ACTUALITÉS NATIONALES
20 janvier 2020
Les salaires des enseignants du premier degré :
constats et évolutions
L’heure est aujourd’hui aux réflexions sur la revalorisation des enseignants du premier degré. Dans un tel contexte, nous regardons évidemment tous nos fiches de paie avec un arrière goût amer. Dans le cadre des négociations actuelles, le ministère nous a fourni le rapport issu de l’observatoire sur les salaires des enseignants. Nous vous livrons aujourd’hui ces chiffres qui dépeignent avec précision la situation de notre profession.
Le salaire des enseignants du premier degré
En 2017, en France métropolitaine, un enseignant du premier degré touchait un salaire net moyen de 2 258€ (3 417€ dans un DOM hors Mayotte). Ce chiffre compile des réalités très disparates. Le tableau ci-dessous en confère :
Attention, ces chiffres peuvent paraître surévalués : en effet ils prennent en compte les indemnités et primes octroyées pour des postes spécifiques (éducation prioritaire, CPC, directeurs…)
Chez les professeurs des écoles, le salaire net d’un homme est supérieur de 11 % à celui d’une femme. Cet écart vient d’une relative surreprésentation des hommes aux postes de direction (et sur les établissements de grande taille) ainsi que sur les fonctions de remplacement.
Les deux tiers des professeurs des écoles du public perçoivent une rémunération inférieure à 2 500€ net (soit le salaire médian des enseignants) contre 4 sur 10 chez les certifiés.
Cette disparité a-t-elle encore raison d’être puisque nous sommes recrutés au même niveau universitaire et que, dans le premier degré, nous travaillons beaucoup plus face aux élèves et que nous assurons tous bien d’autres missions que l’enseignement ?
Une évolution récente à peine à la hausse
Il faut souligner qu’en pourcentage, depuis 2013 et en euros constants, l’évolution de la rémunération moyenne nette des enseignants du premier degré est plus notable que celle du second degré (grâce à la création de l’ISAE). Il subsiste toujours un écart conséquent de 470 € nets sur le fiche de paie, qui s’explique par la possibilité pour les enseignants du second degré d’effectuer des heures supplémentaires.
Cette légère augmentation n’est pas à la hauteur de tous nos efforts et engagements. Pour preuve, l’évolution de notre salaire statutaire après 15 ans de travail : après 2005 il a diminué régulièrement pour ne retrouver son niveau de 2005 qu’en 2017.
Par rapport à l’étranger ?
Le ministère l’a écrit : « Dans l’enseignement élémentaire […] les enseignants en France commencent leur carrière avec un salaire inférieur à la moyenne UE-23, gagnent encore moins que leurs confrères européens en milieu de carrière et comblent à peine le retard en matière de rémunération à la fin de la carrière. »
Par rapport au privé ?
« En France, les salaires effectifs des enseignants sont inférieurs aux revenus de tous les actifs diplômés du supérieur : -23 % dans l’élémentaire. »
Le ministère concède une difficulté de comparaison plus fine liée à l’absence de certains indicateurs.
Et demain ?
Au vu de tous ces éléments, il est aisé de comprendre pourquoi notre métier souffre d’un manque criant d’attractivité. Il faut aussi reconnaître que de premiers efforts portent des fruits mais que le PPCR n’a rien d’une panacée.
Après presque vingt années de disette, il est légitime que le ministère se préoccupe de redorer le blason de notre profession.
Le SNE participera à tous les ateliers consacrés spécifiquement au premier degré. Nous y défendrons les modalités de revalorisation en apportant des propositions concrètes.
Philippe Ratinet
Secrétaire général aux publications SNE