ACTUALITÉS ACADÉMIE DE LYON
15 juin 2018
Condition d'instituteur, de professeur des écoles ou de directeur : halte au laisser-aller
Que diriez-vous si une maman arrivait un matin et vous demandait de récolter les selles de son enfant pour qu'elle puisse ensuite vérifier si une pièce de 20 centimes avalée la veille par son chérubin a bien voulu sortir ?
Que ce n'est pas votre métier ? Qu'il faut garder cet enfant sous surveillance médicale et non sous la vôtre ?
Cette situation surréaliste a pourtant été vécue cette semaine dans une école de notre académie. Elle montre tristement comment certains parents nous considèrent.
De fait, pour nombre de collègues, la coupe est pleine ! Déconsidérés pécuniairement et en tant que professionnels, par l'opinion générale autant que par notre administration, les enseignants souffrent. Cela suffit.
Il temps que nous retrouvions la place qui était la nôtre dans notre société, celles que les pays qui caracolent en tête des PISA et PIRLS accordent à leurs enseignants dès le primaire. Il est urgent que la France nous rende ce qu'elle nous a retiré : le respect.
Ce respect, au SNE, nous le réclamons très clairement dans plusieurs dimensions. En témoignent plusieurs des propositions de "l’École des Fondamentaux", notre livre blanc sur le premier degré.
Le respect par la reconnaissance de notre qualité de professionnels de l’Éducation
Le retour de la possibilité du recours au redoublement, c'est notre autorité qui est à nouveau un peu reconnue. Au SNE, nous militons en plus (proposition 3) pour obtenir une plus grande autonomie de fonctionnement, notamment pour la suppression de l'obligation des PPRE.
Le respect par la reconnaissance financière
Notre rémunération ne correspond pas à la mission toujours plus complexe qui nous est demandée. Le PPCR, s'il est pleinement appliqué un jour, sera le premier pas vers une revalorisation mille fois méritée. Cette revalorisation est nécessaire si notre pays souhaite maintenir un recrutement de qualité pour son corps professoral. L'avenir de nos enfants et de notre pays en dépendent.
Au SNE, nous demandons la mise en oeuvre sans délai des augmentations prévues au PPCR mais aussi (proposition 5) une revalorisation immédiate de 20% de notre rémunération.
Le respect par la valorisation de l'expérience acquise
A ce titre, le SNE suggère (proposition 8) d'aménager les fins de carrière en permettant aux collègues de plus de 55 ans de bénéficier d'un service allégé afin de former ou de soutenir les jeunes collègues.
Réception du comité des directeurs par M. l'Inspecteur d'Académie
Vendredi dernier M. l'Inspecteur d'Académie a reçu les représentants du comité des directeurs rhodaniens, dont M. Gil Coutelle, délégué SNE. M. l'Inspecteur d'Académie était accompagné par deux adjointes.
Après une introduction liminaire pragmatique, dans le spectre de l'introversion hiérarchique, celui-ci a écouté patiemment et professionnellement chacun des représentants exposer des tranches de souffrances de directrices et directeurs d'écoles durant deux heures. Ses interventions sont restées modestes.
Aucune des propositions du comité n'a été retenue, malgré la présentation d'un rapport de la MGEN qui clame nos souffrances au travail.
M. l'Inspecteur d'Académie refuse aussi de se faire le porte-parole de ces demandes auprès du ministère.
Seule la dernière supplique, celle concernant la formation, a reçu une réponse. Les directrices et directeurs bénéficieront de 2 jours de formation au management car il faut s'ouvrir...
Au final, on dira que ces deux heures-là furent un dialogue de sourds, aimable mais stérile. Au moins, le dialogue est entamé. Reste à lui donner corps. Rendez-vous à une prochaine étape, donc.
Ce sera dès ce mercredi 20 juin. M. Pierre Favre, président du SNE, sera reçu à l'Assemblée Nationale pour parler de la direction d'école.
Gil Coutelle
délégué SNE 69
Philippe Ratinet
Secrétaire académique SNE Lyon/01