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ACTUALITÉS NATIONALES

14 mai 2024

Formation des futurs professeurs des écoles :
une nouvelle réforme pour le CRPE 2025

Durant le mois de mars, un document de travail de notre ministère présentant la réforme du CRPE a fuité. Les changements présentés dans ce document ont été entérinés par le président de la République le 5 avril 2024.

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À l’heure actuelle, le CRPE se situe en fin de Master MEEF2, soit à Bac+5. Dans le nouveau scénario, le concours se trouverait à Bac+3. Néanmoins, la durée totale du parcours de formation resterait inchangée, soit 5 ans.

 

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Préparation et accès au concours
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Pour accéder au CRPE, les nouveaux bacheliers pourraient intégrer une licence mention «préparation au professorat des écoles» (LPPE) ou une licence disciplinaire autre.

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Durant cette licence pré-professionnalisante dispensée par les universités, dont les lauréats représenteraient 80% des effectifs du concours externe, les étudiants verraient leur temps d'étude partagé entre 50% de cours disciplinaires (français, mathématiques, sciences, histoire-géographie...), 30% de cours portant sur la pédagogie (didactique des disciplines, pédagogie générale, …) et 20% pour des stages sur le terrain. Durant ces deux premières années de licence (L1 et L2), des tests normalisés seraient organisés en fin d’année. Si ces tests étaient réussis, ils permettraient aux étudiants d’être exemptés de l’épreuve d’admissibilité lors du concours, en fin de 3ème année de licence (L3).

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En ce qui concerne les étudiants issus d’une voie complémentaire (au plus 20% des effectifs du concours externe), ils pourraient suivre des modules de préparation au concours mais ne pourraient pas être dispensés d’épreuve.

 

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Structure du concours

 

Le concours se déroulerait en deux parties : les épreuves d’admissibilité et les épreuves d’admission.

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Les deux épreuves d’admissibilité (à l’écrit) porteraient sur la vérification de la maîtrise des savoirs fondamentaux en français, en mathématiques et dans les autres disciplines. Pour rappel, les étudiants ayant suivi le cycle préparatoire (LPPE) seraient dispensés de ces épreuves sous la double condition d’avoir atteint la L3 et réussi des tests en L1 et L2.

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S’ensuivraient les deux épreuves d’admission (à l’oral) : un exposé disciplinaire en mathématiques ou en français où serait évaluée la capacité d’expression et de réflexion du candidat, suivi d’un échange ainsi que d’une appréciation de la motivation, de la capacité à se projeter dans le métier et à transmettre et incarner les valeurs de la République.

 

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Après le concours

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Après la réussite du concours, les lauréats intégreraient les ENSPE (Ecoles Normales Supérieures du Professorat), pour une formation de 2 ans, conduisant au Master 2. Ils deviendraient des «élèves fonctionnaires» puis des «fonctionnaires stagiaires»

En Master 1, la formation serait axée autour du renforcement professionnel pour 63% du temps (approfondissement en didactique et pédagogie des matières enseignées au primaire…) et serait complétée par de la pratique accompagnée avec 1 jour ½ par semaine de stage. Le salaire de ces «élèves fonctionnaires» serait de 900€ nets/mois.

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En Master 2, la mise en responsabilité devant la classe passerait à 50%, soit 2 jours par semaine, et le reste du temps, il s’agirait de faire du renforcement professionnel autour des situations particulières, de la gestion de conflits, de l’inclusion… Le salaire de ces «fonctionnaires stagiaires» s’élèverait à 1800€ nets/mois. Le mémoire de fin de Master resterait d’actualité.

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A la fin de cette 2ème année, les fonctionnaires stagiaires seraient titularisés sous réserve de l’obtention de leur Master et de l’avis sur les périodes de Stages d’Observation et Pratique Accompagnée (SOPA) et de mise en responsabilité.

 

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Calendrier de la mise en place de la réforme

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Cette réforme devrait être mise en place dès la rentrée 2024, pour le CRPE 2025. Une période transitoire s’étalerait jusqu’en 2027. Les étudiants en licence devraient avoir accès à des modules complémentaires pour préparer le concours 2025.

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En 2025, le concours au niveau licence ainsi que le concours en fin de M2 pour les étudiants de l’ancien système cohabiteraient. Les licences LPPE devraient également s’ouvrir.

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En 2026, la licence L3 serait ouverte à son tour.

 

Le SNE accueille cette nouvelle avec intérêt. En effet, nous y voyons plusieurs points positifs :

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- L’entrée progressive dans le métier nous semble être une mesure positive. Elle permettrait d’une part aux candidats de prendre conscience des réalités du métier et d’acquérir de meilleures compétences professionnelles. D’autre part, des collègues expérimentés volontaires pourraient assurer une mission d’encadrement de ces jeunes collègues.

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- La place du concours et le fait de percevoir une rémunération en M1 et M2 offriraient des conditions d’études plus confortables aux jeunes collègues qui commenceraient ainsi à cotiser pour leur future retraite. Avec l’allongement des carrières, cela n’est pas à négliger.

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Plusieurs points méritent d’être clarifiés :

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- Pourquoi établir un ratio pour le concours de 80% d’étudiants issus de LPPE contre 20% qui viendraient d’autres licences? Cela pourrait avoir l’effet pervers de rebuter les candidats qui viendraient de licences disciplinaires. Par ailleurs, la répartition aurait plus de sens si elle était effectuée sur les résultats obtenus aux épreuves d’admission du concours. 

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- Que va devenir un étudiant ayant suivi le parcours LPPE qui échouerait au concours ou se rendrait compte, en cours de parcours, qu’il s’est trompé de voie? Il se retrouverait sans diplôme autre que le Bac et risquerait d’avoir perdu jusqu’à 3 ans…

 

Point négatif, le SNE craint que cette proposition puisse éventuellement entraîner un déclassement des PE : en recrutant à Bac+3, comment ne pas redouter un retour en arrière préjudiciable dans les comparaisons avec les autres
professions? Et même si les catégories venaient à disparaître, il peut paraître normal qu’un personnel recruté à Bac+3 soit moins rémunéré qu’un personnel à Bac+5. Ce déclassement ferait-il que les enseignants seraient de facto considérés comme rémunérés à une juste hauteur? Ne serait ce pas aussi une façon d’enterrer une fois pour toutes la revalorisation demandée depuis plusieurs années?

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Notre syndicat remarque que ce déclassement concernerait aussi nos collègues certifiés du second degré. Ce triste constat d’atteinte généralisée à la profession d’enseignant ternirait grandement ce que cette réforme a de positif dans l’évolution du contenu de la formation et dans le fait de rémunérer les futurs collègues. L’objectif d’attractivité accrue risque d’être une nouvelle fois raté…

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N’oublions pas que cette crise du recrutement trouve d’abord son origine dans la dégradation des conditions de travail et du pouvoir d’achat (les statistiques de l’admissibilité au CRPE externe 2024 et la situation très préoccupante de certaines académies le démontrent une nouvelle fois). Et si on allait au bout des choses pour une fois?

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