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ACTUALITÉS NATIONALES

23 novembre 2020

Éducation prioritaire : tout remettre à plat pour avancer

Le ministère annonce qu'il va mener une expérimentation sur l'éducation prioritaire dans 3 académies (Nantes, Aix-Marseille et Lille) afin de « mieux répondre à la diversité des territoires et leurs publics ».

 

La secrétaire d’État souhaite « sortir d'une logique de zonage, du tout ou rien, pour aller vers une logique où tous les territoires peuvent accéder à l'éducation prioritaire, avec plus de justice et plus de souplesse ».


 

Le ministère va mettre en place des « contrats locaux d'accompagnement de trois ans » éventuellement renouvelables. Ces contrats seraient définis académie par académie avec « un cadrage et une grille d'indicateurs nationaux ».

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Pour le moment le gouvernement ne toucherait pas à la carte de l’Éducation Prioritaire, en tout cas pour la rentrée 2021. Il est admis que l'idée du gouvernement est de remplacer à terme les REP par ces contrats locaux (les REP+ perdureraient).

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Le SNE approuve la méthode de l'expérimentation avant une éventuelle généralisation. Le SNE valide et salue également l'ambition de « mieux répondre à la diversité des territoires et leurs publics ». Nous soutenons d'ailleurs cette idée depuis longtemps.

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Néanmoins, pour le SNE, la politique de l'éducation prioritaire est un échec patent depuis de nombreuses années. Il faut à notre sens tout remettre à plat et non créer une nouvelle couche, de nouveaux contrats qui viennent s'ajouter aux existants.

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Le budget de l’éducation prioritaire est important, il faut juste le ventiler différemment. Si le budget alloué à ce sujet venait à être réduit ce serait un scandale. Il faudra faire attention à certaines écoles actuellement labellisées qui pourraient sortir du dispositif à l'avenir. Ces écoles vont mieux certainement grâce aux différentes aides, qu'en serait-il sans ces aides ?

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Pour le SNE il serait donc bon de revoir le ciblage des REP et REP+, d'arrêter d'ailleurs avec ces « réseaux » qui n'ont jamais réellement fonctionné, de faire du cas par cas avec des critères à la fois objectifs (évaluations, indice de position sociale, réalité géographique, …) et subjectifs (ressenti du terrain), de partir des écoles et plus des collèges. 

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L'idée est d'être pertinent dans le ciblage afin d'être efficace et de gommer le sentiment d'injustice que ressentent de nombreux collègues.

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Il est important de donner de la souplesse à tout dispositif engagé afin de permettre l'entrée et la sortie de certaines écoles. La sortie éventuelle de certaines écoles du dispositif ne doit pas se faire de manière brutale. La question se posera par exemple sur la gestion des classes dédoublées (que deviendront-elles à la sortie du dispositif ? ) et sur la situation des enseignants qui verraient disparaître leur prime.

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Le dosage qui s'appuie sur les 5 leviers utilisés actuellement (effectifs allégés, temps de concertation, prise en compte dans le déroulement de carrière, bonification pour les mutations et indemnité) doit perdurer afin de stabiliser les équipes et il faut leur laisser du temps.
 

Notre syndicat se pose aussi des questions quant aux effets pervers du dispositif envisagé :

  • Est-il normal qu'un adjoint en REP+ gagne plus que la très grande majorité des directeurs d'école ?

  • Est-il normal de voir des écoles à plus de 30 élèves par classe et d'autres à 12 par classe (le SNE milite depuis de très nombreuses années pour les CP à 12 dans toutes les écoles de France).

  • Est-il normal d'être mieux « noté » du seul fait d'enseigner en éducation prioritaire ?

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Le SNE ne rejette pas l'expérimentation du gouvernement concernant l'éducation prioritaire. Notre syndicat pense qu’elle ne va pas assez loin. Nous serons attentifs à sa mise en place et nous donnerons notre avis lors du grenelle de l'éducation concernant les indicateurs nationaux.

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Nous serons également vigilants à ce que les enseignants ne soient pas les grands perdants de cette réforme. Aucune réforme ne peut réussir si elle s’effectue au détriment des enseignants.
 

Matthieu Verdier

Secrétaire général SNE

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