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ACTUALITÉS NATIONALES

23 avril 2018

Burn-out : et si ça n'arrivait pas qu'aux autres ? (2/3)

Qu’est-ce que le burn-out ? Quelles en sont les séquelles ? A lire dans l'article 1/3

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L'exposition de notre profession au stress chronique associée à l'amour de l'enseignement nous conduit plus aisément au burn-out. Pourquoi ?

 

L'art de jouer sur la corde sensible

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Cet investissement au travail est facteur de liens affectifs et émotionnels. Nous travaillons avec du vivant. On ne peut pas s'absenter en espérant que les dossiers nous attendent à notre retour. Tout cela nous tient à cœur. On ne s'arrête donc pas de travailler. Ça ne se fait pas, alors on tient. On tient pour ne pas laisser ses élèves en plan en pleine progression. On tient car on ne veut pas surcharger la classe des autres collègues quand les élèves seront répartis par manque de remplaçants. On doit donc tout simplement tenir et il ne peut en découler qu'une surcharge psychologique.

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De la sorte, on ne se préserve pas. Le professeur des écoles vertueux est celui qui est flexible, serviable, mobile, disponible. Il vise l'excellence sous la conduite de son IEN. Il s'engage donc à fond ; il accepte de donner toujours plus, de se dépasser. On nous laisse penser que nous allons grandir avec l'Education Nationale. Là aussi la technique de management est bien rodée : ce miroir parfait, ce collage narcissique nous laisse croire que nous approcherons de la quintessence en faisant toujours plus, toujours mieux. Le système induit un sentiment de reconnaissance et d'appartenance à un corps. Sinon, pourquoi certains IPEMF acceptent-ils toujours pour moins de 80 euros par mois une charge de travail aussi colossale ?

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Leurrer pour mieux assomer

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Dans un premier temps, la formule est parfaite. La satisfaction personnelle, l'émulation intellectuelle et l'équilibre psychique atteints ne peuvent que servir l'individu. C'est alors que la hiérarchie introduit un élément de dérèglement pour conserver le contrôle. Ce dérèglement, c'est le changement des règles. Bien évidemment, c'est la hiérarchie qui procède de la sorte mais elle va se cacher derrière la conjecture ou la nécessité. Et c'est quand on est content de ce que l'on fait qu'on nous demande de tout changer et de procéder autrement. Un simple observateur ne peut pas dire le contraire au vu du nombre de réformes qui se sont suivies avec plus ou moins de bonheur dans l’Éducation Nationale et qui nous ont conduits là où nous en sommes.

 

Et quand on change les règles, le professeur des écoles est parfois face à un problème d'éthique, de sens : on nous demande de faire des choses qui ne suscitent pas notre adhésion, voir qui nous surprennent ou pire qui nous hérissent. On sait qu’elles ne vont pas marcher, mais en bon fonctionnaire, on se doit de les appliquer à la lettre. Ainsi la hiérarchie, au lieu de nous féliciter de nos savoirs et savoir-faire, nous demande de faire toujours plus, nous charge davantage. On le voit au nombre de projets et d’enquêtes qui nous sont demandés et contre lesquels le SNE lutte. Nos supérieurs procèdent ainsi pour créer un effet d'aspiration. En faisant douter, en dévalorisant, ils espèrent que nous fassions toujours plus d'efforts qui seront toujours moins récompensés. Il en découle un but inatteignable. Le Mythe de Sisyphe est revisité par nos IEN.

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Suite et fin la semaine prochaine...

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* Mythe de Sisyphe : https://mythologica.fr/grec/sisyphe.htm

Les Juges des Enfers montrèrent à Sisyphe un énorme rocher et lui donnèrent l'ordre de le rouler en lui faisant remonter la pente jusqu'au sommet d'une colline et de le rejeter de l'autre côté pour qu'il retombe. Il n'a encore jamais réussi. Aussitôt qu'il est près d'atteindre le haut de la colline, il est rejeté en arrière sous le poids de l'énorme rocher, qui retombe tout en bas, et là, Sisyphe le reprend péniblement et doit tout recommencer.

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