ACTUALITÉS NATIONALES
12 juin 2025
Ouvrir des yeux lucides sur la direction
Qu’il est pénible de constater l’écart qui existe entre le vécu des personnels et la vision que nos responsables politiques ont de leur situation. La direction d’école n’est pas épargnée par ce phénomène, loin s’en faut. D’où l’importance de l’action du SNE pour rappeler la réalité à nos décideurs.
Un constat affligeant
Notre Premier ministre, lors d’une sortie à Montpellier la semaine dernière, affirmait qu’"un directeur d’une école de 7 classes était entièrement déchargé, ou en passe de l’être bientôt", personne n’a osé le contredire…

Une nouvelle fois, s’il était besoin, nos dirigeants montrent leur degré de méconnaissance des conditions de travail des enseignants et des directeurs d’école en particulier.
Eh bien non, Monsieur Bayrou, ce n’est pas comme ça que cela se passe dans les écoles de la République : en 2025, seuls 10% des directeurs sont entièrement déchargés, ce qui signifie que l’immense majorité d’entre eux sont également en charge de classe une grande partie de leur temps…
En parallèle, ils doivent gérer au quotidien leur école, en étant responsables de tout ou presque.
Eh oui, Monsieur le Premier ministre, les 45 000 directrices et directeurs d’école de notre beau pays ont une lourde tâche, qu’ils enseignent en classe unique dans le Cantal, dans une école élémentaire en REP+ dans le Pas de Calais ou en école primaire dans le centre de Strasbourg. Ils y ont les mêmes responsabilités, les mêmes prérogatives. Ils sont tous confrontés à des difficultés, même si celles-ci sont différentes et plus ou moins nombreuses selon la taille et le contexte de leur école. Ce ne sont pas des pairs parmi les pairs, mais ce ne sont pas non plus des supérieurs hiérarchiques. Ils ont un rôle difficile, spécifique, souvent prenant, parfois déstabilisant.
Directeur d’école est devenu un métier à part entière, comme l’a confirmé d’ailleurs le décret du 14 août 2023, issu de la loi Rilhac. L’intention de le reconnaître est bien là de la part du législateur, même s’il reste des précisions à apporter, notamment sur le degré d’autonomie qui serait accordé à ces personnels et sur l’étendue exacte de leurs prérogatives. La situation actuelle manque de clarté, crée des tensions et ne répond ni aux attentes ni aux besoins du terrain.
Les évolutions à apporter à la direction d’école
Le constat est partagé de façon unanime : les directeurs d’école ont besoin, en plus du respect et de la reconnaissance, de temps, de personnel pour les épauler, d’une amélioration de leur salaire, d’une autonomie et d’un pouvoir décisionnel accrus.
Au SNE, nous avons écouté ces revendications issues du terrain. Nous avons développé un projet pour la direction, en tenant compte du nouveau cadre de la loi Rilhac, un projet pour l’ensemble des directrices et directeurs d’école, ainsi que nous l’avons toujours défendu.
Hors de question pour nous de laisser croire que la création d’un nouveau corps de "personnels de direction du premier degré" serait l’alpha et l’oméga. D’abord parce que cela apporterait bien plus d’inconvénients que d’avantages, mais aussi parce que le nouveau statut qui serait créé ne concernerait que certains collègues (grosses écoles) ou obligerait des regroupements d’école pour y parvenir, en laissant ainsi, sur le bord de la route, bon nombre de directeurs. Ces regroupements risqueraient d’ailleurs de modifier en profondeur le 1er degré.
Le SNE a toujours souhaité une reconnaissance de la direction d’école. Cela doit passer par l’être et l’avoir, pour l’intégralité des personnels.
Nous resterons intransigeants sur ce point.
