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ACTUALITÉS NATIONALES

12 mars 2023

Saupoudrage pédagogique : l’échec assuré

« La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. Ici, nous avons réuni théorie et pratique : Rien ne fonctionne... et personne ne sait pourquoi ! »  Albert Einstein

Appliquées à l’Education nationale, ces considérations ont de quoi faire frémir...

 

 

L’élève en difficulté : une « patate chaude » qu’il faut aider
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A l’Education Nationale, selon notre Ministre, rien ne fonctionne mais il sait pourquoi. Nous sommes donc dans le domaine de la théorie. Selon celle de M. Ndiaye, l’enseignant est mauvais. Il n’enseigne pas les fondamentaux correctement. Il n’utilise pas la bonne pédagogie. Il est donc nécessaire de le corriger et tout devrait rentrer dans l’ordre

Pour le SNE, rejeter l’entière responsabilité des échecs de l'Éducation nationale sur les enseignants revient, pour notre administration, à s’exonérer de toute responsabilité. Or, les enseignants exercent leur profession dans des conditions de travail détériorées, dans un cadre contraint, défini par des programmes toujours plus vastes, par des objectifs toujours plus ambitieux. Il en résulte que des élèves qui écrivent mal, lisent mal et comptent mal passent en classe supérieure. Ils ont alors le luxe d’apprendre ce qui leur manque l’année suivante tout en engrangeant de nouvelles connaissances avec les autres.

Le ministère décide donc de remettre au goût du jour les objectifs des instructions officielles de 1967 à savoir le Lire, Ecrire, Compter. Mais le mal déjà fait aux élèves est tel que le ministre en appelle désormais aux professeurs des écoles pour essayer de remettre à flots les élèves qui dérivent en 6ème. 

Curieusement, c’est là un point positif. L’enseignant du 1er degré est reconnu en tant que spécialiste de l’apprentissage des fondamentaux au point de les amener à enseigner dans le 2nd degré !

Mais plutôt que de les amener à poser des emplâtres sur des jambes de bois, pourquoi ne pas laisser les enseignants du 1er degré faire leur travail comme ils l’entendent dans les niveaux où ils exercent ? 

Aujourd’hui, les redoublements sont fortement déconseillés officiellement pour des raisons budgétaires (un rapport de l’IPP de 2015 indiquait que la suppression du redoublement permettrait une économie annuelle de 2 milliards d’euros à partir de 2027) et d’efficacité non prouvée sur la réussite des élèves. Mais à force, les situations deviennent ubuesques. Il est désormais très difficile de dire à un élève qu’il a fait une erreur et très mal perçu de lui signifier qu’il doit travailler plus. 

A force de ne devoir signifier que le positif à ses élèves, comment un enseignant peut-il les pousser à se dépasser, à s’améliorer ? Apprendre c’est échouer, accepter de se tromper, dépasser ses erreurs. C’est un processus qui nécessite des efforts, de la répétition. Ces valeurs sont malheureusement aujourd’hui étouffées dans l’illusion de la réussite pour tous. Tout cela débouche sur les piètres résultats constatés dans les évaluations internationales.

 

Des œillères bien en place

Aujourd’hui, l’objectif premier du ministre semble simple : redorer son blason, et celui de son ministère, aux yeux de l’opinion publique par des mesures présentées comme nouvelles, entre autres la dictée quotidienne et le calcul mental systématique.

Pour le SNE, présenter ces mesures comme étant révolutionnaires montre à quel point notre ministre gravite loin de la planète école. Pour beaucoup d’enseignants, les mesures annoncées sont déjà leur quotidien.

La dictée est un porte-étendard terrible qui rallie à lui frustration des uns et réussite des autres. Mais la dictée d’hier n’a plus rien à voir avec celle d’aujourd’hui. Elle est devenue un aboutissement, la mise en application de l’apprentissage des bases. 

Quant au calcul mental systématique, voilà plus de 20 ans qu’il est prôné et défendu dès la formation initiale…

Les objectifs chiffrés en fluence ne sont pas explicites pour les parents et sont particulièrement inutiles pour les enseignants qui connaissent les performances de leurs élèves.

 

Pour le SNE, il est effectivement temps de redonner un cadre de travail qui permette à tous de réussir. Pour cela, les programmes doivent se restreindre à l’essentiel afin de devenir réalisables. Plutôt que de chercher à réinventer l’eau chaude, le SNE invite monsieur le Ministre à se pencher sur le volume des « éducations à » qui ont été imposées par des « penseurs pédagogistes » du ministère pour panser tous les maux de la société.

La stabilité des programmes serait un gage de sérénité. 

La proposition d’un redoublement devrait aussi être considérée comme l’opportunité de prendre le temps d’apprendre correctement ce qui est nécessaire pour progresser sereinement par la suite. L’enseignant qui le suggère devrait être suivi par la hiérarchie plutôt que condamné a priori. 

 

Enfin, parce que pédagogie, conditions de travail et réussite sont liées, la taille des classes et le temps d’enseignement devraient peut-être aussi être revus à la baisse. Avec une moyenne de 22 élèves par classe en primaire, l’enseignant français du 1er degré est celui qui gère le plus d’élèves de l’OCDE et ce sur un des temps annuels les plus longs. Un terreau idéal pour favoriser la surcharge cognitive et l’épuisement professionnel…

NOS IDÉES POUR L'ÉCOLE

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