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ACTUALITÉS NATIONALES

9 mars 2021

École inclusive : pas à n’importe quel prix

Un principe de bienveillance qui pèse lourd

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« L’inclusion scolaire est un principe visant à répondre aux besoins spécifiques de chaque élève afin d’assurer son accès à la scolarisation de la maternelle au lycée. Cette approche a été adoptée par le système éducatif français suite à la loi de refondation de l’école de 2013. Elle applique au domaine scolaire l’orientation prise par la loi de 2005 pour l'égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.

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Elle s’appuie sur deux principes posés par la loi de 2005 (l’accessibilité et la compensation) et s’adresse à tous les élèves à besoins éducatifs particuliers (enfants en situation de handicap, en grande difficulté scolaire, à haut potentiel, allophones, malades...). » (Wikipédia)

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Dans l’absolu, l’inclusion est un principe auquel le SNE souscrit, si tant est que l’on s’en donne les moyens. Malheureusement, dans les faits, il n’en est rien. 

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Les enseignants donnent sans compter et sans recevoir de reconnaissance de leur investissement pour aider un ou plusieurs élèves en situation de handicap. Souvent, l’autoformation est de mise car aucune aide n’est apportée par l’employeur. L’enseignant est seul, isolé et se trouve régulièrement en situation de grande détresse professionnelle.


 

Une aide humaine indispensable

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Lors du Comité Technique Ministériel E.N. du 17 mars 2021, le ministère a présenté des chiffres qui montrent une augmentation régulière du nombre d’élèves accompagnés d’une AESH. Quel que soit le nombre d’heures attribuées, sans AESH, il n’est pas d’inclusion réussie.

 

Sans l'accompagnement dont ils ont besoin, les élèves en situation de handicap souffrent. Leur situation impacte également les autres élèves de la classe et leur enseignant

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Pour le SNE, il est crucial que tous les élèves qui ont un besoin reconnu d'accompagnement par un AESH puissent en bénéficier dès la mesure prononcée et ce sur la totalité de l’horaire préconisé.

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Aujourd’hui, les délais d’obtention sont longs (jusqu’à 2 ans parfois) et l’aide nécessaire n’arrive parfois jamais car d’autres enfants sont prioritaires. 

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L’avènement des AESH a eu une conséquence fâcheuse : la disparition des AVS. Or, contrairement aux AESH, les AVS pouvaient être nommées pour des élèves porteurs de dyspraxie, dysorthographie... importantes. Les élèves dans ces situations n'ont aujourd'hui plus de possibilité de bénéficier d'une aide humaine.

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Pour le SNE, il existe là une injustice flagrante. Il est indispensable que tous les élèves puissent recevoir l’aide dont ils ont besoin pour réussir. Pour notre syndicat, l’inclusion des élèves porteurs de handicap ne peut être considérée comme réussie si elle a lieu au détriment d’autres élèves. 

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La dure condition d’AESH

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La condition et les missions des AESH sont définies par la circulaire n° 2017-084 du 3 mai 2017 et par la circulaire n° 2019-090 du 5-6-2019.

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« Les AESH sont des agents contractuels de l’État recrutés par contrat de droit public. Leur contrat, d’une durée de trois ans, est renouvelable une fois, avec la possibilité d'obtenir à terme un contrat à durée indéterminée.

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Les missions de l'AESH sont précisées dans le projet personnalisé de scolarisation (PPS) et dans le guide d'évaluation des besoins de compensation en matière de scolarisation (GEVA-Sco) de chaque élève en situation de handicap. » (education.gouv)

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Ces personnels sont désormais rattachés aux PIAL (Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés) et leur temps de travail est décortiqué pour être « mutualisé » au maximum. Autrement dit, ce sont des personnels sous payés, exploités, dispatchés parfois sur plusieurs écoles et plusieurs élèves et qui ne sont pas toujours formés (c’est l’enseignant qui se retrouve souvent à être formateur). 

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Leurs contrats sont précaires et l’enfant à charge ainsi que le lieu d’exercice est parfois connu le jour de la pré-rentrée (ou en cours d'année) ce qui n’aide en rien.

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Lors du CTMEN du 17 mars 2021, le ministère a présenté des chiffres qui montrent une augmentation régulière du nombre d’élèves accompagnés d’une AESH.

 

Pour le SNE, dans les conditions actuelles, il reste difficile pour les AESH d’exercer sereinement leur mission auprès des élèves auxquels ils sont rattachés. Une véritable position stable, des conditions de travail pérennes, une réelle formation et une rémunération décente manquent encore pour aboutir à faire des AESH des personnels reconnus.


