ACTUALITÉS NATIONALES
5 février 2019
Vers la disparition des écoles primaires ?
La commission des affaires culturelles a adopté en catimini un amendement au Projet de Loi pour l’École de la Confiance en y insérant l’article 3ter qui propose la création d’« établissements publics des savoirs fondamentaux ».
Une usine à gaz qui sent le renfermé
En gros, il s’agit de proposer des établissements qui iraient de la Petite section à la 3e, qui regrouperaient les 4 cycles du socle commun, sous la direction du Principal du collège, secondé par un directeur adjoint issu du premier degré. La création de ces établissements serait à l’initiative des collectivités locales, et arrêtée par le préfet.
Concernant les modalités pratiques, rien n’est précisé. Le cadre est très large, suffisamment pour y mettre en application à peu près n’importe quoi.
Derrière cette appellation fumeuse on voit donc revenir le spectre de l’école du socle, déjà prônée et expérimentée localement du temps de N.Vallaud Belkacem (à lire ici). Derrière une pseudo-excuse d’alléger le travail des directeurs des petites écoles, et de fluidifier le parcours des élèves, de mutualiser les moyens, cette évolution a surtout pour effet de contraindre les collègues à adopter la culture du second degré, et à faire pas mal d’économies sur le dos des dirlos…
Une méthode contestable
Faire passer cet amendement de cette manière, en profitant de la nouvelle Loi Blanquer, alors que des négociations étaient annoncées suite au rapport de la mission flash de l’été dernier, n’est pas pour le SNE, une manière acceptable de procéder. Ce fonctionnement à la hussarde, fait fi de la représentativité et de la force de proposition des syndicats !
Un texte trop administratif qui oublie les acteurs de terrain
En mettant la charrue avant les bœufs, le Ministre fait l’unanimité contre lui. En effet, il fonctionne a contrario de ce que demande la situation, à savoir partir de la réalité de terrain pour construire un projet. Là, il fait clairement l’inverse, sans tenir compte de la multiplicité des situations locales. Nulle part n’est fait mention du positionnement des conseils d’école, des conseils d’administration des collèges. La décision échappera aux acteurs…
Les directeurs oubliés
On se demande ce que deviennent la plupart des directeurs des écoles concernées : auraient-ils vocation à disparaître ? Ou ne seraient-ils chargés que de la routine quotidienne de leur école ? Le texte n’en fait aucunement mention. Rappelons au passage que le SNE ne demande pas à réduire les missions des directeurs, mais à leur donner les moyens de les faire correctement (voir les revendications du SNE pour les directeurs d'école ici). L’idée de désengager les directeurs est contraire à notre slogan (Enseigner c’est s’engager). Ce serait les déconsidérer totalement, et aller à l’encontre d’une reconnaissance depuis si longtemps attendue.
Une fois de plus, notre administration se montre brutale avec ses agents, alors que le SNE avait bien signifié lors de la mission flash que la priorité devait être accordée aux directeurs, à la reconnaissance de leur engagement au quotidien.
Ce projet montre le degré de déshumanisation de notre institution. C’est écœurant de voir le décalage entre ce qui était espéré et ce qui est imposé.
Les directeurs attendent autre chose qu’un projet fumeux qui va dénaturer le cœur de leur métier. Ils attendent une reconnaissance statutaire et salariale, du temps pour effectuer leurs nombreuses missions, et des moyens pour les mener à bien.
Ce projet en l’état n’est rien d’autre qu’une renonciation et une marque de faiblesse : en ne voulant pas trancher entre les divergences syndicales, en ne voulant pas accorder les moyens, notre Ministre choisit une autre voie, qui montre une profonde méconnaissance de l’action des directeurs sur le terrain, et qui ne satisfera finalement personne.
Une belle façon de botter en touche.
Laurent Hoefman
secrétaire général aux publications SNE
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