ACTUALITÉS NATIONALES
8 juin 2021
L’indemnité REP+ dessert le collectif
Le projet de circulaire qui précise les modalités de mise en œuvre de la revalorisation des indemnités en faveur des enseignants exerçant dans les écoles de l’éducation prioritaire renforcée (REP+) nous a été enfin présenté ce lundi 7 juin 2021 par le ministère lors d’un groupe de travail.
L’objectif est de porter le plafond de ces indemnités à 3000 euros nets annuels.
Ce texte arrive avec un retard d’un an, ce qui est considérable et particulièrement regrettable pour tous les collègues qui ont vocation à en bénéficier. Le SNE l’a évidemment souligné tout en reconnaissant que mieux vaut tard que jamais.
Une rémunération supplémentaire conséquente qui pose question
Les collègues qui exercent en REP + perçoivent une indemnité annuelle. Celle-ci se décompose en une indemnité fixe dont le montant passera à 400 euros net dès septembre 2021. Une indemnité variable s’ajoutera désormais à cette part fixe. Le montant de la part variable sera annualisé, modulable et contingenté.
Ainsi,
- 25% au plus des agents recevront 600 euros nets annuels (soit 1 000 euros en tout)
- 50 % auront 360 euros annuels (soit 760 euros en tout)
- 25% au moins percevront 200 euros annuels (soit 600 euros en tout).
Cette part modulable doit être versée à partir de février 2022.
Le SNE est particulièrement sceptique sur les modalités d’attribution de la part variable. Qui aura l’autorité légitime, c’est à dire le recul et l’objectivité, pour juger que telle école mérite plus que telle autre ? Sur quels critères se baseront ces décisions ? Les spectres de la subjectivité, du copinage et de l’iniquité planent déjà. Leur apparition est une situation qu’il faut à tout prix éviter.
Les enseignants ont besoin de sérénité, sérénité qu’une juste rémunération a vocation à apporter.
Une rémunération collective au mérite
La part modulable qui sera perçue sera identique pour tous les enseignants d’une école. Dès lors, elle peut devenir une source de tension au sein d’une équipe. Chaque enseignant ne pourra pas forcément s’investir davantage. Les positions de chacun auront donc des conséquences sur la rémunération de tous.
Pour notre syndicat, cette situation risque de fragiliser la cohésion des équipes.
Quitte à parler d’une rémunération au mérite, il serait plus pertinent d’envisager le mérite individuel pour l’ensemble des enseignants du premier degré.
C’est d’ailleurs pourquoi le SNE a déjà proposé au ministère un régime indemnitaire spécifique au premier degré, basé sur des critères objectifs.
Conserver les équilibres de rémunération
La recette de la REP + comporte déjà beaucoup d’éléments de satisfaction à savoir une part fixe de 5114 euros bruts par an, des classes à effectifs réduits, une pondération de 9 jours pour la formation, l’échange entre pairs et l’accueil des
familles.
Il est important de se rappeler que, selon un rapport de la DEPP, 70% des élèves en difficultés sont scolarisés dans des écoles ordinaires hors réseau. Leur prise en charge n’est pas négligeable.
Souvenons-nous aussi que le faible niveau de rémunération d’un enseignant en milieu ordinaire après 15 ans de carrière, particulièrement dans le premier degré, est pointée du doigt par l’OCDE et la DEPP.
Pour notre syndicat, il est primordial de veiller à ne pas accentuer inconsidérément le déséquilibre salarial qui existe entre les professeurs des écoles de REP de REP+ et ceux des écoles ordinaires. Trop augmenter l’écart de rémunération aboutirait à déprécier le travail mené par les collègues hors éducation prioritaire.
Dans cette même optique, le SNE milite activement pour une réduction des inégalités de traitement entre les enseignants du premier degré et second degré.
Faire entrer la comparaison dans un système génère des turbulences. Les équipes et les écoles ont au contraire besoin de stabilité et de tranquillité. Les conditions actuelles liées aux différentes crises successives sanitaires et sécuritaires ont suffisamment mis à l’épreuve le moral de chacun d’entre nous. Il est inutile de jeter de l’huile sur le feu. Mieux vaudrait s’appliquer à rassurer les professeurs des écoles en leur procurant à tous une rémunération à la hauteur du travail qu’ils font tous. Ils en ont grand besoin.
Geoffrey Capliez
Secrétaire général du SNE