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ACTUALITÉS NATIONALES

7 novembre 2024

Absentéisme :
soigner le budget en cognant sur les malades

Le projet de budget discuté actuellement à l’Assemblée nationale envisage des mesures visant à aligner le régime des arrêts maladies du secteur public sur celui du secteur privé.  La volonté d’économiser à tout crin est là. Celle de réduire les arrêts maladies s’ensuit. Pour légitimer les mesures qu’il envisage, le gouvernement opère de violents raccourcis avec la réalité. Ce faisant, il se propose de sanctionner certains agents publics, notamment les enseignants, alors qu’ils sont tout autant présents à leur poste que les salariés du privé. Une manière singulière de défendre une profession.

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Pourquoi s’en prendre aux agents publics ? 

 

Le gouvernement motive son action sur un rapport de l’Inspection générale des Finances de juillet 2024. Il en retient le résumé le plus succinct :  «en moyenne 14,5 jours d’absence pour raison de santé dans l’année par agent public contre 11,7 jours par salarié du secteur privé». Dès lors, la volonté est affirmée, il faut que les agents du secteur public soient moins absents. Pour ce faire, le gouvernement suggère donc de passer de 1 jour de carence à 3 et de ne rémunérer les jours suivants qu’à hauteur de 90 % pendant trois mois.

Le raisonnement est simpliste. Moins bien indemnisés, les agents seront moins absents, il y aura moins besoin de les remplacer, les services fonctionneront mieux et tant pis si les malades viennent au travail, quitte à contaminer les personnes en bonne santé. Le principe de précaution sanitaire n’est plus d’actualité.

Économie escomptée : 1,2 milliard €.

Respect de la condition humaine : zéro pointé.

 

Le SNE signale tout d’abord que, s’agissant de la fonction publique, le gouvernement n’envisage aucune prise en charge des jours de carence ou de l’éventuelle diminution de rémunération. Celles-ci existent pourtant pour 70 % des cadres du secteur privé, les équivalents socio-professionnels des enseignants. Encore une fois, l’égalité privé/public n’est envisagée qu’à l'aune du pire pour les personnels de l’Education nationale.

 

La conséquence la plus effarante, c’est qu’en frappant toute la fonction publique, le gouvernement s’apprête à sanctionner ses agents les plus vertueux. En effet, le nombre de jours d’absence moyen sur lequel il s’appuie est une moyenne évoquée en préambule du rapport. L’IGF indique d’ailleurs immédiatement après qu’elle recouvre des situations très différentes, selon les fonctions publiques et les agents envisagés.

 

 

Les enseignants sont pourtant très présents au travail

 

Qui n’a pas vu un collègue venir travailler en étant malade ? Qui n’a jamais dit à un collègue visiblement au bout de ses forces de quitter l’école pour aller consulter un médecin ? Vous pensez, comme le SNE, que les enseignants viennent travailler contre vents et marées ne serait-ce que parce qu’ils ne veulent pas mettre leurs collègues en difficulté s’ils ne sont pas remplacés ? Vous avez raison.

 

L’IGF l’indique très clairement. L’absentéisme des enseignants pour raison de santé est exactement le même que celui des salariés du privé, soit environ 11 jours par an. Dès lors, pourquoi imposer des conditions d’arrêts plus strictes aux enseignants ?

 

Pour le SNE, les pistes à creuser pour diminuer l’absentéisme sont plutôt celle de la création d’une médecine du travail pour les enseignants, comme elle existe dans le privé, et celle de l’amélioration de leurs conditions de travail afin de les protéger au mieux physiquement et moralement.

 

Cette nécessité est pourtant criante. En effet, selon le rapport de l’INSEE du 17 juillet 2024, les enseignants en éducation prioritaire sont plus souvent absents que ceux qui exercent en milieu «ordinaire», ceci en raison de conditions de travail plus rudes

 

Pour le SNE, il serait beaucoup plus intéressant de s’attaquer à la cause des arrêts de travail. Notre profession exige un contact avec le public, avec de jeunes enfants qui viennent trop souvent à l’école en étant malades. Les enseignants sont donc particulièrement exposés à la maladie. Malgré cela, ils sont aussi présents au travail que les salariés du privé. Sanctionner les enseignants pour cela n’améliorera ni leurs conditions, ni l’attractivité de la profession. Pour notre syndicat, le gouvernement fait fausse route. Nous le lui avons évidemment signalé.

 

Le SNE relève aussi que, selon l’INSEE, : «L’augmentation des jours travaillés à la suite de l'application du jour de carence ne traduit pas nécessairement une réduction des absences qui seraient injustifiées. En effet, l'introduction du jour de carence peut encourager les personnes malades à travailler.»

 

Le jour de carence a donc dégradé les conditions de travail sans produire d’effet significatif sur les absences injustifiées. Sanctionner les agents irréprochables soignera peut-être le budget de l’État, mais aggravera l’état de santé de la profession d’enseignant. Pour le SNE, les mesures envisagées vont à l’encontre du bon sens.

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