ACTUALITÉS NATIONALES
9 octobre 2025
TALIS : où en sont les PE ?
L’enquête internationale TALIS menée par l’OCDE en 2024 a été rendue publique cette semaine. Elle sera officiellement présentée aux syndicats par le ministère la semaine prochaine. Ce qui a été divulgué à la presse permet déjà de réaliser un certain nombre de constatations. Celles-ci rejoignent celles du SNE et montrent qu’il n’est pas toujours gai d’avoir raison. Le plus important étant évidemment les conséquences opérationnelles à tirer.
La population enseignante

En France, les enseignants sont un peu moins âgés que la moyenne de l’OCDE, mais la tendance va vers un vieillissement.
La tentation du recours aux contractuels, plus malléables et moins coûteux qu'un PE (surtout en fin de carrière), se fait de plus en plus pressante pour l’administration. Un choix que notre syndicat réprouve.
Le rapport relève qu’en élémentaire, 12% des collègues travaillent dans des écoles où la pénurie d’enseignants qualifiés nuit à la qualité du travail. C’est encore pire dans les collèges…
C'est pourquoi le SNE revendique le maintien du nombre actuel d’enseignants. La diminution du nombre d’élèves permettrait alors de disposer de plus d’enseignants par élèves et donc de répondre aux besoins du terrain d’alléger les classes et de disposer d’assez de remplaçants.
Les professeurs des écoles se déclarent appréciés par les parents (59%) et plus encore par leurs élèves (78%).
L’OCDE n’a pas interrogé les collègues du primaire sur leur ressenti par rapport à la population ou à leur employeur. Les chiffres issus du second degré montrent un désamour catastrophique, un manque de reconnaissance abyssal.
Le SNE promeut la défense de la position sociale de l’enseignant, la reconnaissance de ses compétences professionnelles, ce qui passe en premier lieu par une meilleure rémunération.
La reconnaissance des professeurs
Seuls 22% des enseignants du primaire se déclarent satisfaits de leur niveau de rémunération. Il est à noter que la satisfaction diminue avec l’avancée dans la carrière, ce qui est logique compte tenu des efforts réalisés pour améliorer seulement la rémunération de la première partie de la carrière.
Pour le SNE, 22% de satisfaits constitue un niveau étonnamment élevé si l’on considère la perte de pouvoir d’achat subie par les enseignants sur les vingt dernières années et le fait que les PE sont moins bien rémunérés que la moyenne de l’OCDE et que leurs collègues certifiés (plus de 300€ nets d'écart par mois). Le Grenelle de l’Education avait déjà pointé la situation de parent pauvre des professeurs des écoles. Le SNE le martèle, ainsi que la solution logique. Dans le 1er degré, la question primordiale n’est pas celle du point d’indice mais celle de l’indemnitaire qui ne prend pas en compte toutes les tâches accomplies par les PE. D’où nos revendications, entre autres, de création d’une indemnité de vie scolaire et d’une part modulable de l’ISAE.
La dégradation des conditions de travail est aussi pointée du doigt. En 2018, 71% des professeurs en élémentaire se déclaraient satisfaits de leurs conditions de travail, ils ne sont plus que 49% en 2024.
Le SNE voit là une conséquence de l’inclusion à tout va, réalisée même en l’absence de moyens matériels ou humains, avec une mutualisation à outrance des AESH et un glissement vers un accueil en classe «ordinaire» d’enfants, qui attendent leur place en IME, IMP ou autre structure spécialisée alors qu’ils ont été notifiés pour y être accueillis. Notre syndicat milite pour une inclusion positive, réalisée dans les conditions pointées comme nécessaires à sa réussite. Certains troubles du comportement font qu’un enfant ne parvient pas à être élève et doit être pris en charge, hors de l'école, selon ses besoins.
Le temps de travail demeure considérable. Au pays des 35 heures, les PE déclarent toujours consacrer 43 heures hebdomadaires à leur travail (39 au collège). Et la difficulté d’exercice augmente avec l’hétérogénéité croissante des profils accueillis dans les écoles : 74% des PE travaillent dans des écoles avec au moins 10% d’élèves à besoin éducatifs particuliers (contre 49% en 2018) ; 26% sont dans des écoles avec 10% ou plus d’élèves dont le français n’est pas la langue maternelle…
L’augmentation de la charge de travail des PE au cours de ces dernières années est patente. La France est en troisième position des pays avec le plus d’EBEP. La pénibilité devient un enjeu majeur de la profession, surtout à l’heure où l’âge de départ à la retraite est passé à 64 ans. Le SNE, entre autres mesures, milite pour que le temps partiel devienne de droit à partir de 55 ans et que des possibilités d’aménagement de service, via le tutorat des entrants par exemple, permettent aux collègues qui le souhaitent de travailler en dehors de la classe.
Enfin, la formation des enseignants français est pointée du doigt dans presque tous les domaines. A peine 34% des entrants s'estiment bien formés, seule la Slovénie fait pire. Le mentorat est aux abonnés absents, la gestion de classe est travaillée seulement par 25% des collègues, l’apprentissage social et émotionnel, l’IA et ses usages sont laissés pour compte.
La formation est sinistrée. Essentiellement descendante, elle répond à des injonctions dogmatiques plutôt qu’aux besoins et enjeux pragmatiques du terrain et de la société. Le SNE le demande encore et toujours : la copie en la matière est à revoir complètement.
Le tableau dressé par l’OCDE est sombre, mais, plutôt que de se lamenter, il vaut mieux en tirer des conclusions et agir concrètement pour leur mise en œuvre rapide. C’est dans cette optique positive que le SNE se place car c’est sa marque de fabrique. Nous continuons à proposer régulièrement des pistes d’amélioration pour le quotidien et la carrière des professionnels du 1er degré au ministère. Il ne reste plus qu’à trouver un ministre qui reste assez longtemps pour lancer de vraies mesures de fond.
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