ACTUALITÉS NATIONALES
31 octobre 2019
Laïcité et sorties scolaires, l’État doit être clair
Il est plus qu’urgent que l’État prenne ses responsabilités en faisant preuve de la plus grande clarté sur la question de la laïcité. Nous ne pouvons laisser la responsabilité aux professeurs de se positionner sur des questions aussi sensibles que le port du voile islamique pendant les sorties scolaires.
Il faut sortir de l'ambiguïté ! Trop de professeurs sont en première ligne et se retrouvent face à des parents communautaires qui les qualifient indignement de racistes ou d’islamophobes quand ils cherchent simplement à lutter contre le prosélytisme. Ce sont des situations intolérables et il est malheureusement trop difficile de ramener à la raison sur ces sujets-là.
Nous souhaitons donc un texte réglementaire précis, clair et applicable pour que nous puissions nous en remettre simplement à ce dernier. Et nous trouvions en ce sens que la circulaire de Luc Chatel de 2012 était parfaite. Nous réclamons donc la clarté républicaine et nous défendons l'égalité de traitement avec toutes les religions. L’idée séculaire de laïcité est un principe qui nous est cher !
N’oublions pas, comme le disait Jacqueline de Romilly, que l’école ne doit point jeter les enfants dans la réalité qui les entoure. Ils ne peuvent appréhender le monde dans toute sa complexité. L’enfant ne doit pas être confronté immédiatement à la complexité des choses qui nous entourent, qui sont difficiles à apprécier et où il risque d’être enfermé dans un monde relativement limité. Il doit pouvoir connaître par l’esprit d’autres pays, d’autres époques, d’autres civilisations et à partir de là, juger avec plus de clarté, de sérénité cette complexité du présent.
L’école constitue ainsi pour l’enfant un rôle fondamental, elle est d’une certaine façon la porte d’entrée dans le monde de demain. Cette institution doit être un sanctuaire pour préserver les élèves des tensions extérieures, elle se doit donc d’être stable et immuable permettant le bon cheminement du foyer au monde. Il s’agit aujourd’hui de la maintenir à l’écart des tensions extérieures religieuses. L’école est bel et bien le lieu du savoir et non pas celui de la croyance ! Et nous souscrivons pleinement à ce que disait Jean Jaurès :
«La loi de séparation, c'est la marche délibérée de l'esprit vers la pleine lumière, la pleine science et l'entière raison.»
Rappelons-nous que l’instruction est obligatoire et qu’un enfant inscrit à l'École de la République française a une obligation de présence. Les sorties scolaires se faisant sur le temps scolaire, lui sont donc obligatoires. L'École n’est donc pas seulement bornée dans l’espace murs mais aussi par le temps scolaire ! Et accompagner les élèves en sortie scolaire ce n’est pas anodin...
Il est essentiel de comprendre qu’un parent qui porte un signe religieux ostentatoire et accompagne des enfants - dont le sien mais pas seulement - en sortie scolaire, avance à tous sa religion. Un texte indiquant précisément ce qui serait acceptable dans la tenue d’un accompagnateur protégerait les enfants issus de familles athées, agnostiques, chrétiennes, juives, musulmanes ou autres … Ces familles sont attachées au principe républicain qu’est la laïcité. Elles souhaitent donc - à juste raison - que tout accompagnateur soit soumis au même principe de neutralité que celui des professeurs. Eh bien nous sommes du même avis !
Lorsqu'un parent a l'honneur d'être investi d'une responsabilité de service public sur le temps scolaire, lorsqu’un parent devient auxiliaire de l’Éducation nationale, il doit se conformer à la loi qui exige la neutralité et cela dans la volonté de privilégier l’intérêt commun universel.
Nous souhaitons donc que soit étendue aux sorties scolaires organisées par les établissements et aux personnes concourant au service public de l’éducation, l’interdiction actuellement faite aux élèves et aux enseignants de porter des signes ou des tenues par lesquels se manifeste ostensiblement une appartenance religieuse. Cette neutralité est garante d'ouverture à tous.
La laïcité doit bel et bien être intraitable dans le cadre scolaire ! Pour reprendre Victor Hugo ... L’État chez lui, la religion chez elle ! La croyance religieuse ne doit ainsi engager que les croyants et eux seuls. Elle n’a pas sa place dans notre Institution bicentenaire qu’est l'École de la République française.