ACTUALITÉS ACADÉMIE DE LA RÉUNION
4 mai 2018
Les dinosaures de l'enseignement
Pressurés, pressés, écrasés, écrabouillés, exploités, déconsidérés, dévalorisés par l’administration, par les parents d’élèves et parfois même par vos collègues dont vous n’êtes pas les supérieurs hiérarchiques, vous, directeurs d’école, continuez à travailler comme au début du siècle dernier.
En ce temps-là, les 3 premiers personnages du village étaient le curé, le maire et le directeur de l’école communale.
Le maire a en partie conservé ses prérogatives : il doit être élu et doit donc « se vendre ».
Les curés se sont adaptés : finies les visites aux nécessiteux, la proximité avec les villageois. Ils doivent maintenant répartir leurs activités eucharistiques sur plusieurs communes, les baptêmes et les communions se font en troupeau et peut-être bientôt les mariage. Il faut bien vivre…
Seuls les directeurs sont restés congelés ; ils font partie des grandes victimes de l’informatique. N’oublions pas qu’à la base, l’ordinateur et internet sont là pour nous simplifier les tâches et la vie en général. Mal utilisés, ils véhiculent des inepties. Bien sûr, les commérages ont toujours existé, notamment au café du coin. Mais ils tombaient au pied du comptoir et restaient là. Aujourd’hui, ils sont diffusés sur les réseaux sociaux et parfois même par les administrations.*
Vous n’êtes pas des cadres et donc pas chargés de faire une tâche avec des horaires libres et variables ; vous êtes des employés payés pour effectuer des heures précises de travail.
J’ai rencontré il y a quelques jours une directrice qui s’est faite « engueuler » par une secrétaire d’inspection parce qu’elle n’avait pas répondu à un email perdu dans la masse un lundi matin alors que ce n’était pas un jour de décharge. On croit rêver ! Et la priorité et l’intérêt des élèves alors !
La conscience professionnelle, c’est bien, comme le désir de bien faire. Mais passé un certain stade, il faut arrêter au risque d’être assimilé à un volatile roucoulant.
Faites donc ce pour quoi vous êtes payés, ni plus ni moins :
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Email, paperasse et remontées vers l’inspection les jours de décharge seulement et aux horaires d’école.
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Portail de l’école fermé pendant les heures de classe et tant pis pour les retardataires et les orthophonistes.
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Répondre au téléphone les jours de décharge et pendant les récréations seulement, et si vous n’êtes pas de surveillance.
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Supprimer le bénévolat.
Bien sûr que l’administration et les parents d’élèves vont vous « apostropher » : et alors ?
Exposez la situation et tenez bon. Après quelques mois, ils s’adapteront.
Si vous êtes capable de résister à la pression, vous saurez que vous êtes fait pour ce poste. Sinon, retournez en classe ; vos problèmes et cas de conscience disparaîtront. Votre maigre prime ne justifie pas d’être corvéable à merci. Avec la fin des contrats aidés, si vous ne réagissez pas, vous serez concierge, standardiste, et secrétaire. Quelle place alors pour le management de l’équipe et votre rôle socio-pédagogique ?
A défaut de statue sur la place du village, un statut administratif vous sera bientôt proposé. On parie ?
Lisez les propositions du SNE pour la direction d’école : cliquez ici.
* Voir le cas Jacques Risso où le directeur académique alimentait un dossier noir. Condamné par la justice, le DASEN est toujours en poste, ailleurs…
Thierry Coppée
SNE974