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ACTUALITÉS NATIONALES

10 mars 2025

Inclusion : les PAS,
une proposition qui ne répond pas aux problèmes

Lors de la réunion du Comité National de Suivi de l’Ecole Inclusive (CNSEI) du lundi 24 février 2025 à Paris, notre syndicat avait eu l’occasion d’attirer l’attention des personnes présentes sur les limites de l’inclusion telle qu’elle est pratiquée aujourd’hui. Nous vous proposons de découvrir la réponse qui nous fut apportée.

 

Réponse de madame la ministre et présentation des Pôles d’Appui à la Scolarité (PAS)
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Madame la ministre de l’Education nationale a affirmé «Nous n’ignorons pas les difficultés rencontrées par les enseignants et nous ne les laisserons pas sans réponse ni sans solution. Il est nécessaire de faire appel à des professionnels extérieurs, voire d’extraire les élèves à comportement problématique lorsque cela est nécessaire.»

Le SNE salue la prise de conscience de notre ministre. Nous soutenons sa position volontariste et nous attendons à présent des actes, des réponses concrètes et pragmatiques pour améliorer sans attendre le climat scolaire dans certains établissements et permettre aux enseignants d’exercer normalement leur métier.

 

Après une expérimentation menée dans 4 départements pilotes depuis septembre 2024 (l’Aisne, L’Eure et Loir, la Côte d’Or et le Var), le Ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse entend étendre le dispositif PAS à l’ensemble du territoire.

D’ici 2027, tous les pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL) sont appelés à devenir des pôles d’appui à la scolarité (PAS). Ils seraient dirigés par un binôme (enseignant et éducateur spécialisé) et pourraient mobiliser des professionnels médico-sociaux (orthophonistes, ergothérapeutes, masseurs-kinésithérapeutes, psychomotriciens, psychologues).

Ces pôles ont vocation à accueillir les familles, à accompagner les élèves en situation de handicap, mais aussi les élèves à besoin particuliers (EBEP). Ils détermineront les accompagnements pédagogiques à mettre en œuvre. Les pôles se chargeront également de l’accès et de l’attribution de matériel scolaire adapté et mobiliseront les personnels pour accompagner et soutenir chaque élève.

Un premier bilan partiel a été fait dans l’Aisne. Les principaux avantages recensés par les utilisateurs sont les suivants :

  • Le délai de traitement des demandes (réponse sous 48h par mail ou téléphone) et des aménagements (15 jours pour proposer une aide)

  • Des aménagements et des aides humaines peuvent être fournis sans attendre la réponse de la MDPH pour faire face à des problèmes de troubles du comportement par exemple.

  • Les enseignants sont rassurés (prise en charge rapide), écoutés (pas de jugement des adaptations déjà mises en place), remotivés (travail collaboratif)

  • L’idée est de passer de la compensation à l’accessibilité universelle. Les propositions diffèrent de celles du PIAL et sont plus aidantes.

  • Plusieurs niveaux d’aide sont proposés : ressources numériques, matériel (stylo lecteur, casque antibruit, dictaphone, ordinateur), …

 

Notre avis 

Les PAS ne constituent pas une solution magique mais une aide aux collègues en difficulté. A ce titre, ils semblent présenter un intérêt. Toutefois, plusieurs difficultés apparaissent déjà :

 

  • L’école va devoir travailler main dans la main avec les services socio-éducatifs. La médicalisation de la difficulté scolaire va entraîner un diagnostic posé par des médecins. Les préconisations seront données aux enseignants qui devront les suivre. Ainsi, l’enseignant se verra départi de certaines de ses prérogatives, un changement qui pourrait avoir des répercussions sur le contenu des items des rendez-vous de carrière.

 

  • Le risque est important de voir se multiplier les réunions avec les différents acteurs, ce qui promet de devenir rapidement très chronophage.

 

  • Un flyer à destination des familles et des enseignants permet de scanner un QR code et d’avoir un lien direct avec les services du PAS : c’est plus lisible et facile mais cela entraîne le risque de voir se multiplier encore davantage les demandes …

 

  • La création des PAS risque d’impacter les opérations de carte scolaire, étant donné les moyens importants qu’ils vont réclamer.

 

Pour notre syndicat, la prudence est de mise. Toute aide apportée aux collègues en souffrance sera bienvenue, mais ne soyons pas dupes. Un bilan lucide devra être dressé sur l’action des PAS avant d’envisager leur généralisation ou pas, sur tout le territoire prévue pour 2027.

 

Les propositions du SNE

Notre syndicat l’a déjà dénoncé à maintes reprises : l’école ne peut résoudre, à elle seule, tous les maux de la société et, pour se donner bonne conscience, notre société se méprend elle-même sur le dossier du handicap des enfants. Ce n’est pas l’école qui doit tout aux élèves porteurs de handicap mais la société dans son ensemble.

Respecter les besoins des enfants porteurs de handicap c’est, pour la société toute entière, se mettre en capacité de répondre à leurs besoins spécifiques dans les meilleures conditions pour tous. Cela passe par la mobilisation de moyens humains suffisants. Le manque indéniable d'AESH a pour conséquence directe des conditions de travail dégradées, voire ubuesques, pour les personnels en poste dans les écoles. Pour recruter des AESH, il faudra augmenter leur salaire et rendre possible ces recrutements. La mobilisation de moyens humains est aussi une condition sine qua non pour la réussite des PAS. Sans personnel qualifié en nombre suffisant pour les gérer et pour intervenir sur le terrain, les PAS sont voués à devenir des coquilles vides et inefficaces. Cela passe aussi par la réécriture de la loi de 2005 et par l’augmentation du nombre de places dans les structures spécialisées pour ces enfants qui ne peuvent pas être élèves. Ils ont avant tout besoin d’être pris en charge pour pouvoir bénéficier d’une scolarisation qui peut n’être que partielle. Cette prise en charge devrait pouvoir être imposée aux familles. En contrepartie, il faudrait que la société aide ces parents en leur accordant des congés spéciaux, la possibilité d’un accueil en structure ou la présence d’un éducateur spécialisé.

Pour être à la hauteur de son héritage humaniste, la France se doit, au-delà des belles proclamations d’intentions, de porter un effort digne et juste en faveur de ses enfants les plus fragiles, tout en garantissant des conditions d'apprentissage favorables à tous les élèves et de travail dignes à ses personnels.

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