ACTUALITÉS NATIONALES
27 mai 2025
Direction d’école : NON à un nouveau corps !
Après la loi Rilhac ?
Nombreux sont les collègues qui se demandent ce que la loi Rilhac a apporté concrètement. Si la fonction de directeur est désormais reconnue, force est de constater que le bilan est plus que mitigé.
L’avancement accéléré de 3 mois par an, l’allègement de la rédaction du PPMS (à venir dans certains départements, ouvertement bafoué dans d’autres) et la suppression des APC ne compensent pas la lourdeur des tâches qui incombent désormais aux directeurs d’école avec le pilotage pédagogique.

Le ministère a glissé le pied dans la porte et les IEN s’y engouffrent volontiers en se déchargeant de manière parfois inappropriée sur les capitaines de navire que sont les directeurs.
"Tel événement a-t-il eu lieu ? Comment êtes-vous intervenu auprès de l’équipe ?"
"Les résultats aux évaluations sont décevants. Quelles mesures allez-vous proposer au Conseil des Maîtres pour redresser la barre ?"
"Les progressions de cycle ne sont pas suffisamment élaborées. Comment comptez-vous remobiliser les enseignants de l’école pour assurer cohérence et continuité des apprentissages ?"
Il faut se rappeler que personne n’entendait voir poindre une quelconque autorité hiérarchique lors des derniers débats sur la direction d’école. Ni les adjoints, ni les directeurs, ni les IEN… Aujourd’hui, cette autorité n’apparaît toujours pas dans les textes, et c’est heureux !
Alors faut-il revenir en arrière, balayer d’un revers de la main le travail effectué depuis plusieurs années ? Au SNE, nous pensons que non, qu’il faut au contraire s’appuyer dessus pour continuer à évoluer !
Pour notre syndicat, la loi Rilhac est certes imparfaite mais elle existe et nous semble constituer un cadre adapté pour améliorer les conditions de travail des directeurs d’école. C’est en ce sens que le SNE a rédigé, en détails, une série de mesures très concrètes qui, si le Ministère y adhère, changeront la donne.
Pour que ces revendications puissent aboutir à de réels changements, à de substantielles améliorations, il faut partir d’un cadre : nous l’avons !
Le postulat de départ est donc limpide : la création d’un nouveau corps de l’Éducation nationale pour les directrices et les directeurs d’école est inutile voire dangereuse pour le premier degré. Nous rejetons donc les préconisations du rapport de la Cour des comptes du 20 mai 2025.
Le SNE s’oppose à la création d’un corps de directeur d’école
Les directeurs, même s’ils remplissent des missions spécifiques, même s’ils sont investis d’une autorité fonctionnelle, ne doivent pas être écartés de la famille qui est la leur : le corps des professeurs des écoles. Le SNE a pour ancêtre, entre autres, le SNADE (syndicat national autonome des directeurs d’école). Le sujet de la direction d’école a toujours été au cœur des préoccupations de notre syndicat. Il l’est plus que jamais.
Longtemps, le SNE a milité pour la création d’un "statut non hiérarchique" pour les directeurs d’école. Le SNE revendiquait ce "statut", synonyme de reconnaissance d’une position spécifique, afin que les directeurs soient reconnus dans leurs missions et leurs spécificités. Or, le terme "statut" a un sens très précis en droit public. Un "statut" correspond forcément à un corps. Pour intégrer un corps, il faut nécessairement réussir un concours, et donc abandonner son corps précédent.
Militer pour un statut pour les directeurs d’école revient à militer pour des directeurs qui ne seraient pas forcément issus du corps des enseignants. Le SNE est contre une telle évolution. Notre syndicat estime que la création d’un corps de directeurs d’école serait en opposition complète avec le fonctionnement du premier degré.
Le SNE est contre la création d’un nouveau corps parce qu’un nouveau corps signifierait concrètement :
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Faire table rase de la situation actuelle : on remet en question tout ce qui existe en matière de décharges d’enseignement, d’indemnités, d’avancement, de relations avec les partenaires (IEN, mairie, familles, adjoints…). On repart d’une feuille blanche, avec visiblement en ligne de mire le fonctionnement des personnels de direction du second degré et le plus possible de regroupements d’écoles.
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Limiter les évolutions de carrière : on ne peut pas appartenir à deux corps administratifs. Les enseignants qui deviennent personnels de direction (PERDIR) sont radiés du corps des professeurs pour intégrer celui du personnel de direction. Il leur est impossible de redevenir enseignant sans repasser le concours. Au SNE, nous pensons que, dans le premier degré, il est judicieux de laisser les collègues évoluer au gré de leurs envies, de leurs besoins, des aléas de la vie. Comment croire qu’empêcher un collègue-directeur de redevenir adjoint pourrait lui être bénéfique ? Comment aménager les carrières si professeurs et directeurs sont à ce point séparés ?
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Refondre la carte scolaire pour regrouper les écoles : si les directeurs ne font plus partie du corps des professeurs, ils n’enseignent plus. Ils devront donc remplir leurs missions de direction à temps plein avec la décharge qui correspond. C’est d’ailleurs l’idée que défend le rapport rendu par la Cour des comptes en mai 2025. Quid des écoles de moins de 12 classes qui représentent une très grande majorité du territoire national ? Il n’y aurait d’autres choix que de recourir aux regroupements d’écoles pour atteindre le seuil de la décharge totale (quel qu’il soit)… Concrètement, dans les territoires ruraux ou montagnards, ce serait être directeur sur différents sites, avec plusieurs équipes, et travailler conjointement avec différents élus distants de plusieurs kilomètres, sans pouvoir être toujours présent sur chaque site. Là encore, c’est ce qui est prôné par la Cour des comptes. Pour rappel, le SNE s’est déjà, par le passé, opposé à la création des EPEP. Nous demeurons fermes sur cette position. La création d’un établissement n’est pas la solution car cela reviendrait à écarter la majorité des directeurs des petites écoles. Le SNE défend l’ensemble des directeurs et entend continuer ainsi.
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Déstabiliser les relations au sein de l’Éducation nationale et instaurer une autorité hiérarchique : si les directeurs intègrent un corps similaire à celui des PERDIR, cela signifie qu’ils deviennent l’équivalent de leurs collègues du second degré qui sont eux-mêmes au même niveau administratif que les Inspecteurs de l’Éducation nationale. Le pouvoir hiérarchique existe chez les PERDIR. Des directeurs d’école devenus eux aussi des personnels exclusivement administratifs en seraient exemptés ? Difficile à croire.
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Autres éléments à ne pas sous-estimer : contrainte géographique, mobilité obligatoire, astreinte, vacances réduites par rapport aux enseignants… Tous ces éléments font partie intégrante de la fonction de directeur d’établissement du second degré. L’analogie entre un éventuel statut de directeur d’école et celui du PERDIR est telle que les contraintes des uns ont toutes les chances de devenir celles des autres. Le SNE voit là des dégradations à éviter à tout prix.
Le statu quo n’est néanmoins ni tenable, ni souhaitable. Le SNE milite donc pour le développement de l’autorité fonctionnelle par le biais d’une circulaire d’application qui se devra de définir précisément les prérogatives de chacun : enseignant (PE), directeur et IEN, pour une modification du système d’attribution des décharges, pour une meilleure rémunération des directeurs d’école, pour une meilleure reconnaissance de l’engagement que représente un poste de direction, tant en cours d’exercice que lors du départ à la retraite.
