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ACTUALITÉS NATIONALES

3 décembre 2019

Retraite : réforme, quand tu nous tiens

La réforme des retraites est au cœur des discussions. De toute part, on entend des voix s’élever contre cette modification très impopulaire. Que va-t-elle changer pour les enseignants du premier degré que nous sommes ?

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La situation actuelle

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Comme vous le savez, le Professeur des Ecoles et l’Instituteur (si si, il en reste) font partie de la catégorie A de la fonction publique d’Etat.  Jusqu’alors, notre retraite était calculée sur la base de 75% des 6 derniers mois de salaire tandis que dans le privé la base était de 50% de la moyenne des 25 meilleures années (pour une carrière pleine dans les deux cas).

 

Avantageux me direz-vous… mais il s’agit là d’un contrat passé à l’embauche avec l’Etat car durant toute notre carrière, notre niveau de rémunération est largement inférieur à celui auquel nous pourrions prétendre dans le privé à même niveau d’études (bac+5) : « 29.400 € bruts, c'est le salaire annuel médian des jeunes diplômés (Bac+5) selon l'Apec » (pour un enseignant, il faut en moyenne attendre 20 ans de bons et loyaux services pour espérer un tel salaire).

 

D’ailleurs, M. Delevoye le 29/10 disait dans « Les 4 vérités» sur France 2 : « Revisiter le contrat avec la Nation, c’est pour l’ensemble de la fonction publique et c’est une opportunité. » Il admet donc l'existence d'un contrat. Mais il n'est pas  certain que l'opportunité dont il parle soit en faveur des enseignants....

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Travailler plus pour ne pas trop perdre ?

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M. Blanquer nous assure que notre situation est particulière, nous les enseignants du premier degré, car nous ne percevons que très peu de primes ; une solution sera trouvée pour que la chute soit moins brutale. Allons-nous vers une augmentation des salaires ? M. Macron a déjà répondu à cette question le 03/10/2019 « Si je revalorisais, comme je veux le faire, l’ensemble des enseignants […], c’est 10 milliards. On ne peut pas mettre 10 milliards demain, ce sont vos impôts ».

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Au contraire, nous allons droit vers une refonte de notre profession : « Il faut repenser la carrière, ça veut dire qu’il faut qu’on arrive à ce que la carrière progresse davantage, qu’on ait un vrai dialogue avec l’ensemble des enseignants et leurs représentants pour dire comment on fait mieux progresser la carrière, comment on paye mieux. Comment, du coup, parce qu’on paye mieux, peut-être on change aussi le temps de travail et la relation au travail. […] Et qu’on regarde aussi les périodes de vacances par rapport aux autres et puis qu’on pense sa carrière en valorisant beaucoup plus qu’on ne le fait aujourd’hui les périodes d’encadrement. » M. Macron à Rodez le 03/10/19

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M. Delevoye à l’air également de cet avis lorsqu’il dit le 29/10 : « Si nous appliquons brutalement le système tel que nous l’avons conçu c’est une injustice pour les enseignants donc il faut mettre en place des mesures d’accompagnement pour pouvoir faire en sorte qu’il y ait un nouveau contrat pour les enseignants avec une revalorisation de la rémunération et peut-être aussi une réflexion sur la fonction. »

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Il ajoute même : « Si (la grève du 05/12) c’est pour dire, nous avons un contrat (en parlant des régimes spéciaux) et nous estimons qu’il y a une rupture de contrat avec une perception de souffrance par rapport à cela je leur dis j’entends cela, ça ça peut s’entendre mais venez donc discuter pour regarder à quelles conditions, comment, avec quels temps nous pouvons passer du système qui est le vôtre aujourd’hui à un système universel. »

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L'addition : il manquerait 1 000 euros sur notre fiche de paye !

Sources : rapport Delevoye, bilan social 2017-2018
 

M. Blanquer martèle que les enseignants seront revalorisés de manière à garder le même niveau de pensions. Le SNE le prend au mot et adresse au ministre la note : l’augmentation moyenne doit être de plus de 1 200 euros brut par mois, soit plus de 1 000 euros net, pour que les enseignants du premier degré ne soient pas perdants. Évidemment, nous pourrions accueillir une telle revalorisation avec un grand espoir, mais le scepticisme l’emporte sur l’enthousiasme…

 

Pour les matheux, voici le détail du calcul :
 

Système prévu dans le rapport Delevoye

Le rapport prévoit que 10 euros cotisés correspondraient à 1 point.

1 point donnerait droit à 0.55 euros par an à la retraite (valeur du point au lancement de la réforme).

Donc 100 euros cotisés donneraient droit à 5.5 euros de retraite.

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Le taux de cotisation global est de 28,12%, incluant un taux de cotisation ouvrant droit à retraite de 25.31%, donc 100 euros de salaire brut permettent de cotiser 25.31 euros sous forme de points et de donner 25.31 x 5.5 / 100 = 1.39205 euros de retraite par an.

 

1 euro de salaire brut permettrait donc d’obtenir 0.0139205 euros de retraite par an.

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Calcul du salaire nécessaire à un maintien du montant des pensions

Dans le premier degré, la pension moyenne pour les enseignants du premier degré public (nouveaux retraités monopensionnés) est de 2500 euros brut (source bilan social 2017-2018).

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2500 euros de retraite par mois correspondent à 2500 x 12 = 30 000 euros par an.

30 000 : 0.0139205 = 2 155 095 euros de salaires bruts sur toute la carrière.

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Le salaire moyen brut nécessaire à une conservation du niveau de retraite actuel avec ce système serait donc de : (2 155 095 : 43 ans) : 12 mois = 4 176.5407 euros

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Salaire moyen actuel

Le salaire moyen brut des enseignants titulaires du premier degré est de 2 713 euros, primes comprises. Mais il faut le transformer en salaire Equivalent Temps Plein car dans cette moyenne figurent de nombreux temps partiels. Pour cela, appliquons le rapport entre le nombre de titulaires PE et le nombre d’équivalents temps pleins. 352 860 : 325 898 = 1.0827.

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Le salaire brut moyen actuel, calculé en Equivalent Temps Plein, est de 2 713 x 1.0827  = 2 937.45 euros.

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Augmentation nécessaire

L’augmentation nécessaire à un maintien du niveau des retraites avec ce nouveau système est donc de :

4176.5407 – 2 937.45 = 1 239.09 euros bruts, soit plus de 1 000 euros nets mensuels pour chaque enseignant.

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Mobilisation et négociations

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Alors, il ne reste qu’une chose à faire, se mobiliser avec le SNE lors de la grève du 5 décembre mais aussi négocier pour s'assurer que cette réforme annoncée comme répondant à un objectif de justice sociale ne se fasse pas au détriment de notre profession et ne pas accepter une meilleure rémunération contre plus d’heures alors que notre temps de travail est déjà estimé en 2010 à plus de 40 heures/ semaine.

 

« Répondant à l’enquête Emploi du temps de l’Insee, les enseignants du premier degré exerçant à temps complet disent travailler en moyenne 44 heures par semaine en 2010. Les déclarations des enseignants varient du simple au double : les moins de trente ans travaillent en moyenne plus de 50 heures par semaine. Cet investissement en début de carrière marque le coût d’entrée important dans le métier. » education.gouv.fr

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Valérie Amann

Déléguée SNE Lorraine

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Patrick Ruiz

Délégué SNE 34

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