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ACTUALITÉS NATIONALES

7 février 2024

Rémunération et conditions de travail,
la balle est dans le camp du ministère

Gabriel Attal, ancien ministre de l’Éducation nationale et actuel Premier ministre a prononcé récemment sa déclaration de politique générale au Sénat et à l'Assemblée nationale.

 

Ses mots concernant l'école sont forts et le ton est juste. Bien évidemment, ce discours n'est pas exhaustif mais de bonnes intentions y sont présentes. Pour les concrétiser, il faudra toutefois un ministre de l’Éducation à la hauteur de la tâche.

 

Le SNE ne se berce pas d'illusions et n’est pas naïf. Combien de belles paroles avons-nous déjà entendues sans que rien ne bouge ? Nous jugerons donc les actes.

OSEZ LE CHOC REMUNERATOIRE.001.png.001.png.001.png

 

Voici cinq extraits de la déclaration du Premier ministre :

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1er extrait :

 

«Le réarmement de nos services publics, c’est le réarmement de notre école. Aujourd’hui, les parents s’inquiètent du niveau scolaire et les enseignants ont le sentiment de ne plus avoir les moyens de faire progresser leurs élèves.

La réponse, c’est d’abord le choc des savoirs. C’est faire en sorte que l’école ne soit pas un escalator, qui permettrait de passer de classes en classes, automatiquement. C’est pourquoi nous avons redonné le pouvoir de décisions aux enseignants pour les redoublements.»

 

Ce n'est pas qu'un sentiment de la part des enseignants mais bien une réalité.

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Concernant les redoublements, mot tabou et honni il y a peu par beaucoup, les enseignants subissent encore des pressions inacceptables de la part de nombreux IEN. Ce n'est ni par méchanceté ni par fainéantise que les enseignants proposent un redoublement mais bien parce qu'ils considèrent que cela pourrait être utile. Le redoublement en maternelle reste soumis à un dossier «handicap». Il faudrait que l'administration admette néanmoins que certains élèves ont besoin d'une année supplémentaire en maternelle sans être pour autant reconnus en situation de handicap.

 

Monsieur le Premier ministre, nous comptons sur votre autorité pour faire cesser ces attitudes de certains de vos inspecteurs ainsi que pour assouplir la règle du redoublement en maternelle.

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2ème extrait :

 

«J’ajoute que pour apprendre, nos élèves doivent avoir des enseignants devant eux.»

 

Une lapalissade qui méritait pourtant d'être dite. Oui, pour apprendre, les élèves ont besoin d'enseignants et oui, il y a trop d'absences encore non remplacées même si les enseignants sont plutôt moins absents pour maladie que la moyenne des salariés. Il y a donc un problème d'organisation et d'effectif. La situation est récurrente depuis de trop nombreuses années et aurait tendance à s’aggraver.

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La solution du gouvernement avec le Pacte (heures de remplacement) est possible dans le secondaire mais concernant le 1er degré, cela ne change absolument rien. Quand un enseignant n'est pas remplacé, les élèves sont répartis dans les autres classes au détriment des apprentissages de tous. Dans certains cas extrêmes, des directeurs assurent le remplacement lors de leur jour de décharge de direction. Tout ceci n'est pas acceptable.

 

Monsieur le Premier ministre, nous vous demandons de trouver, avec le ministre de l'Éducation, une solution à ce problème manifeste.

 

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3ème extrait :

 

«Pour réarmer notre école, nous avons besoin d’élèves heureux. C’est pour leur bien-être que nous luttons pied à pied, sans relâche, contre le harcèlement

 

La mise en place du programme pHARe dans les écoles et les circonscriptions est une bonne chose.

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Le SNE met toutefois en garde sur le fait que tout n'est pas «harcèlement» et qu'il faut faire attention à ne pas se laisser envahir par le processus. Il faut être vigilant, certainement plus qu'avant, mais il faut être également raisonnable. La MPP (Méthode de la Préoccupation Partagée) est devenue l'alpha et l’oméga de la lutte contre le harcèlement. Il ne faut pas non plus oublier les sanctions même si ce terme fait encore mal aux oreilles de certains.

