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ACTUALITÉS NATIONALES

25 juin 2019

Vers une rentrée pleinement inclusive ?

L'inclusion des élèves en situation de handicap est aujourd'hui une réalité

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340 000 élèves seront concernés à la rentrée 2019. Cette année, 96 000 élèves sont scolarisés en ULIS (1er et 2nd degré), 111 000 élèves du primaire disposent d'un accompagnement humain. Ces chiffres sont en constante augmentation.

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Face à un tel essor, notre ministre prépare la prochaine rentrée avec un livret : Pour une rentrée pleinement inclusive en 2019. Les modalités envisagées permettront-elles aux élèves et aux enseignants de travailler au mieux ? Nous vous proposons d'examiner certaines des mesures annoncées.


 

Des réponses administratives

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Le ministère prévoit la création de services d'accompagnement des élèves en situation de handicap (développement d’un Pôle inclusif d’accompagnement localisé, service dédiés à la DSDEN et dans les rectorats, circulaire de rentrée spécifique), la création d'Ulis supplémentaires, l'aménagement de l'accessibilité des locaux lors de travaux, la création d'unités spécialisées pour enfants autistes.

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L’avis du SNE : Ces efforts s'inscrivent dans la durée (2019-2022). Ils sont louables et vont dans le bon sens. L'ajout d'une partie inclusion dans les projets d'école démontre bien l'ampleur du problème auquel notre système éducatif est confronté.


 
Des réponses éducatives concernant les accompagnants

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Ils verront leur métier enfin reconnu (CDI réellement accessible, augmentation du temps de travail, participation aux équipes de suivi et formation spécifique).

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L'avis du SNE : Ces points sont positifs, même si l’horizon d’un CDI est bien loin de ce qu’offre le privé. Mais au final, la charge de la réussite des élèves en situation de handicap demeure sur leur seul professeur. Cette situation augmente considérablement la difficulté de l'exercice de notre profession.

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M. le Ministre, quitte à mieux considérer les accompagnants, pourquoi ne pas en faire autant pour les enseignants ? Une prime existe pour les enseignants en REP, une autre pourrait être créée pour ceux qui accueillent plusieurs élèves en situation de handicap. Cela n’allègerait pas notre travail, mais ce serait une reconnaissance appréciable.


 

Des réponses éducatives concernant les enseignants

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Des formations seront consacrées à la coordination entre l'enseignant et l'accompagnant.

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L'avis du SNE : Voilà un lot d'heures de travail supplémentaire qui se profile. Les 108 heures fourre-tout, seuil à partir duquel nous n’arrêtons pas notre activité, seront certainement mises à contribution pour éviter de nous rétribuer cette nouvelle charge.

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L'entretien d'accueil de l’élève après un mois de travail est rappelé. Le PPS simplifié pour la rentrée 2020 sera désormais notifié par cycle scolaire, plus de postes au Cappei seront proposés, l'offre de formation continue sera adaptée. Le rôle, les missions et le positionnement des enseignants référents seront consolidés.

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L'avis du SNE : Tous ces éléments tendent à une spécialisation de certains collègues et à une simplification de notre travail quotidien. C'est appréciable.

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Les éléments suivants laissent présager un avenir moins radieux aux hommes et femmes-orchestres que les enseignants deviennent un peu plus chaque année.

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Un livret de parcours inclusif sera créé.

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L'avis du SNE : Adapter le LSU devait être trop simple... 

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Une plateforme de ressources spécifiques sera mise à notre disposition.

 

L'avis du SNE : Cette plateforme préfigure probablement des heures de recherches pour trouver toujours plus d'adaptations. Nous voilà donc condamnés à une nouvelle autoformation qui ne rentrera pas dans le sacro-saint quota des 18 heures. Tout cela pour pallier  la disparition des instituteurs spécialisés et à la disparition des personnels qualifiés qui prenaient en charge les élèves à besoins particuliers hors de la classe ? Ces personnels apportaient un réel "plus" aux élèves et ils soulageaient un peu les enseignants et le reste du groupe classe.

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Le choix de priorité sous-jacent ne nous satisfait pas.

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Des équipes mobiles territoriales d'appui aux établissements scolaires seront créées.

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L'avis du SNE : Le besoin d'assistance est en effet criant dans nos écoles. Avant de songer à inclure toujours plus, il serait bon de considérer la situation actuelle et de mettre en place les moyens de la rendre vivable pour les élèves comme pour les enseignants concernés. 


 

Un enjeu pour l'avenir

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L'inclusion des élèves en situation de handicap est une question cruciale pour les années à venir. Les professeurs des écoles seront une fois encore placés en première ligne. Le SNE en est particulièrement conscient.

 

Répondre à la question de l’inclusion, c’est d’abord se demander si tous les enfants peuvent être vraiment inclus dans les écoles

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C’est ensuite comprendre que les enfants concernés par l’inclusion sont très différents (élèves “dys”, les élèves diagnostiqués TSA, les “troubles du comportement”, les élèves avec un handicap “social et culturel”, ceux relevant d’ITEP…). Croire que l'École peut tout pour tous, c’est se leurrer. Obliger l’école à s’adapter toujours plus aux élèves est un changement de paradigme qui n’est pas sans conséquence sur le rôle mais aussi sur le bien-être des enseignants au travail, ce que dénoncent de plus en plus les CHSCT.

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C’est enfin se déterminer sur la nature même de l’École. L'École est-elle une institution vouée à l’éducation et à la réussite du plus grand nombre ou une institution vouée à l’éducation de tous, quitte à devenir plus ou moins partiellement un établissement de soins ?

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Inclure toujours plus, c’est donc aussi se positionner sur l’avenir de notre profession. 

 

Le sujet est vaste et dépasse largement le cadre des enfants que nos gouvernements successifs ont voulu intégrer au sein de l'École. C’est pourquoi notre syndicat travaille activement sur ce sujet

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Philippe Ratinet

Secrétaire général aux publications

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