ACTUALITÉS NATIONALES
23 mai 2022
Le scandale des heures supplémentaires
A grille indiciaire partagée, les professeurs des écoles et les professeurs certifiés ne perçoivent pas la même rémunération. Pourquoi ? Parce que la réalité du travail quotidien est prise en compte dans le second degré alors qu'elle est passée sous silence dans le premier degré.
Revaloriser les enseignants du premier degré passe donc par la prise en compte des particularités de l'exercice de leur profession au quotidien. C'est pourquoi le SNE, représentant exclusif du premier degré, est le seul syndicat à proposer un panel de mesures d'équité pour revaloriser spécifiquement les PE.
Le SNE vous a déjà présenté les trois premiers volet des revendications qu’il porte depuis le début des négociations sur la revalorisation de la profession d’enseignant : la prime de vie scolaire, la prime de professeur principal et la prime de multiples niveaux et / ou effectif lourd.
Cette semaine nous vous exposons ce que l'on peut qualifier de «scandale des heures supplémentaires»
Nous parlons de scandale mais le terme est même, peut-être, trop léger. D'une part ces heures supplémentaires sont très rares dans le 1er degré contrairement au 2nd degré. D'autre part elles sont beaucoup moins payées pour les professeurs des écoles que pour les certifiés. A niveau universitaire équivalent de recrutement et avec une même grille indiciaire, cette situation a de quoi choquer. Sur une année cela aboutit à une différence considérable entre les fiches de paye du 1er et du 2nd degré.
Soyons clairs : nous ne nous élevons pas ici contre le niveau de rémunération des collègues du 2nd degré mais bien contre le traitement inférieur réservé aux enseignants du 1er degré. Le scandale que nous dénonçons est de ne pas aligner les enseignants du 1er degré au niveau de salaire de leurs collègues du 2nd degré. Ce scandale résulte de l'inertie des gouvernements successifs sur cette question et du silence coupable des organisations syndicales majoritaires depuis 30 ans.
La preuve en chiffres
90 % des enseignants du second degré font au moins une heure supplémentaire annuelle (HSA). C'est à dire qu'ils dispensent 19 heures de cours au lieu des 18 heures comme prévu dans leurs ORS. Cette HSA leur est payée à l'année 1358,66 € pour les certifiés Classe Normale (CN) et 1517,36 € pour les certifiés Hors Classe (HC) ...
Dans le 2nd degré il existe également les HSE (heures supplémentaires effectives). Elles sont employées pour rémunérer les enseignants lors de remplacements de courte durée, pour les heures « devoirs faits », pour les heures supplémentaires « vie de classe », pour les stages de réussite, … Ces HSE leur sont payées 39,91 € l'heure pour les certifiés CN et 43,91 € l'heure pour les certifiés HC.
Le pré carré du second degré sur les heures supplémentaires est tel que, si c'est un professeur des écoles qui effectue ces HSE en collège (par exemple un collègue de segpa), ces heures ne lui seront alors payées que 34,21 € pour un PE CN et 36,31 € pour un PE HC. Pourquoi ?
L'injustice ne s'arrête pas là
Il existe bien quelques (très) rares possibilités de faire des heures supplémentaires dans le 1er degré : accompagnement éducatif (réservé aux écoles en éducation prioritaire contrairement au dispositif « devoirs faits » qui est accessible à tous les collèges) et stages de réussite (pendant les vacances). Pour ces heures, les enseignants du 1er degré sont payés 24,82 € l'heure pour un PE CN et 27,30 € pour un PE HC…
Le taux horaire d'une heure supplémentaire d'un collègue certifié est donc supérieur de plus de 60% à celui d'un professeur des écoles. Rappelons ici que nous sommes recrutés au même niveau de diplôme et que nous avons la même grille indiciaire. Cet écart de rémunération entre les PE et les certifiés est choquant, disproportionné et scandaleux !
Tableau récapitulatif de la rémunération des heures supplémentaires
Ce tableau fait froid dans le dos. Les enseignants du premier degré sont visiblement considérés comme des sous-profs.
Comment en est-on arrivés là ?
Il faut croire que les organisations syndicales majoritaires ont été particulièrement efficaces pour défendre les intérêts de nos collègues du second degré depuis des années ! Elles ont eu raison. Oui, tous les enseignants (1er et 2nd degrés) doivent être mieux payés.
Mais où étaient ces organisations syndicales majoritaires pour soutenir les collègues du 1er degré ?
Le SNE, syndicat exclusivement du 1er degré, revendique donc que les heures supplémentaires dans le 1er degré soient immédiatement payées au même taux que celles du 2nd degré. Il est grand temps d'en finir avec cette différence de salaire. Ce que les professeurs des écoles vivent depuis des années est irrespectueux et quasi injurieux.
Les réunions sont une autre source d’injustice qu’il faut réparer. Comment expliquer qu’un enseignant du premier degré ne bénéficie, dans le meilleur des cas, que d’une indemnité de déplacement pour aller à un conseil école-collège quand les collègues du second degré bénéficient d’heures supplémentaires ou de dispenses de cours ?
Là encore, le SNE milite pour l’égalité entre les deux degrés. Notre syndicat revendique le versement d’heures supplémentaires aux taux appliqués dans le second degré pour tous les collègues qui participent aux conseils école-collège.
Dernière "petite" différence pour la route (spéciale dédicace aux TR et collègues en service partagé) : un allègement de service d'une heure par semaine est accordé aux enseignants du 2nd degré qui effectuent leur service sur 2 communes différentes ou sur 3 établissements différents (y compris pour les TR affectés à l'année).
Oui, oui, vous avez bien lu.
Le SNE revendique donc une compensation similaire, ou sous une autre forme, pour les collègues du premier degré qui exercent un service partagé sur 2 communes différentes ou sur 3 établissements différents.
Tous ces exemples démontrent encore une fois que l'école primaire a grand besoin d'un syndicat qui défende principalement les intérêts des enseignants du 1er degré. C’est la raison principale de l’existence du SNE.