ACTUALITÉS NATIONALES
2 avril 2024
A votre bon cœur…
Dans le premier degré, nous sommes des enseignants polyvalents, supposés capables d’enseigner depuis les subtilités de notre belle langue jusqu’à la complexité des mathématiques en passant par la flûte de pan pour les manchots. Ou presque.
C’est dans ce contexte de presque absolu pédagogique que notre administration nous charge en ce moment, sous couvert de la promotion du sport via les jeux olympiques de 2024, de distribuer un kit pédagogique et une pièce commémorative de deux euros à tous nos élèves…
Notre syndicat a déjà exprimé sa désapprobation à ce sujet. Le côté surréaliste de demander à des enseignants de distribuer de l’argent alors que l’une de leurs premières revendications est l’augmentation de leur rémunération ainsi que celles des moyens dévolus à l'École a déjà de quoi laisser pantois. Mais le mal ne s’arrête pas là.
Comment ne pas souligner le côté superfétatoire de cette opération ? A l’heure où l’on nous explique qu’il faut resserrer tous les budgets, la France peut donc se permettre des largesses de ce type ? En quoi le fait de distribuer de l’argent aux élèves va-t-il promouvoir la pratique du sport à l’école ou ailleurs ? La pédagogie serait-elle dans la pièce ?
Plus encore, comment penser qu’une telle opération est défendable dans des écoles où les moyens manquent pour la pratique de l’EPS ? Qu’il s’agisse des budgets pour aller à la piscine voire pour un simple achat de matériel de sport, si l’argent vous manque, comment comprendre la distribution de ces kits et de la pièce qui va avec ?
Le SNE est pour la pratique du sport à l’école. Notre syndicat estime aussi que, bien loin des journées olympiques, label olympique et autres opérations de promotion du sport à l’école, cette distribution d’argent est particulièrement malvenue. Faire découvrir le sport et en promouvoir la pratique est un objectif de l'École. Assurer la publicité des jeux olympiques parce qu’ils se déroulent en France ne l’est pas.
Demander aux enseignants de procéder à cette distribution sera vécu comme une marque de mépris à leur égard et une ignorance vis-à-vis de l'École et de ses missions par de nombreux collègues. Investir deux euros par élève dans toutes les écoles de France pour faciliter la pratique du sport eût été beaucoup plus en phase avec les besoins de notre institution et de notre population. Mais le coup de communication peut-être moins retentissant.
Pour le SNE, notre haute hiérarchie montre, une fois encore, sa méconnaissance de la réalité de la profession.. Ce n’est pourtant pas faute de la lui présenter, mais il n’est pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre.