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ACTUALITÉS NATIONALES

14 mars 2019

Comment retrouver la confiance ?

Pour que les français retrouvent confiance en leur école, il est indispensable de la recentrer sur la transmission des savoirs et d'arrêter avec cette folie d'industrialisation de l'école. D'arrêter avec ces compétences qui nous viennent tout droit des entreprises et que l'on retrouve dès 3 ans en petite section d'école maternelle...

 

Il est essentiel d'insuffler l'idée aux élèves que les études existent pour les élever, pour leur transmettre des savoirs. L'objectif doit être de leur dispenser des savoirs et non des compétences utilitaristes. Non, l'école de la République française ne doit pas transmettre des savoir-faire, elle a été conçue pour transmettre quelque chose de bien plus grand, de bien plus fondamental, qui renvoie à la vérité-même : le savoir.

 

Repensons à ce qu’écrivait Jean Jaurès dans sa lettre aux instituteurs de 1888 :

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« Vous tenez en vos mains l’intelligence et l’âme des enfants ; vous êtes responsables de la patrie.

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Les enfants qui vous sont confiés n’auront pas seulement à écrire, à déchiffrer une lettre, à lire une enseigne au coin d’une rue, à faire une addition et une multiplication.

 

Ils sont Français et ils doivent connaître la France, sa géographie et son histoire : son corps et son âme. Ils seront citoyens et ils doivent savoir ce qu’est une démocratie libre, quels droits leur confèrent, quels devoirs leur impose la souveraineté de la nation.

 

Enfin ils seront hommes, et il faut qu’ils aient une idée de l’homme, il faut qu’ils sachent quelle est la racine de nos misères : l’égoïsme aux formes multiples ; quel est le principe de notre grandeur : la fermeté unie à la tendresse. Il faut qu’ils puissent se représenter à grands traits l’espèce humaine domptant peu à peu les brutalités de la nature et les brutalités de l’instinct, et qu’ils démêlent les éléments principaux de cette oeuvre extraordinaire qui s’appelle la civilisation. Il faut leur montrer la grandeur de la pensée ; il faut leur enseigner le respect et le culte de l’âme en éveillant en eux le sentiment de l’infini qui est notre joie, et aussi notre force, car c’est par lui que nous triompherons du mal, de l’obscurité et de la mort.

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Eh ! Quoi ? Tout cela à des enfants !

– Oui, tout cela, si vous ne voulez pas fabriquer simplement des machines à épeler [...] »

 

Sachez qu'il n'y a pas d'éducation sans grand projet d'émancipation collectif et individuel ! Et de cela les français en ont plus que conscience ! Il faut donc refonder l'école de la République française, celle où primaient les valeurs de civisme et de travail, celle où le professeur était le passeur respecté de tous, celle où l'enfant du peuple pouvait devenir fils de roi, celle qui permettait l'accession à la véritable autonomie intellectuelle et une formation du citoyen digne de ce nom.

 

La situation actuelle de l'école est la conséquence directe de cette folle idée de substituer les compétences aux savoirs. Alors si nous voulons que notre école de la République française inspire de nouveau confiance il nous faut en finir avec cette philosophie utilitariste des compétences ; l'école n'est pas faite et ne doit pas être faite pour former des salariés adaptables ; l'éducation n'est pas et ne doit pas être un service rendu aux entreprises. L'école de la République française est une institution bicentenaire qui doit être préservée !

 

C'est pourquoi nous serons toujours présents face aux idées inacceptables telles que celles qu’a pu avoir l'organisation de coopération et de développement économique :
 

« Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement [...] »

Christian Morrisson

Centre de développement de l’OCDE

Cahier de politique numéro 13
 

Nous, professeurs, ne sommes pas des animateurs du groupe classe. Notre mission n'est pas de formater nos élèves au clientélisme des GAFA... Non ! Notre mission n’est pas de formater au consumérisme. Les réformes qui nous ont menés à cette situation étaient probablement basées sur une volonté d'amélioration du système éducatif, mais l’Enfer n'est-il pavé de bonnes intentions…? Alors, finissons en avec cet Enfer !

 

Apprendre à apprendre du vide est non seulement inutile mais est également dangereux ! Réapprenons à notre jeunesse à réfléchir, à penser et à développer son esprit critique. Finissons en avec ce qui a pu nous mener au tirage au sort comme moyen de sélection à certaines filières d’études supérieures.

 

Retrouvons les valeurs fondatrices de notre école de la République française et vous verrez que la confiance des français en leur école sera retrouvée.

 

Joost Fernandez

Secrétaire académique de Versailles

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