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ACTUALITÉS NATIONALES

14 juin 2022

30 minutes de sport par jour
dès la rentrée de septembre

Lors d’un déplacement le 2 juin 2022 dans une école marseillaise, Emmanuel Macron a annoncé que tous les élèves, du CP au CM2, feront une demi-heure de sport par jour dès septembre 2022. Sur quels temps ces 30 minutes seront-elles prises ? Enième usine à gaz ou dispositif simple à mettre en œuvre ? Mesure nécessaire ou effet d’annonce ? Le SNE décrypte cette initiative.

 

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Un dispositif déjà en place dans 7000 écoles en France
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C’est dans le cadre de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 que ce dispositif est né. Il était prévu une généralisation à toutes les écoles à la rentrée 2024, mais Emmanuel Macron en a fait une promesse de campagne et avancé l’échéance à septembre 2022.

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Ces initiatives sont cadrées par la circulaire du 12 janvier 2022.

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Il est étonnant qu’un dispositif testé depuis si peu de temps, et dont l’évaluation revenait à un comité de pilotage coordonné par le délégué ministériel aux jeux Olympiques et Paralympiques, soit généralisé si rapidement. L’annonce par Emmanuel Macron, et non par le Ministre, en pleine campagne d’élections législatives, conforte l’idée que des considérations politiques motivent cette précipitation.

 

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Un enjeu de santé publique mais aussi pédagogique et… olympique

 

«Cette initiative promeut le développement des capacités motrices et des aptitudes physiques des enfants, et contribue ainsi à leur donner envie de découvrir les disciplines olympiques et paralympiques.»

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C’est ainsi qu’est présenté ce dispositif par «Génération 2024», la plate-forme Education des JO de Paris, partenaire de l’Education nationale.

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Si l’excellence sportive et la compétition ne sont pas des objectifs de l’école, et encore moins la fabrication de futurs champions olympiques, il est indéniable que notre institution a son rôle à jouer du point de vue de la santé et du bien-être des élèves. En 40 ans, les jeunes ont perdu un quart de leurs capacités cardio-vasculaires et plus de 80% des enfants et adolescents français ne respectent pas les recommandations de l’OMS, à savoir pratiquer au moins 60 minutes d’activité physique par jour. L’école, qui accueille nos élèves plus de 6 heures par jour de classe, peut lutter contre leur sédentarité.

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Un autre objectif annoncé est celui de l’amélioration de la concentration des élèves, l’abaissement des tensions et une meilleure disponibilité pour les apprentissages.

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Le SNE salue bien évidemment les objectifs de santé publique et les bienfaits escomptés sur les apprentissages, à condition que ces mesures soient facilement applicables dans les écoles.

 

 

Quelles activités sur quels temps ?

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La circulaire indique que ces activités physiques quotidiennes sont à «différencier de l’EPS» et «complémentaires des 3 heures hebdomadaires d’EPS». Par ailleurs, «il est préconisé de développer les 30 minutes d’activité physique quotidienne les jours où l’enseignement de l’EPS n’est pas programmé». Il ne s’agit donc pas d’un enseignement spécifique mais bien d’activités physiques au sens large.

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Mais alors, sur quels horaires prendre ces temps d’activités sportives ? Elles peuvent être fractionnées sur la journée. Il est possible d’instaurer des «pauses actives» en classe. Dans ce cas, le temps est pris sur la matière concernée, ce qui pose question puisque le temps de classe n’est pas extensible et les horaires par matières sont déjà ponctionnés par les temps de récréation qui ne sont pas prévus dans nos 24 heures d’enseignement par semaine. De plus, avec l’accumulation des enseignements de ces dernières années (prévention routière, cycles natation, informatique, premiers secours…), les semaines de nombreux collègues ressemblent à une éternelle course contre la montre pour boucler les programmes.

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Cependant, la circulaire indique la possibilité d’utiliser «les temps de récréation grâce à des pratiques ludiques», ou encore «les temps périscolaires».

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Il devient alors évident qu’en mettant ces temps de récréation et périscolaires à profit, la plupart des élèves pratiquent déjà cette demi-heure d’activité physique. Leur fournir des ballons, cordes à sauter ou autre matériel pendant les récréations et temps de cantine ou de garderie, organiser des espaces de jeux suffirait donc à mettre en place cette mesure dans nos écoles.

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Le SNE se réjouit de la souplesse accordée aux écoles et de la possibilité de ne pas amputer davantage les temps d’apprentissage. Néanmoins, la mise en scène de l’annonce présidentielle parait bien disproportionnée au regard du contenu de cette initiative. Il se dit qu’au moment de cette annonce, le Mistral qui soufflait déjà se serait brusquement renforcé…

 

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Des questions pratiques en suspens

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Certaines interrogations devront cependant trouver des réponses avant la mise en œuvre accélérée de septembre. Tout d’abord, en terme d’infrastructures, certaines écoles sont moins dotées que d’autres. La multiplication des créneaux peut parfois coincer par manque d’espace, notamment les jours de pluie.

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Par ailleurs, concernant le matériel, les écoles ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Pour compenser, Génération 2024 avait prévu de fournir un kit sportif à toutes les écoles qui s’engageaient dans le projet. Avec la généralisation du dispositif à toutes les écoles de France, cette dotation sera-t-elle encore garantie ?

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Pour conclure, le contraste entre l’affichage politique de cette mesure présidentielle et sa relative inconsistance peut prêter à sourire. Néanmoins, cette initiative a tout de même le mérite de mettre l’accent sur la nécessité pour nos élèves de bouger. Par ailleurs, la souplesse de sa mise en place ne représente pas une contrainte supplémentaire en termes d’organisation et d’emploi du temps. Après des années de complexification de nos métiers, les enseignants et directeurs aspirent en effet à un retour à la simplicité.

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