 

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4ème extrait :

 

«C’est pour le bien-être de tous les élèves, que nous bâtissons une société inclusive, avec une école inclusive. Pour nos enfants en situation de handicap, l’État prendra désormais en charge les salaires des AESH sur la pause de midi.»

 

Voici une proposition de loi intéressante, pertinente et adaptée. Le SNE y souscrit totalement, si le taux horaire est au moins égal à celui pratiqué pour la surveillance par la collectivité.

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Actuellement certains parents ne peuvent pas mettre leur enfant à la cantine faute d'aide humaine.

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De plus cela pourra permettre, nous l'espérons, à certains AESH volontaires d'augmenter leur nombre d'heures sur leur contrat et de ce fait d'avoir une meilleure rémunération.

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L'inclusion est un concept noble. Il est dommage que notre ministère, depuis des années, s'emploie à le dévoyer. Tous les enseignants ont à cœur l'inclusion, mais une inclusion dans de bonnes conditions.

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Trop souvent, l'inclusion des élèves porteurs de handicap est en mode dégradé (manque de place en ULIS, manque de temps d’accompagnement par un AESH, …). Ces inclusions en «mode dégradé» sont contre-productives pour tous.

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Dans certains cas l'inclusion est forcée et inadaptée. Le SNE, depuis longtemps, reconnaît que certains enfants, compte tenu de leur pathologie, n'ont pas leur place (au moins pour un temps) au sein d'une structure dite «ordinaire». Le manque de place en institut spécialisé est criant. C'est alarmant et dramatique.

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L'inclusion forcée et inadaptée est une violence inouïe faite à tous (enfant porteur de handicap, enseignant, autres élèves de la classe, AESH, familles).

 

Pour ces raisons, le SNE demande l'arrêt de l'acte 2 de l'école inclusive, la création d'instituts spécialisés et l'amendement de la loi de 2005.

 

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5ème extrait :

 

«L’autorité, c’est respecter les professeurs et nos valeurs républicaines. C’est pouvoir enseigner tout le programme, sans exception – et avoir une échelle de sanctions adaptées pour les élèves qui ne l’accepteraient pas. C’est veiller à ce que tous les élèves respectent nos valeurs républicaines : la liberté, l’égalité, la fraternité et la laïcité (...)

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L’autorité, c’est à l’école. C’est aussi dans la famille (….)

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Dès le plus jeune âge, il faut en revenir à un principe simple : « tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies, tu défies l’autorité, tu apprends à la respecter

 

Le SNE ne saurait dire mieux.

 

Les équipes pédagogiques ne doivent avoir ni honte, ni peur de faire remonter des faits inacceptables. Se faire taper, insulter ou menacer (par un élève ou un parent), subir la pression de certains parents ou de certaines administrations (municipales ou hiérarchiques), tout ceci n'est pas tolérable. Monsieur le Premier ministre, les collègues comptent sur vous.

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Le chantier qui s’ouvre à vous est vaste, complexe mais vital. Le temps des déclarations maladroites et des polémiques doit être derrière nous. Il est temps de s’atteler à mettre en place les mesures souhaitées par le chef du gouvernement.

 

Il y a manifestement un manque d'attractivité et une baisse du nombre de vocations pour notre profession. Au SNE, nous en sommes conscients depuis longtemps. Nous le regrettons mais nous ne voulons pas baisser les bras.

 

Il y a la problématique du recrutement mais pas uniquement…

 

Un nombre croissant de collègues saturent et envisagent de changer de voie. Il est malheureux de voir que notre profession attire moins et, plus encore, n'arrive plus à fidéliser ces enseignants.

 

Ces collègues, qui souhaitent quitter l’Éducation nationale, ne reconnaissent bien souvent plus leur école. Bien évidemment, le peu de reconnaissance financière, notamment dans le 1er degré, entame leur moral mais la principale raison est la détérioration des conditions de travail.

 

Plus que d'idéologie, les enseignants ont besoin de pragmatisme dans leur métier. Les enseignants ont besoin de confiance et de respect. Ils ont besoin de bienveillance de la part de la hiérarchie. Oui, la bienveillance ne doit pas s'appliquer qu'aux seuls élèves. Les collègues ont besoin de votre protection et de votre appui sans faille.

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