ACTUALITÉS NATIONALES
11 janvier 2022
« Une école, un club » ou faire du vieux avec du neuf
« Une école, un club » est un dispositif expérimental qui va se généraliser. Il s’agit d’une déclinaison des possibles du dispositif 30 minutes d’activités par jour.
La communication prévue sur le sujet est de grande ampleur, nous en avons malheureusement l’habitude. Force est de constater que la mouture de la circulaire présentée au dernier groupe de travail ministériel sur le sujet ne répond pas aux difficultés du terrain sur la mise en œuvre de l’EPS. Au sortir de la réunion, nous avions surtout l’impression qu’il s’agit d’instrumentaliser un événement sportif majeur, les JO Paris 2024.
Un dispositif avec un enjeu sanitaire et un enjeu sportif
Le baromètre « santé jeune » existe depuis déjà de nombreuses années. Il pointe des problématiques d’obésité et de mal-être chez les jeunes. Le ministère semble vouloir régler ces problèmes à l’école. Il espère une réduction des indicateurs de santé qui sont aujourd’hui mauvais.
Au SNE, nous pensons que l’école n’a pas vocation à régler seule tous les problèmes de la société. Elle ne le peut pas. Pas plus qu’elle ne peut avoir la prétention, sans parler de la compétence, de former des compétiteurs.
Par ce dispositif, le ministère espère pourtant que l’école fasse émerger les athlètes, les compétiteurs de demain.
Vivre ensemble, respecter les règles, susciter l’engouement, développer des gestes et des habitudes d’entretien corporelle, apprendre à nager ou à rouler à vélo nous semblent des objectifs nettement plus raisonnables.
Des règles qui ne simplifient rien
Le projet de circulaire évoque des conventions avec les clubs locaux, conventions à faire encore et toujours valider par l’IEN.
Pour le SNE, il n’y a ici rien qui facilite l’organisation dans les écoles, qui puisse donner plus envie qu’aujourd’hui de construire des partenariats.
L’intervenant extérieur qui sera sollicité devra avoir été agréé Éducation nationale.
Pour notre syndicat, il vaudrait mieux une délégation de compétence de l’IA-DASEN au directeur sur tous les types de convention. L’IEN aurait seulement à en prendre connaissance a posteriori.
Un dispositif mal adapté aux besoins
Ce texte ne répond pas également à la difficulté de pratiquer l’EPS au sein de nos écoles. Le manque de moyens est pourtant criant. Ils se résument parfois à une cour ou à un préau.
Pour le SNE, il faudrait d’abord pallier le manque d’installations sportives et de matériel. Cela permettrait une pratique régulière du sport et réduirait les inégalités entre les écoles. Le kit pédagogique qui sera offert aux écoles qui s’engagent dans le dispositif est un début, mais il est nettement insuffisant par rapport aux enjeux.
La formation initiale et la formation continue sont à développer dans le domaine du sport. Il existe si peu d’initiative sur ce sujet que les CPC « sport » sont devenus généralistes.
Rendre l’USEP gratuite et mieux rémunérer les enseignants qui y participent ou favoriser leur mobilité et carrière sont d’autres pistes à explorer.
Les enseignants du premier degré n’ont pas attendu ces dispositifs pour donner des possibilités étendues de jeux de cour, pour utiliser les APSA comme source de projet interdisciplinaire ou pour construire un partenariat local avec des associations sportives.
L’intérêt de la pratique de l’EPS n’est plus à démontrer. Ce texte ne changera rien à ce qui existe aujourd’hui. L’emballage est flamboyant, le slogan porteur sur un beau catalogue, mais à l’usage il n’y aura pas de grande révolution.
Geoffrey Capliez