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ACTUALITÉS NATIONALES

12 janvier 2022

Remplaçants AESH: une nécessité structurelle

Une inclusion aux moyens défaillants

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La gestion de l’inclusion à l’école est un fiasco qui peut s’observer dans de très nombreuses écoles. Selon les cas, on constate :

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  • Un saupoudrage des aides. Elles se limitent parfois à 3h ou moins d’intervention d’AESH (Accompagnants d’Elèves en Situation de Handicap), qui plus est collective, dans la semaine.

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  • Un turn-over incessant des AESH dont l’emploi du temps varie sans cesse entre élèves, écoles, voire avec le collège.

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  • Des AESH mal formés et/ou mal recrutés, dont le niveau scolaire est insuffisant pour aider l’élève.

 

Tous ces dysfonctionnements impactent fortement les conditions de travail des enseignants, le bien-être des élèves en question, celui des autres élèves de la classe ainsi que l’assurance pour les parents d’une bonne prise en charge de leur enfant.

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Pourtant, le nombre d’AESH ne cesse d’augmenter. Entre 2015 et 2020, il a progressé de 16%. Mais sur la même période, le nombre d’élèves accompagnés a quant à lui augmenté de 83%...* Pour l’administration, ces chiffres démontrent que la politique d’inclusion scolaire est un succès.

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Pour le SNE, cette analyse n’est pas la bonne. Nous préférerions que l’inclusion soit considérée réussie lorsque les moyens mis en œuvre correspondent aux besoins et qu’elle se déroule sans préjudice pour tous ceux qu’elle concerne directement ou indirectement.

 

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Des démissions d’AESH encouragées par la reprise économique

 

Cette tension se révèle de manière plus douloureuse encore cette année. En effet, l’embellie économique incite de nombreux AESH à changer de voie professionnelle. La tentation d’un emploi mieux payé est grande. Pour 24h de travail hebdomadaire, un AESH est actuellement rémunéré moins de 800 euros net à l’échelon 1 et dépassera à peine les 1000 euros en fin de carrière.

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Si, de surcroît, l’emploi brigué par l’AESH le préservera de morsures et d’insultes, beaucoup sautent le pas et quittent leur poste en cours d’année scolaire.

 

Ajoutez à ce mouvement de démission les congés maternité, les congés maladie pour épuisement, les absences pour garde d’enfants dont les classes sont fermées. Assaisonnez le tout à la sauce PIAL en redistribuant le peu d’AESH restants entre les élèves et vous obtenez un jeu de chaises musicales éreintant dans lequel l’inclusion se vide totalement de ses vertus.

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Pour le SNE, la situation est grave. Nous assistons à l’heure actuelle à la démonstration cinglante que la doctrine d’inclusion poussée à l’extrême que nous connaissons aujourd’hui a atteint ses limites. Il est temps de réagir pour que la politique d’inclusion évolue et que les élèves, leurs enseignants et leurs parents en tirent les bénéfices qu’ils sont en droit d’escompter.

 

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Le SNE prône la création de brigades de remplaçants AESH

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La création d’un pôle de remplaçants AESH permettrait de ne pas impacter les autres AESH, et donc les autres élèves, lorsque l’un d’entre eux est absent. Cette mesure doit aller de pair avec un recrutement plus important d’AESH, allié à une meilleure rémunération. Cela a donc un coût en matière de ressources humaines, mais nous pensons qu’il s’agit d’un élément structurel indispensable pour envisager une inclusion de qualité.

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Pour certains élèves l’AESH est primordiale.

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Il est, pour notre syndicat, impensable de concevoir l’accompagnement des élèves sans anticiper l’absence de l’accompagnant. Sans remplaçant, ce sont des élèves qui ne peuvent pas venir à l’école, ou qui perdent leur AESH, mettant parfois à mal la sérénité de la classe.

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Ce sont aussi des AESH qui changent d’emploi du temps de manière continue, redistribuées dans l’école ou dans le PIAL. Le SNE a insisté dans plusieurs académies pour la création d’un vivier d’AESH remplaçants, mais la pénurie est telle que cette demande n’a pas abouti. Notre syndicat porte donc cette revendication au niveau national pour que cette nécessité structurelle soit prise en compte dans la stratégie de gestion du handicap à l’école.

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Parallèlement, le SNE le répète, il est nécessaire d’ouvrir davantage de structures spécialisées (IME, ITEP, IMP) et d’augmenter les capacités d’inclusion en dispositif ULIS. Les créations d’unités d’enseignement autisme augmentent chaque année, mais sont encore bien insuffisantes. L’inclusion à tout prix en classe ordinaire n’est pas la panacée.

 

 

 

Patrick Ruiz

Membre du bureau national

 

  • Source : Repères et références statistiques 2015 et 2020

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