ACTUALITÉS NATIONALES
7 septembre 2022
Revalorisation des enseignants : au-delà des annonces
Cet été fut un temps particulier, un temps au cours duquel notre administration et ses décideurs, le Président de la République en tête, ont semblé découvrir l’ampleur de la dégradation salariale que traversent les enseignants depuis deux décennies.
Nous le savons puisque nous le vivons, aujourd’hui, les enseignants français sont mal rémunérés et ceux du premier degré tout particulièrement.
Un seul chiffre suffit à résumer la situation. En 2021, Gérard Longuet le divulguait dans un rapport du Sénat : «En euros constants, les enseignants français ont perdu entre 15 et 25 % de rémunération au cours des 20 dernières années».
Le SNE se propose de revenir sur les deux annonces principales concernant l’évolution future de notre rémunération.
Plus de débutants en-dessous de 2 000 euros nets par mois
Voilà une annonce qui nous ramène il y a cinq ans. Cet objectif était déjà affiché par un certain Jean-Michel Blanquer. Espérons que le ministre actuel aura plus de succès dans cette entreprise.
Pour le SNE, placer les enseignants débutants au-dessus de la barre des 2 000 euros nets est une très bonne idée. Mais elle ne doit pas devenir l’arbre qui cache la forêt.
Aujourd’hui, en tenant compte de la revalorisation du point d’indice de cet été, il faut attendre le 7ème échelon de la classe normale pour retrouver 2 000 euros nets.
Qu’adviendra-t-il de la rémunération des collègues des échelons 2 à 7 ? Vont-ils se retrouver moins bien payés que ceux du 1er échelon ?
Pour le SNE, le corollaire de l’augmentation envisagée pour le 1er échelon doit être une augmentation de tous les autres. Il est indispensable de préserver une progressivité de la rémunération avec l’avancement dans la carrière, et ce à tous les échelons.
Notre syndicat a déjà défendu ce point de vue lors des négociations avec le ministère ces dernières années. Nous continuerons à le faire activement dès la réouverture du dialogue social.
10 % d’augmentation pour tous les enseignants
Cette annonce se veut être un message adressé à toute la profession. Personne ne sera oublié. Les hausses seront significatives. Au-delà de la satisfaction des collègues déjà en poste, cette mesure, si elle venait à se concrétiser, se veut aussi une manière de redonner de l’attractivité à notre profession qui en manque terriblement.
Le SNE prend bonne note de cette mesure, mais notre syndicat ne peut pas la soutenir telle quelle. En effet, même avec l’augmentation récente du point d’indice, augmenter tous les enseignants de 10 % conserverait les échelons 2 à 4 en-dessous de la barre des 2 000 euros nets par mois. Pour notre syndicat, c’est inacceptable.
Le SNE défendra une hausse de la rémunération des enseignants à un niveau qui garantira une progressivité de la rémunération. Un enseignant plus chevronné ne peut pas être moins bien payé qu’un collègue moins chevronné recruté au même niveau que lui.
Une augmentation sous conditions ?
Lors de son allocution, le Président de la République a évoqué des contreparties en échange de 10 % d’augmentation supplémentaires. Il parlait, entre autres, de suivi individualisé des élèves. Quel PE ne le fait pas déjà ?
Le SNE voit là une méconnaissance absolue du travail des enseignants du premier degré. Le travail invisible (10 minutes d’accueil, orientation des élèves…) qu’ils effectuent déjà justifie depuis longtemps une hausse conséquente de leur rémunération.
Le SNE veillera à ce que la hausse de 10 % supplémentaires ne soit pas liée à des contreparties. Notre syndicat a déjà combattu avec succès l’idée de la contrepartie en échange d’une augmentation sous la précédente administration. Nous livrerons à nouveau cette bataille.
Des questions en suspens
Notre syndicat pose aussi la question du calendrier de mise en œuvre de ces mesures. L’horizon de la rentrée 2023 est annoncé. Pourquoi attendre aussi longtemps ? Les budgets sont votés par année civile. Les crédits seront disponibles dès janvier.
Au SNE, nous pensons qu’il serait légitime que les augmentations, si elles sont prévues au budget 2023, soient appliquées au plus tôt. Les enseignants ont assez attendu.
Enfin, il demeure un sujet qui reste sous le tapis et qui nous tient à cœur. L’écart de rémunération qui existe aujourd’hui entre un certifié et un professeur des écoles ne sera aucunement réduit par ce qui a été annoncé.
Le SNE ne manquera pas de souligner l’importance qui existe à gommer l’écart de rémunération inter-degrés. Vous pouvez compter sur le SNE pour continuer à militer au-delà des mesures générales, pour une revalorisation spécifique du premier degré.