 

L’instauration des PIAL (Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés)

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Ces structures ont été progressivement mises en place depuis la rentrée 2019. Elles sont appelées à se développer sur tout le territoire jusqu’en 2022. Aujourd’hui, 78 % des écoles font partie d’un PIAL (chiffres du ministère de mars 2021). Les PIAL sont placés sous l’autorité de l’IEN.  C’est de ces pôles que dépendent les AESH. 

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La mission d’un PIAL, sous l’égide d’un coordinateur, consiste à répartir les emplois du temps des AESH en fonction des demandes et de déterminer le quota horaire de chaque élève. C’est le lieu où les parents peuvent se renseigner pour inscrire un enfant porteur de handicap à l’école.

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Les PIAL mobilisent l’ensemble des personnels de l’équipe pédagogique et éducative avec pour objectifs d’identifier les besoins des élèves. A terme, les PIAL devraient bénéficier de l’appui des professionnels médico-sociaux coordonnées en pôle ressource.

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C’est une bonne idée qui nécessite des moyens à la hauteur. Pour être efficace, un PIAL doit être doté d'un personnel en nombre suffisant et un vrai travail d’équipe doit être mis en place.

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Il se pose aujourd’hui la question du recrutement des AESH pour pouvoir répondre aux besoins. L’organisation pose aussi problème. On trouve des classes où interviennent de multiples AESH.

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Le SNE veillera à ce que les enseignants puissent trouver dans les PIAL des réponses et des aides à leurs questionnements plutôt que de leur rajouter une couche de dossiers et de réunions stériles. Pour l’instant, le PIAL constitue une charge de travail supplémentaire pour les directeurs d’école.

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A ce titre, le SNE défend plusieurs idées qui ont été énoncées lors du Grenelle de l’Éducation qui s’est tenu lors du 4ème trimestre 2020 :

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- construire un réel projet avec la MDPH, les PIAL et les professionnels spécialisés gravitant autour de l’enfant en accord avec les familles ;

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- augmenter le nombre de réunions par an pour passer d’une à deux ou trois (sur temps scolaire avec remplacement assuré) afin de trouver à plusieurs des solutions aux problèmes et aux questions pratiques que se pose l’enseignant.

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- pouvoir bénéficier tout au long de l’année d’un suivi et d’un soutien pour l’enseignant accueillant l’élève en situation de handicap ;

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- pour l’enseignant accueillant, pouvoir bénéficier d’une classe allégée (20 plutôt que 30), être rémunéré en conséquence (prime), avoir un accès facilité à des stages de formation au(x) handicap(s) accueilli(s) d’une durée d’une à deux semaines minimum de sorte de pouvoir être moins démuni et moins seul ;

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- mettre en place dès la formation un véritable module sur les enfants porteurs de handicaps quels qu’ils soient ;

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- ne pas accepter en classe ordinaire sans aménagement des enfants relevant de structures spécialisées telles que les IME, UPI, ULIS… Il faut certes inclure mais pas au détriment de toute une classe et en dépit du bon sens ;

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- augmenter le nombre de places en IME, ULIS, SESSAD, ITEP…

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- accélérer la mise en place de moyens adaptés à l’entrée en maternelle (AESH, suivi médical…) afin de ne pas laisser un enseignant seul et ses élèves en souffrance pendant toute une année scolaire ;

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- pour les élèves ne relevant pas de la MDPH, rendre plus facilement accessible une aide du RASED, une prise en charge au CAMSP ou au CMPP ;

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- permettre aux enseignants un accès à un réseau de spécialistes (orthophoniste, ergothérapeute, pédopsychiatre…) afin de trouver des réponses à leurs questionnements concernant certains élèves en difficultés (quand la difficulté ne relève pas de la pédagogie seule).

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Aujourd’hui, le ministère se veut très optimiste sur le bilan des PIAL. Il parle d’effets visibles avec une quasi-absence d’attente pour obtenir un accompagnement, une meilleure intégration des AESH à la communauté éducative (nouveaux contrats, professionnalisation à accompagner…), de l’émergence d’une organisation en service (mobilisation des équipes pour analyser les besoins des élèves, conception de projets avec les familles).

 

L'optimisme affiché du ministère ne doit pas masquer que le sujet de l’inclusion demeure particulièrement sensible. Tous les enseignants souhaitent accueillir au mieux tous les élèves qui leur sont confiés et les aider à progresser. Pourtant, pour le SNE, il est important de rester honnête.

 

C’est pourquoi notre syndicat affirme que, en dépit des bonnes volontés, certains élèves porteurs de handicap lourd et/ou avec des comportements dangereux pour eux-mêmes ou pour les autres ne peuvent pas être inclus dans des classes ordinaires dans les conditions actuelles.

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Valérie Aman

Membre du bureau national du SNE

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