ACTUALITÉS NATIONALES
17 juin 2025
Le remplacement dans le premier degré
Le 11 juin 2025, le sénateur Olivier Paccaud a rendu un rapport sur le remplacement dans l’Éducation nationale. Il dresse un état des lieux qui a le mérite de bien différencier la situation entre le premier et le second degré et formule des conclusions qui rejoignent en partie celles du SNE.
Un gage d’évolutions positives ? Le sujet a le mérite d’être sur la table.
Un constat difficile

Le sénateur relève que «Dans le premier degré, 7,5 millions de demi-journées d’absence ont été comptabilisées en 2023-2024, en augmentation de 17,4% par rapport à 2018. […] Dans le premier degré, près de 41,5% des demi-journées d’absence sont dues à des congés de maladie ordinaire en 2024.»
Les absences augmentent. La maladie ordinaire est leur cause d’absence majeure.
Pour le SNE, la pénibilité croissante des conditions de travail explique aussi cette augmentation. Notre syndicat en veut pour preuve que souvent, lorsque les collègues font face à une situation qui leur semble insurmontable, l’arrêt pour maladie est un conseil fréquent, y compris de la part des IEN…
Le sénateur Paccaud souhaite voir une diminution des absences. Pour atteindre cet objectif, il admet, en parlant des enseignants, que cela : «implique d’améliorer significativement leurs conditions de travail et de revaloriser leurs missions.» Le SNE en convient tout à fait.
M. Paccaud souligne que, malgré cette hausse considérable du nombre de demi-journées d'absence, «Le taux moyen d’absence des enseignants reste moins élevé de 13% que celui des salariés du secteur privé.» Cela démontre bien avec quel sérieux et quelle implication les enseignants envisagent leur métier. Dans le premier degré, il existe depuis toujours une réticence à accepter d’être placé en arrêt maladie pour deux raisons : la culpabilité de laisser ses élèves et la peur, par manque de remplaçants, d'alourdir la tâche des collègues.
Le SNE s’attache à dire aux collègues qui en ont besoin, qu’être placé en arrêt maladie consiste d’abord à prendre soin de soi pour pouvoir disposer ensuite de tous ses moyens au service de ses élèves. Notre syndicat rappelle aussi que la répartition des élèves en cas d’absence prévisible d’un collègue relève plus d’une tradition que d’une obligation légale.
Un vivier de remplaçants insuffisant face à l’ampleur de la tâche
La part des professeurs des écoles mobilisables pour remplacer n’a pas évolué depuis 2018. Elle oscille autour de 2,2%. L’augmentation du nombre d’absences entraîne donc mathématiquement une augmentation du nombre d’absences non remplacées. La question du vivier de TR est par conséquent bien sûr sur la table.
La fonction de TR n’attire plus. La part de contractuels va croissant. Elle est aujourd’hui de 17% dans le 1er degré.
Le sénateur propose une gestion départementale du remplacement plutôt que locale. Mais s’il manque de TR pour remplacer, leur gestion par le département plutôt que par les circonscriptions ne pourra, au mieux, qu’améliorer la situation à la marge.
Le sénateur préconise une meilleure valorisation de la fonction de TR. Le SNE le soutient.
Toujours plus d’absences non remplacées
Le volume d’heures non remplacées a augmenté. 78,3% des absences sont remplacées dans le premier degré. La situation n’est pas homogène. Le sénateur relève que : «Les difficultés de remplacement des enseignants sont contrastées territorialement. Ainsi, dans le premier degré, elles sont fortes dans les académies franciliennes (Versailles, Créteil, Paris), ultramarines, en Corse ou encore à Strasbourg. Les départements ruraux en particulier rencontrent des difficultés de remplacement dans le premier degré, dans l’Orne, dans la Creuse ou encore dans le Gard.»
Aujourd’hui, dans une classe du premier degré, on perd 2,2% d’heures de classe contre 7,4% dans le secondaire. Dans les cas les plus extrêmes, le juge a même condamné l’État pour manquement à la continuité du service public. Les élèves, leurs familles et les équipes souffrent de ces situations, d’où l’importance de réagir. C’est ce que font déjà les professeurs des écoles chaque fois qu’ils se mobilisent en cas d’absence non remplacée.
Une mobilisation à reconnaître
Des gestes ont été faits en direction du second degré, notamment par le biais du pacte pour mobiliser les collègues présents à remplacer les absents. Mais dans le primaire, les professeurs des écoles continuent à assurer l’accueil des élèves de collègues absents sans contrepartie. L’administration se repose confortablement sur l’implication des professeurs des écoles qui refusent souvent de laisser les familles se débrouiller avec leurs enfants lorsqu’il n’y a pas de remplaçant. Tout cela évidemment au détriment des conditions de travail des classes présentes et des adultes qui y travaillent.
Pour le SNE, l’évidence serait de rémunérer les professeurs des écoles pour le travail de remplacement qu’ils effectuent par conscience professionnelle. C’est d’ailleurs la préconisation finale du rapport du sénateur. Mieux encore, la création d’une indemnité pour astreinte de remplacement permettrait de prendre en compte le fait que, chaque jour, un professeur des écoles est susceptible d’accueillir dans sa classe les élèves d’un collègue absent non remplacé.
Notre syndicat la lui rappelle très régulièrement ainsi que la revendication indemnitaire qui va avec.
