top of page

ACTUALITÉS NATIONALES

22 juin 2023

Les errements du pacte

Un timing intenable

​

En cette fin d’année caniculaire, alors que dans les écoles les enseignants s’affairent à terminer leurs évaluations, à remplir leurs livrets scolaires ou à préparer leur fête d’école, notre administration semble agir dans une urgence absolue afin de répondre aux annonces présidentielles d’il y a quelques mois.

 

Les interminables sessions de réunions à propos de la revalorisation des enseignants se soldent au final  par une déception unanimement partagée, et surtout par un capharnaüm épouvantable concernant le pacte. Plus personne ne comprend vraiment ce qu’il faut faire, ni quand, ni comment, ni dans quelles conditions.

les errements du pacte.001.png

 

Le ministère cherche, à grands renforts de réclame, à mettre la charrue avant les bœufs. Les directions académiques autant que les IEN semblent à ce jour largement dépassés par l’ampleur de la tâche et débordés par le manque patent d’informations ministérielles, au point de ne pas tenir compte de certaines préconisations, notamment celle de tenir à l’écart les enseignants de cycle I sur la majeure partie du pacte.

​

Il est assez pathétique de constater la diligence remarquable avec laquelle notre ministère met en place ce pacte, au lieu de tenir sa promesse de revalorisation inconditionnelle de 10% pour tous les enseignants.

​

A deux semaines des salutaires congés d’été, on demande aux directeurs d'établir un "projet" pour préciser à quelle fin seraient destinées les dotations "pacte" qui sont parvenues dans les messageries des écoles, tout cela sans connaître tous les tenants et les aboutissants de la mise en œuvre de ces dispositifs. De qui se moque-t-on franchement ?

​

Il est quand même édifiant de demander aux enseignants - et notamment aux directeurs d’école dans plusieurs académies - de devoir prendre encore une fois sur leur temps personnel pour faire remonter les informations nécessaires à la mise en paiement des heures du pacte, alors que la fameuse prime de  gestion du pacte, prévue à l’origine pour les directeurs, semble avoir disparu des écrans radars ! En bref: "travaillez gratuitement pour permettre aux autres d’être payés en heures sup !"

​

C’est ubuesque.

 

​

Impact pour tous

 

Entre les briques, les unités de pacte, les dotations aux écoles et celles aux collèges sur le BOP 140, les sondages auprès des collègues, les circulaires pas encore rédigées, l’Éducation nationale est en train de construire ce qu’elle sait faire de mieux : une usine à gaz.

​

Sur la forme, une fois de plus, notre institution se prend les pieds dans le tapis par méconnaissance du terrain et du principe de réalité. On se croirait revenu au temps des protocoles Covid, avec ses approximations, ses changements de cap, ses incertitudes et le stress engendré par une méthodologie indigne d’un pays civilisé.

​

Oui, les enseignants ne sont pas assez rémunérés et tout particulièrement ceux du premier degré.

​

Le ministère n’a hélas pas tenu compte de ces tâches qui rythment le quotidien d’un professeur des écoles pour leur proposer une revalorisation digne dans le cadre de leurs ORS.

​

Ces tâches invisibles, largement pointées par le SNE depuis des années, ne sont toujours pas reconnues. Parce que, oui, être professeur des écoles aujourd’hui, c’est passer des récréations dans le bruit, le froid et la pluie ; c’est accueillir les élèves 10 minutes avant l’heure et repartir après l’heure avec le cartable bien rempli ;  c’est accueillir les élèves des collègues en cas d’absence non remplacée ; c’est aussi être professeur principal, CPE, psychologue, et infirmièr(e) de tous les élèves de sa classe…

​

Le SNE revendique encore et toujours la rémunération de toutes ces tâches pour une revalorisation digne, juste et avec un impact pour tous sur la fiche de paie !

 

​

Un pacte qui va faire quelques heureux

​

Certes, ces heures de pacte sont bien payées. Non, tout le monde ne va pas se jeter dessus pour autant. Parce que même avec beaucoup de volonté, les équipes ont autre chose à faire et à penser en ce moment. Parce que les enseignants sont las, fatigués déjà par l’ampleur des missions qui leur sont confiées, par des élèves toujours plus éreintants, par un métier toujours plus exigeant et aux champs de travail toujours plus étendus.

 

Toutefois, très probablement, certains collègues se saisiront de l’opportunité de ce pacte pour pouvoir arrondir leur salaire, parce que la rémunération y est, une fois n’est pas coutume, alléchante.

 

Le SNE n’y trouve rien à redire : la liberté de choisir, un des principes forts qui régissent la philosophie de notre syndicat, doit rester entière et incontestable. Il n’y a pas à juger ceux qui souhaitent s’engager ou pas dans le dispositif.

​

Il faut néanmoins espérer que tous les postulants puissent être retenus, car dans le cas contraire, c’est tout l’esprit du projet qui serait remis en cause. Or, les dotations « pacte », attribuées en fonction de l’effectif et de l’IPS des écoles, ne seront pas forcément suffisantes pour rémunérer toutes celles et tous ceux qui souhaitent s’engager…

 

En réponse, on nous propose des demi-parts de pacte, histoire d’essayer de contenter tout le monde. La bonne blague : et pourquoi pas des quarts de quiche ?

 

Ne pas pouvoir travailler plus alors qu’on le souhaite, ce serait quand même fort de café !

 

 

Quoi faire ?

 

Notre avis consiste à ne pas se mettre la pression pour pactiser avec l’administration, mais d’attendre patiemment les circulaires et les contours précis du dispositif avant de s’engager. Les dotations promises à votre école ne vont pas disparaître par enchantement, car elles sont avant tout destinées aux élèves…

 

Alors ne vous montrez pas trop zélés à renvoyer des informations aux services, comme le système nous a tant habitués à le faire. Et gardez bien à l’esprit que, tant que vous n’avez rien signé, vous conservez la possibilité de faire marche arrière.

 

L’été porte conseil. En attendant, le SNE et le S2DÉ ont écrit au ministère pour demander des précisions quant à la prime annoncée aux directeurs d’école par le ministre.

communiqué de presse Juin 2023 SNE et S2Dé.png

NOS IDÉES POUR L'ÉCOLE

bottom of page