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ACTUALITÉS NATIONALES

23 novembre 2023

Vers une refonte de l’éducation prioritaire ?

Depuis la création en 2014 des deux dispositifs REP et REP+, aucune remise à plat de la carte des réseaux n’a été réalisée malgré une révision prévue en 2019.

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Le rapport N° 1524 de M. Chudeau et Mme Carel, déposé à l’assemblée le 12 juillet 2023, essaie d’apporter des éléments de réflexion sur le sujet et amènera peut-être des modifications prochaines sur le fonctionnement de l’éducation prioritaire. L’objectif serait de réduire les inégalités sociales et culturelles.

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Panorama de l’éducation prioritaire en France
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Dans le premier degré, 1,114 millions d’élèves (20% du nombre total) sont scolarisés dans un réseau d’éducation prioritaire. Ces élèves sont répartis dans 4 174 écoles en REP et 2 462 en REP+. Parmi ces élèves,  58% d’entre eux sont issus des milieux défavorisés, contre 31% hors éducation prioritaire (HEP).

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En 2021, l'effectif moyen par classe est de 17,5 en REP+, 18 en REP et 22,9 en école HEP.

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Le contenu des mesures en faveur de l’Education Prioritaire (EP) s’est traduit par :

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  •  le dédoublement des CP et CE1 depuis 2017 et en GS depuis 2020

  • un régime indemnitaire spécifique

  • un accompagnement et une formation spécifiques

  • des bonifications spécifiques dans le cadre de la mobilité

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Le coût total de ces mesures avoisine 2,3 milliards d’euros. Il comprend la création de 16 686 ETP (emplois temps plein) d’enseignants.

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Avancer vers l’éducation prioritaire de demain

 

Le document présenté aux députés met en exergue la difficulté de garantir le principe d’égalité, sans évaluer ni analyser objectivement l’efficacité de la mise en œuvre. Selon lui, il est temps d’engager une réflexion sur le périmètre de l’éducation prioritaire car la carte est inadaptée et date un peu (presque 10 ans).

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Un des éléments d’appui  de cette étude est le résultat aux évaluations nationales. La réduction des écarts avec les écoles HEP est amorcée en REP+ (6 points). En revanche en REP, c’est nettement moins significatif. Les inégalités demeurent malgré les moyens importants mis en œuvre.  Cependant, selon le rapport, il est nécessaire de maintenir les efforts budgétaires sur une durée de 12 ans (un cycle d’enseignement complet de la scolarité obligatoire) afin de se rendre compte de l’efficacité ou non des dispositifs avant de les pérenniser, les modifier ou les supprimer, d’autant plus que la période dite « COVID » a fortement impacté la mise en œuvre.

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Pour le SNE, cette approche cohérente et pragmatique va dans le bon sens .

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Par ailleurs, il est souligné que l’encadrement renforcé (une des mesures phare) a permis l’amélioration du climat de classe, a favorisé l’acquisition du langage par une interaction plus fréquente entre l’élève et l’enseignant et facilité la différenciation pédagogique permettant ainsi une meilleure compréhension des élèves.

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Preuve est donc établie, pour ceux qui en doutaient encore, que le nombre d’élèves par classe influe sur le potentiel de réussite de tous, et notamment sur celui des élèves qui rencontrent des difficultés. Au SNE, éducation prioritaire ou pas, nous pensons qu’il est impératif de sortir du paradigme qui consiste à soutenir que toute réussite ou tout échec des élèves relève uniquement du travail de l’enseignant. Le contexte d’enseignement y est évidemment pour beaucoup. En cela, il nous semble pertinent de libérer les énergies au niveau des équipes de toutes les écoles. Pour certaines activités, on pourrait par exemple réduire significativement le nombre d’élèves puis revenir à un groupe classe plus conséquent pour d’autres (chorale, EPS, …).

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En Education Prioritaire, cette manière de fonctionner préparerait la transition entre le CE1 et le CE2 où, brutalement les élèves se retrouvent dans des classes aux effectifs bien plus chargés. Le regroupement des classes dédoublées de même niveau, dans certaines disciplines, permettrait également de dégager un enseignant pour prendre en charge d’autres élèves dans différentes classes selon un projet bien déterminé.

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Le rapport préconise l’organisation d’assises nationales sur l’éducation prioritaire pour avancer sur le sujet.

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Le SNE soutient ce projet.

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La refonte des réseaux

 

Le rapport souligne que la carte des réseaux est restrictive et inappropriée. Pour la repenser, le rapport reprend certaines de nos revendications :

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Partir de l’école et non plus du collège du secteur  pour obtenir les moyens.

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Cela permettrait de résoudre le problème des écoles dites « orphelines » c’est à dire dont l’IPS (indice de position sociale) est caractéristique de l’éducation prioritaire mais qui ne bénéficient d’aucune aide parce que le niveau social de la population qui fréquente le collège de secteur ne le permet pas.

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Redéfinir les critères d’attribution des moyens, en intégrant, en plus de l’IPS, le critère de ruralité par exemple.

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Selon le rapport, l’école ne doit pas être seule pour garantir l’objectif de réduction des inégalités. Elle doit être accompagnée par des partenaires du secteur médico-social. Chaque école pourrait être dotée d’une équipe rattachée, composée de professionnels de santé, de travailleurs sociaux, d’orthophonistes…

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Le SNE partage cette idée. Pour notre syndicat, plus encore qu’en éducation prioritaire, au vu des difficultés que l’école inclusive fait peser sur les équipes, c’est chaque école de France qui devrait pouvoir bénéficier du soutien d’une équipe pluridisciplinaire.

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Le document préconise également le dédoublement des classes de PS et MS en REP+, ainsi qu’une scolarisation dès 2 ans en EP car l’apprentissage précoce du langage est gage de réussite scolaire.

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Cette proposition enfonce une porte ouverte et une fois encore, on retrouve l’idée que la réduction des effectifs  par classe contribue à l’amélioration des résultats scolaires. Le SNE milite pour une réduction des effectifs par classe dans toutes les écoles de France.

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Une évolution en douceur

 

Le rapport précise que le changement à opérer dans la distribution des moyens ne devra évidemment pas se dérouler brutalement. Il nécessitera une évaluation préalable qui déterminera si telle ou telle école entre ou sort du dispositif. Le but n’est pas de rester indéfiniment en EP bien au contraire. Dans ce rapport, la sortie est évoquée par la mise en place d’une phase de transition de 3 ans avec une conservation des moyens.

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Évoluer en douceur pour tenir compte des réalités locales et permettre une sortie en douceur de l’éducation prioritaire nous semble juste et pertinent.

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Au SNE, nous ne croyons pas à la fatalité, nous faisons confiance aux équipes qui œuvrent au quotidien auprès de leurs élèves. La réussite existe et doit être encouragée.

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Le SNE retient de cette présentation que la condition sine qua non à la réussite de tous les élèves, c’est la prise en compte de l’humain. Elle est dans notre ADN syndical. Le bien-être de l’enseignant est le prérequis essentiel à l’apprentissage des élèves, même l’UNESCO le soutient. Vous pouvez compter sur nous pour relayer et défendre cette philosophie dans chaque instance ou réunion où nous siégeons.

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