A partir d’une culture générale commune, il faut assurer une diversification des parcours avec des options plutôt qu’une indifférenciation desservant tous les élèves les plus en difficulté autant que les meilleurs.
Le travail est immense. Il faut des moyens financiers, mais tout n’est pas qu’une question de moyens. Une École publique forte pour une République solide, c’est l'assurance de voir des potentialités de redressement et de transformation pour le pays qui en a grand besoin.